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L'Ukraine, visée par une attaque record de drones russes, se réunit avec l'Otan

L'Ukraine a déclaré, ce mardi 26 novembre, avoir été visée dans la nuit par une attaque record de drones russes, en pleine escalade de la guerre et de menaces de Vladimir Poutine, après son recours à un missile capable de transporter une charge nucléaire et de frapper partout en Europe. C'est dans ce contexte très tendu que les ambassadeurs de l'Otan et de l'Ukraine se retrouvent à Bruxelles.



L'Ukraine a annoncé avoir été la cible durant la nuit d'une attaque russe avec un nombre record de 188 drones de combat qui ont endommagé, selon Kiev, des immeubles résidentiels et des « infrastructures essentielles », sans faire de victimes. Quatre missiles balistiques Iskander-M ont également été tirés, selon l'armée de l'air ukrainienne.
 
La Russie a également rapporté mardi avoir été visée de nouveau ces derniers jours par deux frappes ukrainiennes réalisées à l'aide de missiles américains ATACMS, une arme contre laquelle Moscou a promis une réplique sévère. Selon le ministère russe de la Défense, les forces ukrainiennes ont frappé des « installations » dans la région russe frontalière de Koursk le 23 novembre près du village de Lotarevka, à 37 kilomètres au nord-ouest de la ville de Koursk, et le 25 novembre contre l'aérodrome de Koursk-Vostochny. Le ministère a reconnu – fait rare – que plusieurs missiles ont « atteint leurs cibles » et fait état de deux militaires russes blessés et d'un radar endommagé dans ces tirs ukrainiens.
 
Moscou et Kiev ont intensifié leurs attaques de drones et de missiles ces dernières semaines. L'Ukraine ayant récemment tiré des missiles occidentaux ATACMS et Storm Shadow à longue portée sur la Russie qui continue à pilonner son territoire depuis le début de l'invasion de son voisin il y a bientôt trois ans.
 
Au moins quatre personnes ont été tuées et sept autres blessées mardi dans une frappe ukrainienne sur Nova Kakhovka, dans la partie occupée par Moscou de la région méridionale de Kherson, ont annoncé les autorités installées par la Russie. Lors d'un bombardement sur Nova Kakhovka, « un bus transportant des civils a été touché », a déploré sur Telegram Vladimir Saldo, un responsable de l'occupation russe dans la région de Kherson.
 
Le 21 novembre, Moscou a, de son côté, frappé l'Ukraine avec un missile balistique de dernière génération capable de porter une charge nucléaire et Vladimir Poutine a menacé également de frapper l'Europe et les États-Unis.
 
Une alerte aérienne qui a duré plus de cinq heures
Dans la nuit de lundi à mardi, « des sites d'infrastructures essentielles ont été touchés » et « dans plusieurs régions, des maisons et immeubles résidentiels ont été endommagés », a indiqué l'armée de l'air ukrainienne sans donner plus de précisions.
 
La Russie mène depuis des mois une campagne visant des sites énergétiques ukrainiens, plongeant dans le noir des millions d'Ukrainiens, tactique décrite à Kiev comme destinée à terroriser la population civile.
 
À l'aube mardi, la défense aérienne a réussi à abattre 76 drones dans 17 régions ukrainiennes et 95 autres appareils sont probablement tombés du fait du brouillage électronique par l'armée ukrainienne, selon l'armée de l'air.
 
À Kiev, les journalistes de l'AFP ont entendu des explosions pendant l'alerte aérienne qui a duré plus de cinq heures. Selon l'administration militaire, « plus de 10 drones » russes visant la ville ont été détruits.
 
Rencontre entre Kiev et l'Alliance atlantique
Plus tard dans la journée, l'ambassadrice ukrainienne auprès de l'Otan doit rencontrer à la demande de Kiev ses homologues de l'Alliance à Bruxelles, une réunion qui fait suite au tir du missile expérimental russe.
 
L'Ukraine a demandé à ses alliés occidentaux de lui fournir de nouveaux systèmes de défense antiaérienne de dernière génération, bien que Moscou ait assuré que ces missiles, baptisés « Orechnik », « noisetier » en russe, soient impossibles à intercepter.
 
La Russie a, de son côté, promis de multiplier ce type d'attaques si Kiev continuait d'utiliser des missiles occidentaux en territoire russe. Vladimir Poutine a aussi menacé de frapper les pays fournissant ces armes aux Ukrainiens. Et le Kremlin, via le porte-parole Dmitri Peskov, a, lui, balayé la portée de la réunion : « Il est peu probable que des décisions importantes soient prises au niveau des ambassadeurs. »
 
L'aide militaire cruciale des États-Unis
Ce regain de tensions intervient au moment où les Européens et Kiev redoutent un arrêt du soutien militaire américain à l'Ukraine avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, et la conclusion d'un accord au détriment de l'Ukraine.
 
Et l'intensification d'attaques russes apparaît comme une tentative de Moscou de renforcer sa position avant d'éventuelles négociations. La Russie a aussi reçu le renfort de milliers de soldats nord-coréens qui devraient, selon Washington, combattre « bientôt » les forces ukrainiennes.
 
L'aide militaire de Washington est cruciale pour l'Ukraine dont l'armée épuisée recule depuis des mois face aux troupes russes, plus nombreuses et mieux armées.
Et la crainte de l'Ukraine est également partagée en Europe par les pays alliés de Kiev. Et il en a été question ce mardi matin au Parlement européen de Strasbourg, réuni en session plénière. « Nous devons renforcer notre aide auprès de Kiev », a martelé le commissaire à la Justice Didier Reynders qui s’inquiète à la fois des difficultés de l’Ukraine sur le front et de l’arrivée prochaine du président élu à la Maison Blanche.
 
Un scénario salué au contraire par les partis d’extrême droite qui accusent les Occidentaux d’avoir joué l’escalade militaire en Ukraine. « Aux États-Unis, un président à bout de souffle, désavoué par son peuple et à quelques semaines de la fin de son mandat, pousse l'Occident à la confrontation générale en autorisant l'Ukraine à tirer des missiles longue portée sur le territoire russe. C'est une grave faute, s'est exclamé Jean-Paul Garraud, eurodéputé du Rassemblement national. Nous ne devons pas être les suiveurs d'une stratégie belliciste et encore moins les complices d'une surenchère qui ne mène qu'à la destruction. »
 
Appeler à la négociation avec Vladimir Poutine, qui serait la seule façon de garantir la paix en Europe : c’est une musique du « renoncement », dénonce à gauche le socialiste français Raphaël Glucksmann : « Vous venez de nous dire qu'il nous faut à tout prix éviter l'escalade. Mais posez-vous la question : qui suscite l'escalade, sinon Poutine qui envoie des milliers de soldats nord-coréens sur le sol européen et des missiles balistiques sur Dnipro ? »
 
Raphaël Glucksmann dénonce la faiblesse de l’aide européenne apportée actuellement à l'Ukraine et appelle à la formation d’une coalition de pays pour lui venir en aide face à la Russie.

RFI

Mardi 26 Novembre 2024 - 14:59


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