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L'avenir n'est pas une maison clé en main



L'avenir n'est pas une maison clé en main
Les prédictions des Saltigués de Fatick donnent froid dans le dos. « Larmes, malheurs et violences » sont annoncés par ces voyants relayés par la presse. La tentation est grande de considérer ces prévisions comme des vérités bibliques ou coraniques eu égard à l’aplomb qui caractérisent leur énoncé.

Sous nos tropiques, nous avons fondamentalement un problème avec la conception du temps ou la dialectique entre passé, présent et futur.

L’avenir n’est pas une donnée figée, définitive et irréversible, rigoureusement connue de l’être humain. C’est une réalité changeante et dynamique, sur laquelle les êtres humains peuvent et doivent valablement agir pour le transformer à leur profit. C’est tout le sens de la liberté et de la responsabilité humaines qui permettent de construire le devenir. L’avenir n’est donc pas une demeure clé en main vers laquelle on déménage sans frais.

Il faut donc opérer une rupture simpliste dans notre relation défaitiste au temps car le fatalisme insidieux distillé par les séances hyper médiatisées de divination est anesthésiant et handicapant. Il installe une absence de confiance en l’avenir et peut entraîner une certaine démission ou, à tout le moins, un découragement.

Pour parer à ce risque, certains penseurs vont jusqu’à nier l'existence du futur, du moins comme nous l'attendons souvent. C’est le cas de Fabrice Béal qui soutient : "Quant au futur, il n'existe pas, à part dans notre tête et nos projections mentales. N'anticipez pas trop car d'une part, les choses n'arrivent jamais réellement comme nous l'avions pensé et d'autrepart cela peut causer beaucoup d'inquiétudes et de détresse...Seul le moment présent nous appartient et possède le pouvoir de changer les choses. Ce "Power of now" ou présentisme" est partagé par l'écrivain français Gustave Flaubert qui enseigne : "L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe." Ce sur quoi nous avons donc un contrôle, c'est le présent et il mérite notre attention et nos efforts.

Dans notre pays, nous sommes encore englués dans le passé qui nous empêche de nous élancer vers la quête du mieux-être et nous avons trop peur de l'avenir présenté sous des traits catastrophistes. Notre épanouissement passera par notre libération de ces carcans passéistes et chaotiquement futuristes.

il faut croire en des lendemains qui chantent pour espérer leur réalisation.
Certes, nous ne faisons pas l'apologie d'une naïve béatitude comme posture mais pour autant nous ne souscrivons pas gratuitement au chaos.

Edgar Morin le définit assez bien lorsqu'il dit : " l'évolution n'est ni mécanique, ni linéaire. Il n'y a pas un facteur dominant en permanence qui commande l'évolution. Le futur serait effectivement très aisé à prédire si l'évolution dépendait d'un facteur prédominant et d'une causalité linéaire. la réalité sociale est multidimensionnelle; elle comporte des facteurs démographiques, économiques, techniques, politiques, idéologiques..."

Cheikh Anta Diop considère justement le futur comme la reprise du mouvement et non comme une réalité pétrifiée.

Plusieurs pays ont été dévastés pendant le seconde guerre mondiale (Japon et Allemagne...) mais ils ont su tirer les leçons de cette histoire par la confiance et l'action et sont devenus de très grandes puissances mondiales. Le fatalisme réducteur aurait produit le contraire. Apprenons pleinement à vivre le présent qui déterminera pour l'essentiel notre futur.
Ne disait-on pas avant le nouveau millénaire : En l'an 2000, Dakar sera comme Paris ? On attend encore la Tour Eiffel et les Champs-Elysées !

Abdoulaye SYLLA

Mardi 9 Juin 2009 - 11:02


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