Le 5 août 2017, Sud Quotidien avait alerté sur les dérives qui menacent «notre commun vouloir de vie commune». Nous avons également indiqué que trois irrédentismes sont à éviter pour ne pas brûler notre cher Sénégal. Il s’agit de l’irrédentisme régional, l’irrédentisme religieux et enfin, l’irrédentisme ethnique. Nous avons d’ailleurs frôlé le chaos avec le premier notamment avec la crise casamançaise déclenchée en 1982 dont les plaies sont encore béantes nonobstant la paix des braves prônée par le Chef de l’Etat et quelques membres du mouvement irrédentiste.
Nous avons publié un autre édito, le 7 juin 2021, allant toujours dans le sens d’alerter sur les discours de haine et autres traitements de certains sujets dans les médias. Sans prétention aucune, nous allons continuer à jouer ce rôle de vigie, de veille, d’avant-gardiste, pour ne pas dire de sentinelle, dévolu aux médias.
Voilà pourquoi, nous déplorons une maladresse contenue dans les recommandations du chef supérieur des Lébous à l’issue de leur journée de communion tenue à la Mosquée de la Divinité, en présence des représentants des 121 villages du terroir Lébou, le 12 juin dernier. Dans un communiqué parvenu aux médias, «il est recommandé aux électeurs des différentes localités de la région de Dakar de soutenir les listes conduites par les candidats lébous».
LE SILENCE COUPABLE DES ACTIVISTES, DE LA SOCIETE CIVILE ET DES POLITIQUES
Autant, il nous plait de relever l’alerte de M. Gaye, sur la dangerosité des propos, autant nous nous étonnons de l’omerta, du silence coupable des activistes, des membres de la société civile et autres hommes politiques, toute obédience confondue. Pour moins que ça, il sont montés au créneau pour occuper les plateaux de télévisions, les ondes des radios et remplir les colonnes des journaux et autres sites friands de «buzz» et du sensationnel.
C’était le cas des gravissimes propos tenus par le député et non moins président du Conseil départemental de Ranérou, Aliou Dembourou Sow, dans un cadre privé, avant d’être partagés dans les réseaux sociaux. Nous les avions condamnés (voir Sud Quotidien 13 octobre 2020).
Tout comme nous avions condamné les propos tenus par Ahmed Khalifa Niass qui avait soutenu que la «Génération du Concret est dirigée par un caste de toucouleurs sans troupes, ni troupeaux».
Imaginons un seul instant si les Sereres venaient à déclarer que ne peut être maire dans le Sine qu’un des leurs. Si les peuls du Fouladou en faisaient de même à Kolda. Les Socé du Pakao pour Sédhiou, etc.
Heureusement que la plupart des Sénégalais ont compris que l’identité ne se compartimente pas. Nous sommes tous à la fois, lébou, sérère, wolof, peul, diola, mandigngue etc.
Sinon, ce serait là, une des meilleures façons de remettre en cause le caractère indivisible de notre Nation encore en construction. Notre étonnement devant le silence des activistes, des membres de la société civile et autres hommes politiques est d’autant plus grand que certains, parmi les auteurs de ces propos seraient des récidivistes. Ils se sont récemment encore distingués jusqu’à la désignation ainsi que de la succession de l’imam de la Grande Mosquée de Dakar.
Si on en arrive jusqu’à ethniciser l’imamat, c’est que le Sénégal a atteint l’Everest du danger. Ne nous étonnons donc pas de la remise en cause du leadership maraboutique de plus en plus chahuté.
Pourtant Thierno Souleymane Baal, leur avait prévenu dans ses recommandations. «Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ; combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ; veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ; l’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu ; choisissez toujours un homme savant et travailleur ; il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ; fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude», avait dit le Chef de la Révolution dite Torodo de 1776. Quant à Saint Augustin (né le 13 novembre 354, mort le 28 août 430), canonisé en 1298 par le pape Boniface VIII, il disait : «se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique». Mais Dieu reconnaitra les siens !
LE SENEGAL, UN PAYS DE PARADOXES
En France, les collaborateurs et leurs descendants rasent les murs. D’ailleurs, il a fallu attendre 2015, pour qu’un document recensant le nom de 100 000 personnes qui ont collaboré avec l'occupant nazi soit déclassifié. Selon le site francetvinfo.fr que nous avons visité, «plus de 95 000 d'entre eux ont été jugés et condamnés à des peines de prison plus ou moins lourdes. 791 ont été exécutés».
Au Sénégal, certains historiens soutiennent que des Chefs de canton ont eu un rôle similaire en tant que relais du colonisateur au niveau de l’administration territoriale.
De 1855 et 1960, ils ont servi les gouverneurs français dans le Fouta Toro, le Djolof, le Walo, le Cayor, le Baol, le Cap-Vert, le Sine, le Saloum, le Bara, le Niani-Ouli, le Galam, le Bondou, le Damantan, le Bademba, le Bélédougou, le Fouladou, le Guimara, le Pata, le Kamoko etc.
D’aucuns auraient commis des atrocités qui dépasseraient l’entendement notamment face à certains de leurs concitoyens qui n’avaient pas ou refusé de payer l’impôt devant être remis au maître blanc. Ces derniers étaient souvent enfarinés et/ou humiliés publiquement devant femmes et enfants dans le but d’intimider d’éventuels récalcitrants.
Mais le Sénégal étant un pays des paradoxes, récemment, on a poussé l’outrecuidance jusqu’à honorer les relais du l’ancien oppresseur.
Toutefois, cela ne devrait étonner personne. Le Président de la République avait dans le cadre de la rationalisation des dépenses de l’Etat, enterré le projet de Me Wade, relatif à l’indemnisation des chefs de village. Paradoxalement, pendant que tous les pays luttent contre la récession à cause de la covid-19 et que le Sénégal organise une résilience pour sauver son économie, il opère un virage de 360 degrés pour valider la «révolution» wadienne. Ce qui risque d’être un précédent dangereux dans certains villages où les chefs sont de plus en plus contestés et, manifestement ne jouent plus leur rôle d’antan. Pis, l’indemnité aussi modique soit elle (50.000 F CFA), va davantage aiguiser des appétits devant déboucher sur de mortal kombat dans la succession en cas de vacances de pouvoir. Alors que ce titre de chef de village était devenu tout simplement honorifique.
Nous avons publié un autre édito, le 7 juin 2021, allant toujours dans le sens d’alerter sur les discours de haine et autres traitements de certains sujets dans les médias. Sans prétention aucune, nous allons continuer à jouer ce rôle de vigie, de veille, d’avant-gardiste, pour ne pas dire de sentinelle, dévolu aux médias.
Voilà pourquoi, nous déplorons une maladresse contenue dans les recommandations du chef supérieur des Lébous à l’issue de leur journée de communion tenue à la Mosquée de la Divinité, en présence des représentants des 121 villages du terroir Lébou, le 12 juin dernier. Dans un communiqué parvenu aux médias, «il est recommandé aux électeurs des différentes localités de la région de Dakar de soutenir les listes conduites par les candidats lébous».
Pis, lit-on sur des sites "pour les élections locales du 23 janvier 2022, les Lébous n’accepteront plus qu’on leur impose des candidats. Ils défendront dans chacun de leurs villages et ’’pencc’’, leurs candidats. Et aujourd’hui, pour la commune de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye est notre candidat. Pour la Mairie de la ville de Dakar, Abdoulaye Diouf Sarr est notre candidat."
Il s’agit là d’une dérive communautaire d’une rare violence que tous les Sénégalais devraient condamner avec la dernière énergie afin qu’elle ne fasse pas tache d’huile.
De tels discours n’ont aucune place dans une République encore moins dans une démocratie. C’est d’ailleurs ce qu’a compris, Abdou Khadre Gaye, membre du comité scientifique qui a bien fait de «recadrer» ces dérives ethniques et égocentriques qui risquent même d’être contreproductives pour Abdoulaye Diouf Sarr et Alioune Ndoye qui ont été portés légitimement à la tête de la mairie de Dakar-Plateau par des Sénégalais et non par une seule communauté. Dakar est un véritable creuset, un melting-pot et elle le restera jusqu’à l’extinction du soleil. Tout comme le Sénégal restera un pays, un et indivisible. Chapeau bas alors à M. Gaye d’avoir rappelé le caractère «arc-en-ciel de la population» dakaroise, dont nous devrions être tous fiers.LE SILENCE COUPABLE DES ACTIVISTES, DE LA SOCIETE CIVILE ET DES POLITIQUES
Autant, il nous plait de relever l’alerte de M. Gaye, sur la dangerosité des propos, autant nous nous étonnons de l’omerta, du silence coupable des activistes, des membres de la société civile et autres hommes politiques, toute obédience confondue. Pour moins que ça, il sont montés au créneau pour occuper les plateaux de télévisions, les ondes des radios et remplir les colonnes des journaux et autres sites friands de «buzz» et du sensationnel.
C’était le cas des gravissimes propos tenus par le député et non moins président du Conseil départemental de Ranérou, Aliou Dembourou Sow, dans un cadre privé, avant d’être partagés dans les réseaux sociaux. Nous les avions condamnés (voir Sud Quotidien 13 octobre 2020).
Tout comme nous avions condamné les propos tenus par Ahmed Khalifa Niass qui avait soutenu que la «Génération du Concret est dirigée par un caste de toucouleurs sans troupes, ni troupeaux».
Imaginons un seul instant si les Sereres venaient à déclarer que ne peut être maire dans le Sine qu’un des leurs. Si les peuls du Fouladou en faisaient de même à Kolda. Les Socé du Pakao pour Sédhiou, etc.
Heureusement que la plupart des Sénégalais ont compris que l’identité ne se compartimente pas. Nous sommes tous à la fois, lébou, sérère, wolof, peul, diola, mandigngue etc.
Sinon, ce serait là, une des meilleures façons de remettre en cause le caractère indivisible de notre Nation encore en construction. Notre étonnement devant le silence des activistes, des membres de la société civile et autres hommes politiques est d’autant plus grand que certains, parmi les auteurs de ces propos seraient des récidivistes. Ils se sont récemment encore distingués jusqu’à la désignation ainsi que de la succession de l’imam de la Grande Mosquée de Dakar.
Si on en arrive jusqu’à ethniciser l’imamat, c’est que le Sénégal a atteint l’Everest du danger. Ne nous étonnons donc pas de la remise en cause du leadership maraboutique de plus en plus chahuté.
Pourtant Thierno Souleymane Baal, leur avait prévenu dans ses recommandations. «Détrônez tout imâm dont vous voyez la fortune s’accroître et confisquez l’ensemble de ses biens ; combattez-le et expulsez-le s’il s’entête ; veillez bien à ce que l’imâmat ne soit pas transformé en une royauté héréditaire où seuls les fils succèdent à leurs pères ; l’imâm peut être choisi dans n’importe quelle tribu ; choisissez toujours un homme savant et travailleur ; il ne faudra jamais limiter le choix à une seule et même tribu ; fondez-vous toujours sur le critère de l’aptitude», avait dit le Chef de la Révolution dite Torodo de 1776. Quant à Saint Augustin (né le 13 novembre 354, mort le 28 août 430), canonisé en 1298 par le pape Boniface VIII, il disait : «se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique». Mais Dieu reconnaitra les siens !
LE SENEGAL, UN PAYS DE PARADOXES
En France, les collaborateurs et leurs descendants rasent les murs. D’ailleurs, il a fallu attendre 2015, pour qu’un document recensant le nom de 100 000 personnes qui ont collaboré avec l'occupant nazi soit déclassifié. Selon le site francetvinfo.fr que nous avons visité, «plus de 95 000 d'entre eux ont été jugés et condamnés à des peines de prison plus ou moins lourdes. 791 ont été exécutés».
Au Sénégal, certains historiens soutiennent que des Chefs de canton ont eu un rôle similaire en tant que relais du colonisateur au niveau de l’administration territoriale.
De 1855 et 1960, ils ont servi les gouverneurs français dans le Fouta Toro, le Djolof, le Walo, le Cayor, le Baol, le Cap-Vert, le Sine, le Saloum, le Bara, le Niani-Ouli, le Galam, le Bondou, le Damantan, le Bademba, le Bélédougou, le Fouladou, le Guimara, le Pata, le Kamoko etc.
D’aucuns auraient commis des atrocités qui dépasseraient l’entendement notamment face à certains de leurs concitoyens qui n’avaient pas ou refusé de payer l’impôt devant être remis au maître blanc. Ces derniers étaient souvent enfarinés et/ou humiliés publiquement devant femmes et enfants dans le but d’intimider d’éventuels récalcitrants.
Mais le Sénégal étant un pays des paradoxes, récemment, on a poussé l’outrecuidance jusqu’à honorer les relais du l’ancien oppresseur.
Toutefois, cela ne devrait étonner personne. Le Président de la République avait dans le cadre de la rationalisation des dépenses de l’Etat, enterré le projet de Me Wade, relatif à l’indemnisation des chefs de village. Paradoxalement, pendant que tous les pays luttent contre la récession à cause de la covid-19 et que le Sénégal organise une résilience pour sauver son économie, il opère un virage de 360 degrés pour valider la «révolution» wadienne. Ce qui risque d’être un précédent dangereux dans certains villages où les chefs sont de plus en plus contestés et, manifestement ne jouent plus leur rôle d’antan. Pis, l’indemnité aussi modique soit elle (50.000 F CFA), va davantage aiguiser des appétits devant déboucher sur de mortal kombat dans la succession en cas de vacances de pouvoir. Alors que ce titre de chef de village était devenu tout simplement honorifique.
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