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Le Soudan demande l'aide de la France pour résoudre ses conflits

L'invité Afrique de ce lundi est Djibril Ibrahim le président du JEM, le Mouvement pour la justice et l'égalité, principal mouvement rebelle du Darfour. Il est aussi le vice-président du Front révolutionnaire soudanais, alliance formée entre les mouvement armés présents au Soudan et une large partie de l'opposition politique soudanaise. Le FRS entamait la semaine dernière par la France une tournée européenne pour plaider en faveur d'une approche globale en vue d'une transition pacifique au Soudan.



Une femme trempe son doigt dans un bocal d'encre indélébile, après avoir voté lors du référendum sur l'autodétermination d'Abyei, le 28 octobre 2013. REUTERS/Andreea Campeanu
Une femme trempe son doigt dans un bocal d'encre indélébile, après avoir voté lors du référendum sur l'autodétermination d'Abyei, le 28 octobre 2013. REUTERS/Andreea Campeanu
RFI : Vous êtes à Paris pour plaider en faveur d'une nouvelle approche sur la question soudanaise. Comment vos interlocuteurs français ont-ils accueilli votre démarche ?

 
Djibril Ibrahim : Nous avons rencontré au ministère des Affaires étrangères, le directeur Afrique et son équipe.

Nous avons eu des discussions ouvertes, franches et constructives, et nous pensons qu'il y a de la part de la France une bonne compréhension des problèmes du Soudan, de toutes les régions troublées du Soudan, et qu'il y a aussi une bonne compréhension de ce qui doit être fait depuis Paris pour arriver à un règlement pacifique de tous ces problèmes que nous connaissons. Par ailleurs, Paris comprend très bien les urgences humanitaires, au Darfour, au Kordofan, dans la région du Nil Bleu, et Paris comprend très bien la question des droits de l'Homme dans notre pays. Donc nous pensons avoir une bonne chance de voir notre message relayé par le ministère des Affaires étrangères jusqu'au gouvernement et au peuple français.
 
Quel est le schéma politique que vous proposez à la communauté internationale et à la France ?

 
Laissez moi mentionner quelques points : tout d'abord nous voudrions que la France soutienne notre approche globale du règlement pacifique des problèmes soudanais. Jusqu'à présent nous avons eu plus de 40 accords partiels ou ponctuels signés depuis l'arrivée au pouvoir de ce régime en 1989, et jusqu'à présent aucun d'entre eux n'a été correctement mis en oeuvre. Et nous en sommes toujours à rechercher la paix. Donc, nous voudrions que la France et les autres pays rejoignent cette approche globale afin de résoudre une fois pour toutes, tous nos conflits. Cela peut passer par les Nations unies et cela peut passer par une modification des mandats des différents médiateurs, comme le médiateur de l'Union africaine, afin que nous puissions tous travailler ensemble. C'est le premier point.
Le second point : il faut que la France appuie davantage la Cour pénale internationale, et qu'elle s'assure à travers le Conseil de sécurité des Nations unies que la Cour pénale internationale puisse faire son travail afin que ceux qui sont recherchés par la CPI puissent être traduits en justice. Troisièmement, nous voudrions que les ONG humanitaires reviennent au Soudan. Et cela passe par une pression mise sur les autorités soudanaises par le Conseil de sécurité et pour cela la France peut jouer un rôle important.
 
L'opposition armée et l'opposition politique, du moins une partie se sont alliées au sein du Front révolutionnaire soudanais. Mais quelles sont exactement vos relations avec le parti UMMA, le principal parti d'opposition ? Est-il dans le Front ou en dehors du Front ?

 
Le parti Umma est avec nous. Bien sûr, on ne peut pas encore dire que tout le monde au sein de ce parti est membre du FRS. Il existe encore des franges qui veulent rester dans la le dialogue avec le parti au pouvoir, le NCP. Mais ce n'est pas l'ensemble et beaucoup de cadres nous ont rejoints. Donc une frange du parti nous a rejoints et une autre tente de composer avec le régime du NCP.
 
Et vous êtes optimiste sur le ralliement du leader de ce parti, Monsieur Sadik Al Mahdi ?

 
Même s'il veut pas personnellement nous rejoindre, la philosophie de ce parti fait qu'il sera davantage enclin à s'allier avec nous que d'aller dans une autre direction. Donc oui, nous sommes optimistes et confiants. Confiant que les masses soudanaises supportent le FRS et que tous les partis politiques nous rejoindrons un jour ou l'autre.
 
L'Union africaine a mis en place un groupe de haut niveau dirigée par l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki pour traiter des question soudanaises. Quelle confiance accordez-vous à son action ?

 
Thabo Mbeki est la première personne à avoir redéfini les problèmes du Soudan en considérant par exemple que le problème darfouri est d'abord un problème du Soudan au Darfour. Et c'est tout à fait exact. Ce qui se passe au Darfour est la manifestation locale des problèmes globaux que rencontre le Soudan. Ce n'est pas un problème spécifiquement darfouri. Donc il comprend les problèmes réels du Soudan et il comprend que les choses doivent être abordées différemment. Mais le problème est que ce n'est pas lui qui a défini le mandat reçu de l'Union africaine. D'une façon ou d'une autre il devra se rendre au Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine pour que celui-ci fasse évoluer ce mandat. Il faut faire en sorte que l'on puisse rassembler toutes les dimensions du problème soudanais en un seul mandat.
 
Pensez-vous prendre part au tribunal mis en place par Khartoum pour juger les crimes commis au Darfour ?

 
Non, car nous pensons que rien de ce qui est mis en place par Khartoum n'a la moindre valeur. En fait Khartoum fait beaucoup de propagande autour de ce tribunal. Mais nous savons qu'avec l'immunité accordée un peu partout dans le pays pour le plus petit jusqu'au plus élevé des officiers de l'armée soudanaise, il est devenu impossible de juger quiconque. Et surtout pas les plus dangereux de ces criminels. Ils peuvent toujours attraper ici et là des innocents et les juger, mais ile ne jugeront jamais les véritables criminels de ce pays. Donc je ne pense pas qu'un tribunal organisé, financé et contrôlé par le gouvernement et le régime de Khartoum puisse signifier quelque chose en matière de justice.
Source : Rfi.fr

Dépeche

Lundi 11 Novembre 2013 - 10:48


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