Madame l'ambassadeur,
Vous avez (dé)livré dans les éditions de la presse nationale du jeudi 27 mai 2010, un communiqué surprenant, offensant et inhabituellement peu diplomatique dans lequel vous parlez de façon vague, imprécise et incertaine de « la perception de la corruption au Sénégal », et de votre souci génétique d’être rassuré sur la destination du dollar Us et du bon usage de l’argent de votre contribuable dans le cadre du Millenium Challenge Account (Mca) au Sénégal.
Madame l’Ambassadeur, il faut d’entré de jeu noter pour le déplorer que sur la forme, la règle la plus élémentaire de la courtoisie diplomatique aurait commandé avant de rendre publique cette lettre de vous s’assurer que le principal destinataire en avait la primeur. Le Président de la République a été réveillé à l’aube pour s’entendre lire à haute voix, votre courrier diplomatique. Naturellement, connaissant Me Abdoulaye Wade, cet écart diplomatique inédit vient de vous valoir un vif et vigoureux rappel à l’ordre de Monsieur le Président de la République
Madame l’Ambassadeur, dans le fond, votre brouillon ressemble mot pour mot, trait pour trait à un communiqué d’une réunion hebdomadaire d’un parti politique cinquantenaire au Sénégal. Mais dites-nous un peu comment vous la représentante d’un Etat aussi puissant aussi donneur de leçon, vous avez pu avec autant de légèreté insoutenable vous laisser « inonder » par un discours classique, fade et insipde qui ne diffère en aucun point de celui de l’opposition sénégalaise. Comment ?
Madame l’ambassadeur, le Sénégal est un petit pays mais une grande nation, imbu des vertus de fierté et de justice. Notre éligibilité au Millénium Challenge Corporation (Mcc) est le résultat d’une évaluation rigoureuse de nos performances sur la base d’indicateurs, au nombre dix-sept (17), relatifs à la bonne gouvernance, à la liberté économique et d’investissement social ; en sus, nous avons proposé un programme d’investissement cohérent et pertinent accepté par le MCC. Sur cinq (5) pays éligibles : Jordanie, Malawi, Moldavie, Philippines, Sénégal, seul ce dernier a pu passer toutes les étapes, et dans les délais, pour obtenir l’acceptation, par le Congrès, de son programme grâce à l’engagement et la compétence technique des cadres de l’État, des bureaux d’étude sénégalais et des organisations de la société civile comme le Congad.
Si nous étions ce que vous semblez décrire dans votre communiqué, nous ne saurions atteindre pareille performance qui a mis 93 autres pays prétendants derrière nous.
Notre ouverture démocratique et notre attachement aux valeurs de justice et de tolérance est sans commune mesure avec ce qui se passe ailleurs en Afrique. C'est ce qui explique les dérapages, les accusations gratuites, animés par une opposition en mal d’arguments devant toutes les réalisations du Président Wade, mais persuadée de la situation d’État de droit et de tolérance, et sachant ainsi que rien ne peut leur arriver ici, qui ne relève du droit.
Une opposition parasitaire incapable de conception stratégique, à qui Madame l’ambassadeur a donne couverts, assiettes et tables à manger tous les mois.
Madame, le débat sur la corruption au Sénégal est un piège car personne, de tous ceux qui le portent, n'a réussi à apporter une preuve tangible sur ces allégations ni pour les corrupteurs ni pour les corrompus. Ceux qui ont fait l’objet de plaintes ont présenté leurs excuses ou perdu leurs procès.
Le livre de Abdou Latif Coulibaly, un journaliste politicien engagé contre Wade et sa famille, est un tissu de contre-vérités, comme l’a prouvé le rapport de l’ARMP (son démenti le plus cinglant), qui est une œuvre d’indépendants professionnels, qui ont audité les mêmes documents que le journaliste-politicien. Vous savez vous-même, pertinemment, que les accusations d’extorsion de fonds sur l’affaire de la deuxième licence sont un mensonge enfantin.
Les 20 milliards de fcfa de commission de Sudatel n’existent que dans la tête de ceux qui veulent à tout prix faire avaler cette couleuvre au peuple sénégalais. Ce débat est clos du fait que Sudatel a clamé haut et fort n’avoir jamais versé une commission, pour avoir gagné légalement un appel d’offre. C'est une fiction comme est fiction le fait de dire que la société "Red Sea", créée depuis 1974, appartient à Karim Wade qui devait être, à cette date, au lycée.
Madame l’Ambassadeur, l’approche des présidentielles de 2012 a libéré toutes les énergies vers la course au fauteuil de Wade et, contrairement à vous qui vous imposez « My country, right or wrong », nos opposants sont plus politiciens que patriotes et sont prêts à développer toutes les inepties et contre-vérités, même si cela remet en cause les fondements de notre République, à l’image de cette idiotie politique qui consiste à parler de Généraux d’armée membres de la Génération du Concret.
Madame, le prétexte du MCM ne vous donne aucun droit de jeter, par presse interposée, l’anathème sur le Sénégal et ses institutions. A insinuer sans aucune preuve que la corruption est bien installée au Sénégal.
La corruption existe partout car les hommes tordus sont partout, mais, comme aux États-Unis, nous avons des instruments pour la combattre et nous mettons à la disposition de la justice les dossiers qui doivent l’être. Mais ici, comme chez vous aux États-Unis, on ne condamne pas sur la base de la rumeur, surtout quand celle-ci est politique.
Madame, tout le monde le sait, le fondement de toutes ces sorties qui vous proviennent de Washington demeure l’affaire Millicom, une multinationale américaine qui refuse de remplir ses obligations financières au Sénégal, par l’intermédiaire de sa filiale Tigo, et qui s’acharne à préserver ses intérêts malhonnêtes.
Madame l’ambassadeur semble perdre de vue que si la licence de téléphonie, qui fait l’objet de toutes ces manipulations des lobbys américains dont vous êtes peut être victime, est rémunérée à son juste prix et toutes les fraudes, encore en cours, redressées, nous pourrions réaliser tous les projets prévus dans le MCA si vous reprenez votre argent.
Vous avez raison de dire que le brave contribuable américain se soucie de la bonne utilisation de son argent.
Madame, je pense que votre aveuglement vous éloigne, par moments, des véritables préoccupations du peuple américain sur la corruption et de l’utilisation de son argent.
Le Peuple américain, en ce moment, s’interroge sur les conséquences sur la démocratie dans leur pays de l’arrêt de la Cour suprême de janvier 2010 qui stipule que le plafonnement des dons des entreprises privées dans les campagnes électorales était contraire à la constitution américaine, arrêt que Obama qualifie de « coup porté à la démocratie « , en ce qu'il ouvre les vannes de la corruption par des montants illimités venant d’intérêts privés qui attendront en retour d’être payés.
En déplafonnant le financement privé des campagnes électorales, l’Amérique condamne sa classe politique à ces délits d’initiés récurrents, explique Patrick Sabatier dans son ouvrage : "Washington confidentiel". Pour le journaliste Ross Colvin du Washington Post, comme pour le commun des Américains, la Cour suprême a vendu la démocratie aux affairistes.
Madame, le contribuable américain s’interroge sur la nature des relations entre Obama avec la famille Daley, maire de Chicago de père en fils depuis 1955. Tout le monde sait que Chicago est la ville de Barack Obama qui y a fait ses classes et « il a dû composer avec la machine démocrate la plus corrompue du pays, celle du maire démocrate de Chicago, Richard Daley »
La journaliste politique Allison Silver a déclaré « qu’Il y a trois machines électorales qui comptent dans le Parti démocrate : celle du Texas, celle de New York et, la plus efficace, celle de Chicago », Chicago, la ville où Al Capone avait imposé l’ordre barbare de la féodalité anté-sicilienne, est la clef de l’élection de Barak Obama.
John Mc Arthur, millionnaire natif de Chicago et président de Harper’s Magazine, affirme : « Il est absurde de suggérer que quelqu’un venant de Chicago puisse réformer. Sans l’aide de Daley, Obama n’aurait pas pu réussir ». En effet, les soutiens du maire Richard M. Daley lui ont permis de lever 800 millions de dollars en quelques mois et de braconner les meilleurs conseillers et les plus généreux donateurs de Hillary Clinton à la vitesse de l’éclair. David Axel Rod, concepteur de l’image et conseiller de Obama fut le consultant politique de M. Daley ; le secrétaire général de la Maison-Blanche , Rahm Emanuel, a commencé sa carrière politique en levant des contributions financières pour M. Daley. Michelle Obama, la femme du Président, était l’une des assistantes du maire Daley.
Les affaires de corruption à Chicago sont tellement habituelles que le FBI entretient trois unités anticorruption dans la ville car la moyenne depuis 1972 est de deux élus emprisonnés par an. Le dernier de ces scandales concerne le gouverneur de l’Illinois, Milorad Blagojevich. L’un des anciens collaborateurs de Obama qui vient d’être arrêté car il vendait au plus offrant le siège laissé vacant par Obama ; il est le quatrième gouverneur à perdre sa place pour délit de corruption, parmi les sept derniers gouverneurs de l’Illinois.
John Kass, chroniqueur au Chicago Tribune, raconte la méthode Daley, ce que tout le peuple américain sait déjà : « Pour mener à bien n’importe quel projet public, qu’il soit grand ou petit, il suffit de graisser les pattes nécessaires ».
Le peuple américain se demande ce que le clan Delay attend en retour ; en tout état de cause, la Maison-Blanche a déjà mis son poids dans la balance pour que Chicago accueille les jeux olympiques de 2016. « Le maire Daley pourra ainsi être réélu une septième fois, battant le record de son père. »
Le peuple américain, Madame l’Ambassadeur, s’interroge sur ses l'honnêteté de ses dirigeants à l’image du gouverneur de New York, David Paterson, un homme qui n a jamais été élu mais qui a remplace Eliot Spitzer, qui avait été contraint de démissionner après avoir fréquenté des prostituées à Washington. Aujourd’hui, à son tour, Paterson est contraint à la démission pour corruption, détournement de fonds, trous et déficits inexplicables à son budget.
Rien que les détournements et autres surfacturations notés pour construire les toits des piscines privées des élus du seul État de New York qui gère 130 milliards de dollars, font 20 fois le montant alloué au Sénégal dans la cadre du MCA. Sans parler de cette hérésie démocratique qui permet aux parlementaires, tous les dix ans, de redessiner eux-mêmes leurs propres circonscriptions électorales, afin d’être mieux élus ; ce qui est impensable dans la démocratie sénégalaise.
Les Américains s’interrogent sur la corruption dans leur police, à l’image de l'ancien chef de la police de New York, Bernard Kerik, qui a organisé les secours au World Trade Center le 11 septembre, incarnation du rêve américain, et secrétaire à la sécurité sous Bush, qui vient d’être condamné, en février 2010, à quatre ans de prison, pour corruption et escroquerie.
Les Américains s’interrogent sur la corruption dans la justice, à l’image de ces deux juges du comté de Luzerne qui ont plaidé coupables, accusés d’avoir touché plus de 2,6 millions de dollars d’un centre privé de détention pour jeunes délinquants en Pennsylvanie pour condamner injustement des centaines d’enfants et d’adolescents .
Le peuple américain s’interroge également sur la pertinence de l’aide annuelle, économique et militaire d’un montant de 3 milliards de dollars, accordé à Israël, en sus des prêts garantis pour un montant de 10 milliards de dollars dont les États-Unis ont, à maintes reprises, renoncé à toucher les échéances.
De la période de 2005 où Monsieur Rotney Bent suivait le dossier du Sénégal pour son éligibilité au MCC, à 2012, Israël a reçu environ 30 milliards de dollars des États-Unis, soit 120 fois le montant du MCA, sans critères de bonne gouvernance ou de respect des droits de l’homme ou de loi anti corruption.
En défiance à toutes les règles internationales établies en commun, Israël continue de bafouer toutes les résolutions des Nations Unies concernant le Moyen-Orient et se livre, sans jamais recevoir une demande d’explication, à un terrorisme d’État dont le dernier en date est le massacre, le 31 mai dernier, de la flottille internationale pro-palestinienne, charge de 10.000 t de vivres destinées aux habitants de la bande de Gaza, enfermés et affamés par Israël, avec la complicité de l’Amérique et le silence de la communauté internationale qui a fini d’épuiser le lexique diplomatique de la réprobation.
Le contribuable américain s’interroge de temps en temps sur son argent dépensé en Irak, dans une guerre déclenchée, suite à un mensonge d’État pour la recherche d’armes de destruction massive jamais trouvées.
Cette aventure continue de coûter aux USA ; déjà 20.000 soldats hors de combat, morts ou totalement handicapés, et pour une guerre de 3 mois qui devait coûter 50 milliards de dollars, ce bourbier est évalué actuellement à 3.000 milliards de dollars ; selon le prix Nobel joseph Spligtitz « c’est la seule guerre connue financée par l’emprunt ».
En effet, cette affaire a fait monter la dette des États unis à plus de 9.000 milliards de dollars et le seul résultat est d’avoir fait de l’Irak le terreau du terrorisme.
C’est la première fois qu'on voit une puissante armée défaire les troupes adverses et liquider le chef d’État ennemi, sans pour autant gagner la guerre.
Les Américains s’inquiètent de l’impact, sur leur quotidien, des surfacturations de la société de services pétroliers Halliburton, appartenant à Dick Cheney vice-président sous Bush ; cette malversation a coûte 1,4 milliard de dollars selon un rapport des « démocrates américains » citant des audits du ministère de la Défense et de l’armée de terre américaine, Parmi les cas d’abus les plus grossiers, le rapport cite des cartons de boissons gazeuses facturés 45 dollars (37 euros), ou encore une facture de 100 dollars (82 euros) pour le lavage de moins de 7 kg de linge.
Comme on le voit, nous sommes loin des préoccupations de la « place de Dakar ».
Nous n'avons pas de pétrole mais nous avons une ferme volonté d’affirmer notre dignité et de nous affranchir du dictat des multinationales et de la tutelle de l’économie néocoloniale.
Néanmoins, nous pouvons vous créditer de la bonne foi car vous pouvez être abusée pour deux raisons. La première raison tient à la puissance de l’argent des multinationales et des lobbyistes américains, les sulfureuses connexions qui lient souvent, aux États-Unis, le puissant pouvoir législatif aux intérêts privés et leurs non moins puissants lobbies. Le « Washington Post » parle de la Chambre des représentants, qui contrôle, entre autres, les dépenses du Pentagone qui a « récompensé » les généreux donateurs qui alimentent les caisses électorales démocrates en « monnaie législative » ou en affectation de fonds. Les lobbyistes qui tiennent le Sénat américain peuvent, de Washington, vous faire balancer des communiqués officiels ; ils sont capables , avec la puissance de l’argent, de faire passer par le Congrès ou par le Sénat, n’importe quelle couleuvre ; des élus corrompus pour la plupart, à l'image du sénateur de l'Alaska Ted Stevens, le plus âgé des sénateurs américains, condamné pour avoir accepté des cadeaux de 250 mille dollars de multinationales ; ou encore l’histoire du puissant lobbyiste Jack Abramoff, tellement impressionnant qu’il a fait l’objet d’un film, « Casino Jack and the United states of money », conçu comme un acte d’accusation de toute une culture de trafic d’influence, de technique de chantage et de corruption des hommes publics américains, pour avoir ce que l’on veut, ou détruire qui on veut.
Il n’y a qu’au Sénégal où les gens s’inquiètent de la position publique déclarée par certains sénateurs américains. Tous les gens qui comprennent comment ça fonctionne ne s’en émeuvent pas. La deuxième raison tient au fait que Madame peut être abusée par la passivité et l’inadéquation de la communication du gouvernement, face aux attaques polémistes récurrentes d’une opposition qui ne parle que de milliards détournés. Une passivité qui peut prêter à confusion car qui ne contribue ni à clarifier le débat, ni à lever les équivoques causées par les accusations souvent gratuites et sans fondements. On ne communique pas par des communiqués quand les adversaires d’en face font dans la rhétorique et la polémique. Le Président de la République et le Ministre d’État Karim Wade font les choux gras de la presse, alors que plusieurs personnalités du système polissent leurs images et « refusent de se mouiller », pour l’avenir ; certains sont même traités comme des héros, des résistants à Wade dans sa propre galaxie. Il y a un réel déficit d’engagement, une manie à se préoccuper de son image personnelle sans aucun souci, ni pour celle du Président ni même celle du gouvernement. On a l’impression que les gens veulent tous les avantages du pouvoir et en fuient les inconvénients.
Ce que Wade a fait en dix ans de pouvoir, avec une bonne communication, ferait taire toute l’opposition que notre silence ragaillardit chaque jour davantage. Wade réalise des montagnes que notre mal communication et ses vecteurs réduisent en de simples collines.
Nous devons faire des efforts pour défendre l’image de notre pays en communicant au minimum sur ce que nous faisons et qui engage notre responsabilité, afin d’éclairer la lanterne des Sénégalais et des étrangers qui vivent au Sénégal.
Aujourd’hui, l’acte hautement patriotique posé par le Président de la République en convoquant l’ambassadeur des États-Unis pour lui dire, dans les mêmes formes publiques que son communiqué, toute l’indignation du Sénégal, est entrain d’être tourné en dérision par une opposition groupée (qui le compare à Dadis Camara), sans aucune réaction appropriée de ceux à qui le Président a confiés des positions de son pouvoir et de son parti et qui doivent défendre l’État et les institutions de notre pays. Un régime, comme le dit Babacar Justin Ndiaye, « on le soutient avec ardeur ou on le déserte avec grandeur ». Madame l’Ambassadeur, avant de terminer mon propos, je vous rappelle que vous n’êtes pas accréditée auprès des commerçants de Sandaga, ni auprès des taximen de Dakar, mais auprès de celui devant qui vous avez présenté vos lettres de créances. Acceptez ici Madame l’Ambassadeur, l’expression de mes hommages déférents.
Vous avez (dé)livré dans les éditions de la presse nationale du jeudi 27 mai 2010, un communiqué surprenant, offensant et inhabituellement peu diplomatique dans lequel vous parlez de façon vague, imprécise et incertaine de « la perception de la corruption au Sénégal », et de votre souci génétique d’être rassuré sur la destination du dollar Us et du bon usage de l’argent de votre contribuable dans le cadre du Millenium Challenge Account (Mca) au Sénégal.
Madame l’Ambassadeur, il faut d’entré de jeu noter pour le déplorer que sur la forme, la règle la plus élémentaire de la courtoisie diplomatique aurait commandé avant de rendre publique cette lettre de vous s’assurer que le principal destinataire en avait la primeur. Le Président de la République a été réveillé à l’aube pour s’entendre lire à haute voix, votre courrier diplomatique. Naturellement, connaissant Me Abdoulaye Wade, cet écart diplomatique inédit vient de vous valoir un vif et vigoureux rappel à l’ordre de Monsieur le Président de la République
Madame l’Ambassadeur, dans le fond, votre brouillon ressemble mot pour mot, trait pour trait à un communiqué d’une réunion hebdomadaire d’un parti politique cinquantenaire au Sénégal. Mais dites-nous un peu comment vous la représentante d’un Etat aussi puissant aussi donneur de leçon, vous avez pu avec autant de légèreté insoutenable vous laisser « inonder » par un discours classique, fade et insipde qui ne diffère en aucun point de celui de l’opposition sénégalaise. Comment ?
Madame l’ambassadeur, le Sénégal est un petit pays mais une grande nation, imbu des vertus de fierté et de justice. Notre éligibilité au Millénium Challenge Corporation (Mcc) est le résultat d’une évaluation rigoureuse de nos performances sur la base d’indicateurs, au nombre dix-sept (17), relatifs à la bonne gouvernance, à la liberté économique et d’investissement social ; en sus, nous avons proposé un programme d’investissement cohérent et pertinent accepté par le MCC. Sur cinq (5) pays éligibles : Jordanie, Malawi, Moldavie, Philippines, Sénégal, seul ce dernier a pu passer toutes les étapes, et dans les délais, pour obtenir l’acceptation, par le Congrès, de son programme grâce à l’engagement et la compétence technique des cadres de l’État, des bureaux d’étude sénégalais et des organisations de la société civile comme le Congad.
Si nous étions ce que vous semblez décrire dans votre communiqué, nous ne saurions atteindre pareille performance qui a mis 93 autres pays prétendants derrière nous.
Notre ouverture démocratique et notre attachement aux valeurs de justice et de tolérance est sans commune mesure avec ce qui se passe ailleurs en Afrique. C'est ce qui explique les dérapages, les accusations gratuites, animés par une opposition en mal d’arguments devant toutes les réalisations du Président Wade, mais persuadée de la situation d’État de droit et de tolérance, et sachant ainsi que rien ne peut leur arriver ici, qui ne relève du droit.
Une opposition parasitaire incapable de conception stratégique, à qui Madame l’ambassadeur a donne couverts, assiettes et tables à manger tous les mois.
Madame, le débat sur la corruption au Sénégal est un piège car personne, de tous ceux qui le portent, n'a réussi à apporter une preuve tangible sur ces allégations ni pour les corrupteurs ni pour les corrompus. Ceux qui ont fait l’objet de plaintes ont présenté leurs excuses ou perdu leurs procès.
Le livre de Abdou Latif Coulibaly, un journaliste politicien engagé contre Wade et sa famille, est un tissu de contre-vérités, comme l’a prouvé le rapport de l’ARMP (son démenti le plus cinglant), qui est une œuvre d’indépendants professionnels, qui ont audité les mêmes documents que le journaliste-politicien. Vous savez vous-même, pertinemment, que les accusations d’extorsion de fonds sur l’affaire de la deuxième licence sont un mensonge enfantin.
Les 20 milliards de fcfa de commission de Sudatel n’existent que dans la tête de ceux qui veulent à tout prix faire avaler cette couleuvre au peuple sénégalais. Ce débat est clos du fait que Sudatel a clamé haut et fort n’avoir jamais versé une commission, pour avoir gagné légalement un appel d’offre. C'est une fiction comme est fiction le fait de dire que la société "Red Sea", créée depuis 1974, appartient à Karim Wade qui devait être, à cette date, au lycée.
Madame l’Ambassadeur, l’approche des présidentielles de 2012 a libéré toutes les énergies vers la course au fauteuil de Wade et, contrairement à vous qui vous imposez « My country, right or wrong », nos opposants sont plus politiciens que patriotes et sont prêts à développer toutes les inepties et contre-vérités, même si cela remet en cause les fondements de notre République, à l’image de cette idiotie politique qui consiste à parler de Généraux d’armée membres de la Génération du Concret.
Madame, le prétexte du MCM ne vous donne aucun droit de jeter, par presse interposée, l’anathème sur le Sénégal et ses institutions. A insinuer sans aucune preuve que la corruption est bien installée au Sénégal.
La corruption existe partout car les hommes tordus sont partout, mais, comme aux États-Unis, nous avons des instruments pour la combattre et nous mettons à la disposition de la justice les dossiers qui doivent l’être. Mais ici, comme chez vous aux États-Unis, on ne condamne pas sur la base de la rumeur, surtout quand celle-ci est politique.
Madame, tout le monde le sait, le fondement de toutes ces sorties qui vous proviennent de Washington demeure l’affaire Millicom, une multinationale américaine qui refuse de remplir ses obligations financières au Sénégal, par l’intermédiaire de sa filiale Tigo, et qui s’acharne à préserver ses intérêts malhonnêtes.
Madame l’ambassadeur semble perdre de vue que si la licence de téléphonie, qui fait l’objet de toutes ces manipulations des lobbys américains dont vous êtes peut être victime, est rémunérée à son juste prix et toutes les fraudes, encore en cours, redressées, nous pourrions réaliser tous les projets prévus dans le MCA si vous reprenez votre argent.
Vous avez raison de dire que le brave contribuable américain se soucie de la bonne utilisation de son argent.
Madame, je pense que votre aveuglement vous éloigne, par moments, des véritables préoccupations du peuple américain sur la corruption et de l’utilisation de son argent.
Le Peuple américain, en ce moment, s’interroge sur les conséquences sur la démocratie dans leur pays de l’arrêt de la Cour suprême de janvier 2010 qui stipule que le plafonnement des dons des entreprises privées dans les campagnes électorales était contraire à la constitution américaine, arrêt que Obama qualifie de « coup porté à la démocratie « , en ce qu'il ouvre les vannes de la corruption par des montants illimités venant d’intérêts privés qui attendront en retour d’être payés.
En déplafonnant le financement privé des campagnes électorales, l’Amérique condamne sa classe politique à ces délits d’initiés récurrents, explique Patrick Sabatier dans son ouvrage : "Washington confidentiel". Pour le journaliste Ross Colvin du Washington Post, comme pour le commun des Américains, la Cour suprême a vendu la démocratie aux affairistes.
Madame, le contribuable américain s’interroge sur la nature des relations entre Obama avec la famille Daley, maire de Chicago de père en fils depuis 1955. Tout le monde sait que Chicago est la ville de Barack Obama qui y a fait ses classes et « il a dû composer avec la machine démocrate la plus corrompue du pays, celle du maire démocrate de Chicago, Richard Daley »
La journaliste politique Allison Silver a déclaré « qu’Il y a trois machines électorales qui comptent dans le Parti démocrate : celle du Texas, celle de New York et, la plus efficace, celle de Chicago », Chicago, la ville où Al Capone avait imposé l’ordre barbare de la féodalité anté-sicilienne, est la clef de l’élection de Barak Obama.
John Mc Arthur, millionnaire natif de Chicago et président de Harper’s Magazine, affirme : « Il est absurde de suggérer que quelqu’un venant de Chicago puisse réformer. Sans l’aide de Daley, Obama n’aurait pas pu réussir ». En effet, les soutiens du maire Richard M. Daley lui ont permis de lever 800 millions de dollars en quelques mois et de braconner les meilleurs conseillers et les plus généreux donateurs de Hillary Clinton à la vitesse de l’éclair. David Axel Rod, concepteur de l’image et conseiller de Obama fut le consultant politique de M. Daley ; le secrétaire général de la Maison-Blanche , Rahm Emanuel, a commencé sa carrière politique en levant des contributions financières pour M. Daley. Michelle Obama, la femme du Président, était l’une des assistantes du maire Daley.
Les affaires de corruption à Chicago sont tellement habituelles que le FBI entretient trois unités anticorruption dans la ville car la moyenne depuis 1972 est de deux élus emprisonnés par an. Le dernier de ces scandales concerne le gouverneur de l’Illinois, Milorad Blagojevich. L’un des anciens collaborateurs de Obama qui vient d’être arrêté car il vendait au plus offrant le siège laissé vacant par Obama ; il est le quatrième gouverneur à perdre sa place pour délit de corruption, parmi les sept derniers gouverneurs de l’Illinois.
John Kass, chroniqueur au Chicago Tribune, raconte la méthode Daley, ce que tout le peuple américain sait déjà : « Pour mener à bien n’importe quel projet public, qu’il soit grand ou petit, il suffit de graisser les pattes nécessaires ».
Le peuple américain se demande ce que le clan Delay attend en retour ; en tout état de cause, la Maison-Blanche a déjà mis son poids dans la balance pour que Chicago accueille les jeux olympiques de 2016. « Le maire Daley pourra ainsi être réélu une septième fois, battant le record de son père. »
Le peuple américain, Madame l’Ambassadeur, s’interroge sur ses l'honnêteté de ses dirigeants à l’image du gouverneur de New York, David Paterson, un homme qui n a jamais été élu mais qui a remplace Eliot Spitzer, qui avait été contraint de démissionner après avoir fréquenté des prostituées à Washington. Aujourd’hui, à son tour, Paterson est contraint à la démission pour corruption, détournement de fonds, trous et déficits inexplicables à son budget.
Rien que les détournements et autres surfacturations notés pour construire les toits des piscines privées des élus du seul État de New York qui gère 130 milliards de dollars, font 20 fois le montant alloué au Sénégal dans la cadre du MCA. Sans parler de cette hérésie démocratique qui permet aux parlementaires, tous les dix ans, de redessiner eux-mêmes leurs propres circonscriptions électorales, afin d’être mieux élus ; ce qui est impensable dans la démocratie sénégalaise.
Les Américains s’interrogent sur la corruption dans leur police, à l’image de l'ancien chef de la police de New York, Bernard Kerik, qui a organisé les secours au World Trade Center le 11 septembre, incarnation du rêve américain, et secrétaire à la sécurité sous Bush, qui vient d’être condamné, en février 2010, à quatre ans de prison, pour corruption et escroquerie.
Les Américains s’interrogent sur la corruption dans la justice, à l’image de ces deux juges du comté de Luzerne qui ont plaidé coupables, accusés d’avoir touché plus de 2,6 millions de dollars d’un centre privé de détention pour jeunes délinquants en Pennsylvanie pour condamner injustement des centaines d’enfants et d’adolescents .
Le peuple américain s’interroge également sur la pertinence de l’aide annuelle, économique et militaire d’un montant de 3 milliards de dollars, accordé à Israël, en sus des prêts garantis pour un montant de 10 milliards de dollars dont les États-Unis ont, à maintes reprises, renoncé à toucher les échéances.
De la période de 2005 où Monsieur Rotney Bent suivait le dossier du Sénégal pour son éligibilité au MCC, à 2012, Israël a reçu environ 30 milliards de dollars des États-Unis, soit 120 fois le montant du MCA, sans critères de bonne gouvernance ou de respect des droits de l’homme ou de loi anti corruption.
En défiance à toutes les règles internationales établies en commun, Israël continue de bafouer toutes les résolutions des Nations Unies concernant le Moyen-Orient et se livre, sans jamais recevoir une demande d’explication, à un terrorisme d’État dont le dernier en date est le massacre, le 31 mai dernier, de la flottille internationale pro-palestinienne, charge de 10.000 t de vivres destinées aux habitants de la bande de Gaza, enfermés et affamés par Israël, avec la complicité de l’Amérique et le silence de la communauté internationale qui a fini d’épuiser le lexique diplomatique de la réprobation.
Le contribuable américain s’interroge de temps en temps sur son argent dépensé en Irak, dans une guerre déclenchée, suite à un mensonge d’État pour la recherche d’armes de destruction massive jamais trouvées.
Cette aventure continue de coûter aux USA ; déjà 20.000 soldats hors de combat, morts ou totalement handicapés, et pour une guerre de 3 mois qui devait coûter 50 milliards de dollars, ce bourbier est évalué actuellement à 3.000 milliards de dollars ; selon le prix Nobel joseph Spligtitz « c’est la seule guerre connue financée par l’emprunt ».
En effet, cette affaire a fait monter la dette des États unis à plus de 9.000 milliards de dollars et le seul résultat est d’avoir fait de l’Irak le terreau du terrorisme.
C’est la première fois qu'on voit une puissante armée défaire les troupes adverses et liquider le chef d’État ennemi, sans pour autant gagner la guerre.
Les Américains s’inquiètent de l’impact, sur leur quotidien, des surfacturations de la société de services pétroliers Halliburton, appartenant à Dick Cheney vice-président sous Bush ; cette malversation a coûte 1,4 milliard de dollars selon un rapport des « démocrates américains » citant des audits du ministère de la Défense et de l’armée de terre américaine, Parmi les cas d’abus les plus grossiers, le rapport cite des cartons de boissons gazeuses facturés 45 dollars (37 euros), ou encore une facture de 100 dollars (82 euros) pour le lavage de moins de 7 kg de linge.
Comme on le voit, nous sommes loin des préoccupations de la « place de Dakar ».
Nous n'avons pas de pétrole mais nous avons une ferme volonté d’affirmer notre dignité et de nous affranchir du dictat des multinationales et de la tutelle de l’économie néocoloniale.
Néanmoins, nous pouvons vous créditer de la bonne foi car vous pouvez être abusée pour deux raisons. La première raison tient à la puissance de l’argent des multinationales et des lobbyistes américains, les sulfureuses connexions qui lient souvent, aux États-Unis, le puissant pouvoir législatif aux intérêts privés et leurs non moins puissants lobbies. Le « Washington Post » parle de la Chambre des représentants, qui contrôle, entre autres, les dépenses du Pentagone qui a « récompensé » les généreux donateurs qui alimentent les caisses électorales démocrates en « monnaie législative » ou en affectation de fonds. Les lobbyistes qui tiennent le Sénat américain peuvent, de Washington, vous faire balancer des communiqués officiels ; ils sont capables , avec la puissance de l’argent, de faire passer par le Congrès ou par le Sénat, n’importe quelle couleuvre ; des élus corrompus pour la plupart, à l'image du sénateur de l'Alaska Ted Stevens, le plus âgé des sénateurs américains, condamné pour avoir accepté des cadeaux de 250 mille dollars de multinationales ; ou encore l’histoire du puissant lobbyiste Jack Abramoff, tellement impressionnant qu’il a fait l’objet d’un film, « Casino Jack and the United states of money », conçu comme un acte d’accusation de toute une culture de trafic d’influence, de technique de chantage et de corruption des hommes publics américains, pour avoir ce que l’on veut, ou détruire qui on veut.
Il n’y a qu’au Sénégal où les gens s’inquiètent de la position publique déclarée par certains sénateurs américains. Tous les gens qui comprennent comment ça fonctionne ne s’en émeuvent pas. La deuxième raison tient au fait que Madame peut être abusée par la passivité et l’inadéquation de la communication du gouvernement, face aux attaques polémistes récurrentes d’une opposition qui ne parle que de milliards détournés. Une passivité qui peut prêter à confusion car qui ne contribue ni à clarifier le débat, ni à lever les équivoques causées par les accusations souvent gratuites et sans fondements. On ne communique pas par des communiqués quand les adversaires d’en face font dans la rhétorique et la polémique. Le Président de la République et le Ministre d’État Karim Wade font les choux gras de la presse, alors que plusieurs personnalités du système polissent leurs images et « refusent de se mouiller », pour l’avenir ; certains sont même traités comme des héros, des résistants à Wade dans sa propre galaxie. Il y a un réel déficit d’engagement, une manie à se préoccuper de son image personnelle sans aucun souci, ni pour celle du Président ni même celle du gouvernement. On a l’impression que les gens veulent tous les avantages du pouvoir et en fuient les inconvénients.
Ce que Wade a fait en dix ans de pouvoir, avec une bonne communication, ferait taire toute l’opposition que notre silence ragaillardit chaque jour davantage. Wade réalise des montagnes que notre mal communication et ses vecteurs réduisent en de simples collines.
Nous devons faire des efforts pour défendre l’image de notre pays en communicant au minimum sur ce que nous faisons et qui engage notre responsabilité, afin d’éclairer la lanterne des Sénégalais et des étrangers qui vivent au Sénégal.
Aujourd’hui, l’acte hautement patriotique posé par le Président de la République en convoquant l’ambassadeur des États-Unis pour lui dire, dans les mêmes formes publiques que son communiqué, toute l’indignation du Sénégal, est entrain d’être tourné en dérision par une opposition groupée (qui le compare à Dadis Camara), sans aucune réaction appropriée de ceux à qui le Président a confiés des positions de son pouvoir et de son parti et qui doivent défendre l’État et les institutions de notre pays. Un régime, comme le dit Babacar Justin Ndiaye, « on le soutient avec ardeur ou on le déserte avec grandeur ». Madame l’Ambassadeur, avant de terminer mon propos, je vous rappelle que vous n’êtes pas accréditée auprès des commerçants de Sandaga, ni auprès des taximen de Dakar, mais auprès de celui devant qui vous avez présenté vos lettres de créances. Acceptez ici Madame l’Ambassadeur, l’expression de mes hommages déférents.
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