Connectez-vous S'inscrire
PRESSAFRIK.COM , L'info dans toute sa diversité (Liberté - Professionnalisme - Crédibilité)

Magal chez Béthio Thioune: Djanatoul Mahwa un passage obligé pour de nombreux fidèles

Faire le Magal sans effectuer un tour chez les Thiantacounes serait presque un pêché ? Nous ne franchirons pas le pas, mais… Un détour à Djanatoul Mahwa, pour voir Cheikh Béthio Thioune dans ses œuvres, on ne peut pas s’en priver. Sud quotidien s’est baladé dans les coins et recoins de la résidence du leader de “Thiantacounes“ pour vous décrire Béthio qui a retrouvé de la voix, un Béthio dans tous ses états.



Magal chez Béthio Thioune: Djanatoul Mahwa un passage obligé pour de nombreux fidèles
Dimanche 23 janvier 2011. Il est 10h 30, les fidèles mourides, disciples de Cheikh Béthio Thioune quittent la grande mosquée de Touba point de convergence, à cette heure du Magal, commémorant le départ forcé en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, vers le Gabon.

Direction ! Djanatoul Mahwa. A charrettes, Bus, Cars rapides, Ndiaga Ndiaye, à pieds, s’il vous plait. Tous les moyens de transports sont bons pour rendre visite à Cheikh Béthio.

Sa résidence est facilement reconnaissable. Devant la porte, un insigne lumineux est bien accroché au mur, sur lequel, il est inscrit “Dieureudieféty Sérigne Saliou Mbacké“. En bas, il est mentionné Keur Cheikh Bétio Thioune, Diamou (esclave) de Sérigne Saliou avec une photo des deux marabouts.

Aux alentours, les vendeurs se rivalisent, se bousculent. Chacun veut obtenir une place de choix pour faire face à la résidence en face de laquelle une imposante tente est installée. Les mégaphones accrochés dessus crachent des décibels de Khassaïdes, transportés par le vent à des kilomètres.

A l’intérieur de la maison, composée de trois bâtisses blanches, talibés, journalistes et autres curieux ont fini d’envahir les lieux. Les Thiantacounes forment plusieurs rangs attendant avec impatience la sortie de Cheikh Béthio.

Le service d’ordre (police nationale) et les gardes du corps du leader des Thianetacounes veillent au grain. Ils filtrent les entrées et les sorties,orientent les fidèles venus de partout. Du Sénégal et d’ailleurs.

Il est 11h, la bousculade s’intensifie. C’est Cheikh Béthio qui fait son apparition. Habillé en grand boubou gesner bleu clair, une écharpe autour du cou et des bottes noires qui couvrent ses pieds. Il avance doucement vers son moelleux fauteuil en cuir. Un de ses plus proches collaborateurs, fait trôner sa photo au dessus de sa tête en scandant “diaradieuf Sérigne Saliou Mbacké“. Les autres fidèles le reprennent en chœur.

Une fois, confortablement, installé, deux autres disciples viennent s’asseoir à ses côtés. L’un dispose d’un carnet pour recenser les nouveaux fidèles qui viennent rejoindre les Thianetacounes en faisant allégeance (dieubolou) à Cheikh Béthio. L’autre reçoit les billets d’argent que les talibés offrent au Cheikh. Le décor ainsi planté. Le signal est donné.

Des bébés baptisés par Béthio

Dans le lot des fidèles qui viennent pour “yessal“, (renouveler leur attachement au Cheikh), pour “dieubolou“ (faire allégeance), ou “ziarra“ (rendre visite), il y a certains parents qui se singularisent pour avoir préféré voir leur bébé baptisé par Cheikh Béthio. C’est ainsi que des nouveaux-nés bien couverts sont présentés au leader des Thiantacounes pour leur donner des noms et prié pour eux devant leurs mamans, papas, visiblement comblés de joie et de bonheur.

C’est le cas de Sidy Dia et de Salif Sow. “Je n’en reviens pas de voir le Cheikh en chaire et en os après tout ce qui avait été dit sur lui. J’ai amené toute ma famille dont un nouveau-né, ici pour le rencontrer. Il a donné au bébé un nom. C’était mon rêve. Je suis vraiment heureux“, s’enthousiasme le premier cité.

Quant au second, il se dit être à l’origine de tout ça. “C’est Sérigne Saliou Mbacké qui m’avait mis en rapport avec Cheikh Béthio. Il m’a donné une femme en mariage. Et depuis, je vis dans le bonheur. C’est pourquoi, j’ai demandé à mes beaux-frères, mes sœurs, mes amis et mes proches de venir lui faire allégeance“, confie Salif Sow.

Béthio fait de Ibrahima Ly son hôte

Parmi tous les fidèles qui étaient venus faire allégeance, yessal, ziarra à Cheikh Béthio, Ibrahima Ly est certainement l’un des plus heureux. Kinésithérapeute de formation, cet émigré sénégalais vivant en Allemagne a été désigné “hôte officiel“ par le leader des Thianetacounes lui-même.

Teint clair de Halpoular (je ne parle pas, malheureusement, précise-t-il), Ibrahima va d’abord recevoir les éloges de Cheikh Béthio qui le félicite devant tous les talibés à haute voix. “Je suis content de toi. Je n’oublierai jamais ce que tu as fait pour moi. Et je t’assure que tu verras le résultat. Il est mon hôte. Donnez lui une maison et un bœuf entier à lui tout seul“, répète plusieurs fois Cheikh Béthio. Ivre de bonheur, Ibrahima embrasse les mains du Cheikh, se fond en larmes avant de se lever et brandir les mains vers le Ciel pour manifester sa joie.

Quelques minutes après, l’homme revient avec cette fois son épouse. Le moment est trop beau pour ne pas l’immortaliser. Bien habillé dans son ample boubou “Bayelat“, il s’agenouille à nouveau devant le Cheikh avec son épouse (Ndèye Mbety Diop) et demande à un autre disciple de leur prendre en photo.

Sa joie devient incommensurable. “Je suis tellement heureux. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que je ressens aujourd’hui“, dit-il. “Je suis un talibé de Sérigne Saliou Mbacké. J’ai rencontré Cheikh Béthio lors d’une de ses tournées en Europe. C’était à Bordeaux en 2009. Et depuis, on s’appelle au téléphone. Quand il est tombé malade, j’ai quitté l’Allemagne pour venir le rendre visite à Paris, en France et surtout lui apporter mon soutien. Parce qu’il y a eu beaucoup de spéculations autour de sa maladie. Mais, il m’a demandé de retourner travailler et de préparer le Magal. Il y a quatre semaines, il m’a appelé pour me le rappeler“, confie-t-il.

“Je suis venu spécialement pour ça. Ce n’est que du bonheur. L’année dernière, je ne pouvais acheter qu’un mouton. Mais, cette année, j’ai payé quatre bœufs. Inutile alors de vous expliquer ce qui se passe entre Cheikh Béthio et moi. Notre relation n’est pas basée sur les intérêts. Il y a des choses que je ne peux pas dire“, indique Ibrahima Ly.

Et des talibés comme lui, Cheikh Béthio en dispose et en nombre important. D’aucuns offrent des titres fonciers. Certains des bœufs, des chameaux et tous les ingrédients devant accompagner les repas. D’autres en revanche viennent avec de l’argent liquide.

Si tous ces talibés n’ont d’yeux et d’oreilles pour le leader des Thianetacounes, ce dernier qui se considère comme l’esclave de Sérigne Saliou Mbacké, après avoir fait allégeance au fils aîné du défunt Khalife, y voit la grandeur de celui qu’il considère comme Sérigne Touba.

Le Berndel qui offre à Sérigne Cheikh Saliou Mbacké en est une parfaite illustration. C’est un cortège interminable de plats à base de viande de moutons, chameaux, poulets, des sacs de pain, des cartons de boissons sucrés et d’eau, portés par les talibés qui quittent Djanetoul Mahwa à pieds, pour se rendre à la résidence de Sérigne Cheikh Saliou Mbacké.

Le sens du “Berndel“

Le Magal de Touba commémore l’exil forcé de Cheikh Ahmadou Bamba vers le Gabon. C’est un moment de dévotion, de récital de Coran et des Khassaïdes (poèmes) écrits par le fondateur du mouridisme.

Mais aussi un moment de fête où des centaines de chameaux, dromadaires, bœufs, moutons, poulets sont immolés pour servir les fidèles et les différents autres invités. Un sacrifice qui suscite de plus en plus des interrogations, notamment par rapport au nombre élevé en généralement en chiffre paire ou impair.

C’est le cas avec les Thiantacounes symbolisé par Cheikh Béthio Thioune. Chaque année un cortège interminable de bêtes se dirige vers Dianetoul Mahwa, lieu de résidence de ce guide religieux.

Si d’aucuns estiment que le fait du verser autant de sang n’est pas gratuit. “Ce sont des recommandations. Des sacrifices pour maintenir le pouvoir sur les hommes“, déclarent les anti-berndél. En revanche, plusieurs talibés mourides balaient d’un revers de main et estiment que le “Berndel“ est simplement une recommandation de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Une position confortée pour Sérigne Bassirou Abdou Khadre Mbacké, porte-parole du Khalife général des Mourides, par ailleurs, président de la commission d’organisation de la 116ème édition du Magal 2011.

“Le Magal se résume en deux choses. La lecture du Coran et des Khassaïdes et le Berndèl“, a-t-il rappelé aux fidèles à la veille du Magal.

Une recommandation que les habitants de Touba comptent respecter à la lettre. Mieux, confie un inspecteur de la police à la retraite, “tout habitant de la ville de Touba qui n’accueille pas d’étrangers, est mal vu ici. C’est même imaginable“. “Personnellement, j’ai débloqué plus de 500.000 F Cfa pour préparer le Magal 2011“, ajoute-t-il. Et de confier : “certaines familles se plaisent à laisser leur maison aux fidèles étrangers pour devenir pendant 72 heures des sans domicile fixe. C’est un honneur pour nous“.

Le Berndél n’est autre qu’une sorte d’hospitalité offerte aux fidèles et autres étrangers qui viennent effectuer le Magal dans la ville religieuse fondée par Khadim Rassoul.

Sudonline.sn

Mardi 25 Janvier 2011 - 08:46


div id="taboola-below-article-thumbnails">

Nouveau commentaire :
Facebook Twitter