Monsieur le ministre, quel sentiment vous anime après cette victoire des «Lionnes» à l’Afrobasket 2015 ?
Je suis un ministre heureux. Il n’est pas donné à tout ministre la chance de gagner une Coupe d’Afrique. Mon bonheur est d’abord de constater que le président de la République, premier supporter du Sénégal, a eu cette fierté de voir ses «Lionnes» ramener la Coupe d’Afrique. Je connais son engagement et sa détermination. Il ne cesse de donner des instructions pour que les athlètes sénégalais soient dans de bonnes conditions. Ce trophée vient à son heure. Le Sénégal traverse une période extrêmement difficile, surtout avec le drame de Mouna. Le débat était axé sur les décès. Il fallait quelque chose, un déclic, pour relativiser et savoir que même s’il y a des difficultés, quelque part, il y a le bonheur. C’est un résultat sportif extrêmement important pour nous. On courrait derrière ce trophée depuis 6 ans. Je suis fier du peuple sénégalais qui a su comprendre l’importance de cette Coupe d’Afrique.
Avant d’aller à l’Afrobasket, les «Lions» ont mis sur la table la revalorisation de leurs primes et plus d’égards. Les «Lionnes» ont fait pareil, boycottant même une séance, lors de leur préparation, pour les mêmes motifs. Aujourd’hui, le basket sénégalais ne mérite-t-il pas plus de considération ?
C’est avec l’avènement de Macky Sall qu’on parle de millions dans le basket. Il y a eu des compagnes pour lesquelles les «Lionnes» du basket ne recevaient que 300 mille FCfa. Aujourd’hui (hier), pour les primes de quart de finale, demi-finale et finale, chaque «Lionne» recevra 6 millions de FCfa. Cela n’a rien à voir avec la prime de qualification. Elles ont reçu un million huit cent mille FCfa, avant de partir. Le total sera de sept millions huit cent mille FCfa, par «Lionne», soit 126 millions pour toute l’équipe. Le football n’a jamais été pris en charge, pendant trois mois, dans des hôtels. On l’a fait, pour le basket. On a mis 527 millions FCfa pour les deux campagnes, sans compter la préparation. C’est vrai, on ne peut pas traiter les Fédérations de la même manière. La taille n’est pas la même, les compétitions également. Cependant, chaque Fédération sera traitée avec respect. C’est une directive du président de la République. C’est pourquoi, nous accompagnons tout le monde. Je suis allé défiler avec le Special Olympics à Los Angeles. L’ère où les Fédérations n’étaient pas considérées est révolue. Nous allons travailler en toute intelligence. Aujourd’hui, tout ce qui est possible est en train d’être fait. Mais, s’il faut dire non, on dira non.
Ne trouvez-vous pas paradoxal que le Sénégal, 11 fois champion à l’Afrobasket féminin, huitième au classement mondial, avec les garçons, ne puisse pas avoir une salle de basket répondant aux standards internationaux ?
Elle est indispensable. Mais, ce n’est plus une préoccupation. Celui qui doit décider a décidé de le faire (un Palais des sports). Il ne faut pas qu’on se focalise sur la salle. Le problème, ce n’est pas seulement la salle. Il faut valoriser le travail qui nous a valu des résultats et créer les conditions de performances, pour que d’autres jeunes puissent émerger. En plus de l’Acte III de la décentralisation et l’Uassu, il y a la Lettre de politique sectorielle, pour développer la formation, avoir des infrastructures et accompagner les Fédérations. Mais, si l’on ne parle que de moyens, on n’ira nulle part, parce qu’on ne les a pas. Ce que le chef de l’Etat est en train de faire, pour le sport, dans un pays où tout est priorité, seule une volonté politique peut le justifier. Nous avons 900 millions de FCfa dans l’enveloppe des compétitions internationales. Mais, pour la prise en charge de l’ensemble des compétitions internationales, on a eu à travailler avec les Finances, jusqu’à atteindre plus de 4 milliards. Aux Jeux Africains, on avait 281 personnes à prendre en charge. Depuis 2007, on n’a pas payé les primes des athlètes aux Jeux africains, on va tout corriger. Le Président n’aime pas l’injustice. Si l’on avait cette même dynamique de travail, on n’aurait pas hérité un pays qui ne dispose d’aucune infrastructure répondant aux normes. On doit avoir des stades aux normes internationales. On va y arriver, parce qu’on a un Président animé d’une réelle volonté politique d’y parvenir. Avec la coopération internationale et le privé, il y a beaucoup de canaux pour combler le déficit en infrastructures.
Pour l’Afrobasket masculin, beaucoup de manquements ont été dénoncés par les joueurs. Allez-vous tirer les leçons ?
Bien sûr ! J’attends les deux rapports du président de la Fédération sénégalaise de basket sur la participation du Sénégal à l’Afrobasket (garçons comme filles). On nous parle de la qualité des repas, des moments d’errance à l’aéroport. Mais toutes les équipes étaient prises en charge par la Tunisie et Fiba Afrique. Le menu était le même pour l’ensemble des délégations. Donc, on ne peut pas nous reprocher de ne pas donner à manger à nos équipes. A l’aéroport, ils sont restés deux heures. Je peux rester trois heures à l’aéroport. Si l’on a envie de se battre pour son pays, on doit pouvoir faire face à certaines situations et ne pas créer un scandale qui, du reste, n’a jamais existé. Pour le côté technique, j’attends les rapports. Sur le cas Mohamed Faye, je me suis déjà prononcé, en tant que sportif, lui demandant de tirer les leçons de son comportement et revenir dans la «Tanière», se battre pour son pays, si l’occasion lui est encore donnée. Ce n’est pas du ressort du ministre. Mais, être quatrième n’est pas une honte, pour le Sénégal. Au Mondial, on a éliminé de grandes nations de basket. Tout le monde applaudissait. Il ne faut pas qu’on oublie nos performances. Pourquoi, devons-nous penser que nous sommes meilleurs que les autres ? Ils travaillent comme nous. Il faut être réaliste, rester serein, quand on n’atteint pas les objectifs.
A côté du basket qui apporte des résultats, l’athlétisme qui a valu beaucoup de satisfaction au Sénégal, est dans le déclin. Quelles sont les mesures à prendre pour relancer cette discipline ?
J’ai déjà constaté qu’il y a régression, une absence dans certaines compétitions. Je peux le comprendre, en tant que sportif. On ne peut pas avoir toujours la même allure. Il faut parfois qu’il y ait des cassures, un ralentissement. J’ai interpellé le président de la Fédération, pour voir comment relancer la discipline. Il faut voir quel chemin emprunté et avoir les moyens. On ne peut pas nous dire qu’il n’y a pas d’infrastructures au Sénégal. Il y a une piste, dans tous les stades régionaux. Le reste, c’est axer le travail au niveau de la formation, passer par l’Uassu, faire fonctionner les ligues et districts. Si l’on a une bonne direction technique, on peut faire une bonne détection. Mais, il faut une synergie. Il faut faire le diagnostic et aller ensemble relever ce défi. La main dans la main. Toutes les disciplines connaissent des difficultés. L’athlétisme fait partie des disciplines qui ont besoin d’une aide et d’une attention particulière. Ce sport nous a valu beaucoup de satisfaction. On ne peut pas avoir Lamine Diack, Amadou Dia Bâ, Amy Mbacké Thiam et être absent des compétitions internationales. J’ai déjà demandé aux responsables de l’athlétisme de travailler sur un plan de relance qui sera encadré et accompagné par l’Etat. Il y a certes des problèmes, mais nous sommes en train de faire le diagnostic. On maîtrise quels paramètres. Par exemple, à Fatick, si le professeur d’Education physique n’est pas dans l’Uassu, qui va entraîner les jeunes ? L’Uassu est morte à l’école. Dans ce cas, quand faut-il organiser des compétitions pour détecter ? On ne voit personne faire de l’athlétisme. Mais, tous ces problèmes vont être réglés. On va vers des conventions d’objectifs, pour que les Fédérations se fixent des objectifs. On dira : d’ici deux ans, on voudra arriver à un point B, si vous n’y êtes pas, vous allez passer le flambeau à un autre. On n’a pas intérêt à garder les mêmes personnes, pendant 50 ans, sans résultats. Pis, ces mêmes personnes tirent sur l’Etat, disant qu’il n’a rien fait pour leur discipline. Quand on décide d’être président de fédération, on doit être à même de s’auto-évaluer. Si cela ne marche pas, il faut avoir le courage de passer le flambeau.
Pour le football, mis à part Aliou Cissé, les autres sélectionneurs n’ont pas de contrat. Pourquoi ?
La responsabilité voudrait que si l’on n’a pas de contrat, qu’on l’exige. Si l’on a un contrat, même tacite, il faut en respecter les termes. J’ai fait des efforts. J’ai réglé beaucoup de dettes. Mais, il y a des entraîneurs qui ne respectent pas les termes de leur contrat. Quand on est entraîneur national, on ne doit pas être entraîneur de club. Certains le font. Quand il y a problème, au lieu de prendre sa part de responsabilité, on rejette tout sur l’Etat ou la fédération. La responsabilité voudrait qu’avant de démarrer un travail, qu’on règle tous les détails liés au contrat. Sinon, on fixe un échéancier. Mais, ils continuent à travailler et reçoivent leurs primes. Cependant, nous travaillons pour qu’il n’y ait plus des problèmes de ce genre
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