Le cycle vicieux de la haine.
Comme disait Saint Augustin dans son ouvrage « La cité de Dieu contre les païens », toute la force de l’être humain réside dans son esprit et dans son corps. Nous constatons que certaines personnes privilégient le Corps : la vie sur terre, l’éclat de la richesse, du pouvoir, et des belles choses de la vie. D’autres mettent le primat sur l’esprit : l’amour propre, le spiritualisme et la foi. Les premiers sont blessés quand on porte atteinte à leur droit de propriété, à leur influence ou à leur liberté. Les seconds sont meurtris quand on leur prive de leur dignité humaine ou qu’on blasphème leurs croyances. Dans la confrontation idéologique qui oppose les uns aux autres, chacun à son arme fatale : Les premiers dressent leurs canons, aiguisent leurs plumes et, sous les tranchées de la liberté d’expression, se livrent à « assassiner » spirituellement les seconds. Ces deniers affûtent leurs couteaux, mitraillent avec leurs kalachnikovs ou se transforment en bombes humaines pour attenter corporellement aux premiers. Les uns ne veulent rien perdre de leur confort d’ici bas, alors ils attaquent ceux qui peuvent compromettre leur bien-être. Les autres, se sentant agressés dans leurs âmes, pensent qu’ils n’ont plus rien à perdre et contre-attaquent, au prix de leurs vies, ceux qui veulent anéantir leur foi. Dans cette guerre insensée et regrettable, la plume pervertie est aussi dangereuse que le couteau dans le dos. Pour briser le cycle de la haine, les opérations militaires chirurgicales menées ça et là par les grandes puissances ne serviront pas à grand-chose. Elles risquent au contraire de produire l’effet inverse : attiser les frustrations et les animosités religieuses ; perpétuer le choc sanglant entre les religions ; et engendrer une menace diffuse dans leurs propres sociétés. Il faut, d’une part, s’attaquer dans le fond et à long terme aux germes du fanatisme religieux qui pousse à l’intolérance et à la violence. D’autre part, mettre fin à la terreur étatique qui a institué un choc des civilisations, avec un axe du bien et un axe du mal ; et qui a permis que la liberté d’expression soit corrompue par certains en une véritable arme de destruction massive.
Une liberté d’expression en dents de scie.
Dans une république démocratique la liberté d’expression, droit fondamental, a nécessairement des limites pour être efficace. Dans tous les pays démocratiques, elle est limitée par d’autres droits ou principes. Dans un pays comme la France qui compte 5 millions de musulmans, les blasphèmes de Charlie Hebdo ont choqué ou humilié beaucoup de musulmans qui n’ont rien à voir avec le fanatisme des extrémistes. Le même Charlie Hebdo, qui réclame la liberté d’expression et par ricochet le droit d’injurier par la caricature, censurait la liberté d’expression quand un de ses employés avait écrit un article qu’il jugeait préjudiciable aux juifs. En 2008, le directeur du journal satirique, Philippe Val, avait décidé de le licencier Siné, une des figures emblématiques du journal, accusé d’avoir tenu dans une chronique des propos ironiques teintés d'antisémitisme. Alors que peu de temps avant il avait ainsi traité les musulmans : « J'avoue que, de plus en plus, les musulmans m'insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j'ai envie de leur botter violemment le cul !»
La liberté d’expression et la laïcité ne doivent pas être pratiquées de manière discriminatoire, ni dénaturées en armes de guerre contre l’islam, que beaucoup d’occidentaux, se disant civilisés, assimilent à la barbarie. La France doit faire preuve de vigilance et éviter que son beau pays soit transformé, par le fait de medias suspects et de personnes ingénieuses dans la distribution de la haine, en un nouveau champ de conflits religieux. Au lieu d’applaudir des personnes comme Eric Zemmour, elle doit se méfier de leurs stratagèmes de division des français dits « autochtones » aux Arabes et aux Noirs. Eric Zemmour avait porté le discrédit sur les jeunes Noirs et Arabes en essayant de justifier la discrimination et la ghettoïsation dont ils sont victimes par la polygamie, la délinquance et les trafics dans leurs quartiers. En affirmant à tort que la plupart des trafiquants en France sont Noirs et Arabes, Eric Zemmour a consolidé l’imaginaire collectif qui nourrit l’équation « délinquant = Noir ou Arabe ». S’il avait traité de la sorte les juifs il serait probablement viré des medias avec qui il flirte. Malgré ses attaques négrophobes, arabophobes et islamophobes, et le fait qu’il ait été condamné, beaucoup de français l’applaudissent au nom de la liberté d’expression.
La France devrait revoir les dispositions de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, du code civil, du code pénal et des lois disparates qui consacrent la liberté d’expression, pour corriger les archaïsmes et définir clairement les restrictions à cette liberté, les responsabilités, et les sanctions en cas d’abus.
Il faut faire preuve de cohérence et vigilance contre les manipulations.
La France limite sans équivoque la liberté d’expression pour lutter par exemple contre les atteintes à la présomption d’innocence, ou même, à la vie privée. Elle peut alors revoir son arsenal juridique pour prohiber clairement les injures et diffamations religieuses orchestrées sous le prétexte de la liberté d’expression. La Cour de cassation française a eu à valider la condamnation de l’auteur d’une caricature représentant un président français avec une tête de vautour, de même que l’auteur d’un montage photographique burlesque ridiculisant le président de la république avec une tronche d’animal. L’opinion n’a pas été scandalisée par ces condamnations pour crime de lèse-majesté, qui limitent pourtant la liberté d’expression. Par contre pour les caricatures blasphématoires de Mohamed, elle soutient largement la provocation. On ne touche pas à l’honneur du président, mais on peut insulter la foi des croyants. Une telle liberté d’expression, modulable à volonté, n’est pas crédible.
Les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo sont vus et décrits globalement sous un seul angle. Mais l’enquête ne doit pas négliger la face immergée de l’iceberg, qui pourrait cacher l’œuvre de commanditaires malicieux qui en voudraient à la fois à la France et à l’Islam. Le cas échéant, ces commanditaires auraient intérêt à discréditer l’Islam, à promouvoir une islamophobie structurelle en France. Il ne faut pas perdre de vue que n’importe qui peut commettre un attentat, prononcer « Allahou Akbar » et dire qu’il agit sur ordre d’Al Qaïd ou de l’Etat islamique, dans la seule finalité d’accabler les musulmans et de manipuler le peuple français contre eux. Espérons que la marée humaine qui s’est formée le dimanche 11 janvier 2015 dans plusieurs villes de France exprimait son attachement à la liberté, et non une haine non avouée de l’islam. Espérons aussi que les chefs d’Etats qui ont fait le déplacement pour dire non au terrorisme, le feront aussi au Nigéria où Boko Haram aurait tué la même semaine, pas 17, mais plus de 2000 personnes. La vie de ces personnes, qui ne demandaient pas le droit de diffamer avec la liberté d’expression, mais juste le droit de vivre, était aussi précieuse que celle des journalistes de Charlie Hebdo.
Comme disait Saint Augustin dans son ouvrage « La cité de Dieu contre les païens », toute la force de l’être humain réside dans son esprit et dans son corps. Nous constatons que certaines personnes privilégient le Corps : la vie sur terre, l’éclat de la richesse, du pouvoir, et des belles choses de la vie. D’autres mettent le primat sur l’esprit : l’amour propre, le spiritualisme et la foi. Les premiers sont blessés quand on porte atteinte à leur droit de propriété, à leur influence ou à leur liberté. Les seconds sont meurtris quand on leur prive de leur dignité humaine ou qu’on blasphème leurs croyances. Dans la confrontation idéologique qui oppose les uns aux autres, chacun à son arme fatale : Les premiers dressent leurs canons, aiguisent leurs plumes et, sous les tranchées de la liberté d’expression, se livrent à « assassiner » spirituellement les seconds. Ces deniers affûtent leurs couteaux, mitraillent avec leurs kalachnikovs ou se transforment en bombes humaines pour attenter corporellement aux premiers. Les uns ne veulent rien perdre de leur confort d’ici bas, alors ils attaquent ceux qui peuvent compromettre leur bien-être. Les autres, se sentant agressés dans leurs âmes, pensent qu’ils n’ont plus rien à perdre et contre-attaquent, au prix de leurs vies, ceux qui veulent anéantir leur foi. Dans cette guerre insensée et regrettable, la plume pervertie est aussi dangereuse que le couteau dans le dos. Pour briser le cycle de la haine, les opérations militaires chirurgicales menées ça et là par les grandes puissances ne serviront pas à grand-chose. Elles risquent au contraire de produire l’effet inverse : attiser les frustrations et les animosités religieuses ; perpétuer le choc sanglant entre les religions ; et engendrer une menace diffuse dans leurs propres sociétés. Il faut, d’une part, s’attaquer dans le fond et à long terme aux germes du fanatisme religieux qui pousse à l’intolérance et à la violence. D’autre part, mettre fin à la terreur étatique qui a institué un choc des civilisations, avec un axe du bien et un axe du mal ; et qui a permis que la liberté d’expression soit corrompue par certains en une véritable arme de destruction massive.
Une liberté d’expression en dents de scie.
Dans une république démocratique la liberté d’expression, droit fondamental, a nécessairement des limites pour être efficace. Dans tous les pays démocratiques, elle est limitée par d’autres droits ou principes. Dans un pays comme la France qui compte 5 millions de musulmans, les blasphèmes de Charlie Hebdo ont choqué ou humilié beaucoup de musulmans qui n’ont rien à voir avec le fanatisme des extrémistes. Le même Charlie Hebdo, qui réclame la liberté d’expression et par ricochet le droit d’injurier par la caricature, censurait la liberté d’expression quand un de ses employés avait écrit un article qu’il jugeait préjudiciable aux juifs. En 2008, le directeur du journal satirique, Philippe Val, avait décidé de le licencier Siné, une des figures emblématiques du journal, accusé d’avoir tenu dans une chronique des propos ironiques teintés d'antisémitisme. Alors que peu de temps avant il avait ainsi traité les musulmans : « J'avoue que, de plus en plus, les musulmans m'insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j'ai envie de leur botter violemment le cul !»
La liberté d’expression et la laïcité ne doivent pas être pratiquées de manière discriminatoire, ni dénaturées en armes de guerre contre l’islam, que beaucoup d’occidentaux, se disant civilisés, assimilent à la barbarie. La France doit faire preuve de vigilance et éviter que son beau pays soit transformé, par le fait de medias suspects et de personnes ingénieuses dans la distribution de la haine, en un nouveau champ de conflits religieux. Au lieu d’applaudir des personnes comme Eric Zemmour, elle doit se méfier de leurs stratagèmes de division des français dits « autochtones » aux Arabes et aux Noirs. Eric Zemmour avait porté le discrédit sur les jeunes Noirs et Arabes en essayant de justifier la discrimination et la ghettoïsation dont ils sont victimes par la polygamie, la délinquance et les trafics dans leurs quartiers. En affirmant à tort que la plupart des trafiquants en France sont Noirs et Arabes, Eric Zemmour a consolidé l’imaginaire collectif qui nourrit l’équation « délinquant = Noir ou Arabe ». S’il avait traité de la sorte les juifs il serait probablement viré des medias avec qui il flirte. Malgré ses attaques négrophobes, arabophobes et islamophobes, et le fait qu’il ait été condamné, beaucoup de français l’applaudissent au nom de la liberté d’expression.
La France devrait revoir les dispositions de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, du code civil, du code pénal et des lois disparates qui consacrent la liberté d’expression, pour corriger les archaïsmes et définir clairement les restrictions à cette liberté, les responsabilités, et les sanctions en cas d’abus.
Il faut faire preuve de cohérence et vigilance contre les manipulations.
La France limite sans équivoque la liberté d’expression pour lutter par exemple contre les atteintes à la présomption d’innocence, ou même, à la vie privée. Elle peut alors revoir son arsenal juridique pour prohiber clairement les injures et diffamations religieuses orchestrées sous le prétexte de la liberté d’expression. La Cour de cassation française a eu à valider la condamnation de l’auteur d’une caricature représentant un président français avec une tête de vautour, de même que l’auteur d’un montage photographique burlesque ridiculisant le président de la république avec une tronche d’animal. L’opinion n’a pas été scandalisée par ces condamnations pour crime de lèse-majesté, qui limitent pourtant la liberté d’expression. Par contre pour les caricatures blasphématoires de Mohamed, elle soutient largement la provocation. On ne touche pas à l’honneur du président, mais on peut insulter la foi des croyants. Une telle liberté d’expression, modulable à volonté, n’est pas crédible.
Les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo sont vus et décrits globalement sous un seul angle. Mais l’enquête ne doit pas négliger la face immergée de l’iceberg, qui pourrait cacher l’œuvre de commanditaires malicieux qui en voudraient à la fois à la France et à l’Islam. Le cas échéant, ces commanditaires auraient intérêt à discréditer l’Islam, à promouvoir une islamophobie structurelle en France. Il ne faut pas perdre de vue que n’importe qui peut commettre un attentat, prononcer « Allahou Akbar » et dire qu’il agit sur ordre d’Al Qaïd ou de l’Etat islamique, dans la seule finalité d’accabler les musulmans et de manipuler le peuple français contre eux. Espérons que la marée humaine qui s’est formée le dimanche 11 janvier 2015 dans plusieurs villes de France exprimait son attachement à la liberté, et non une haine non avouée de l’islam. Espérons aussi que les chefs d’Etats qui ont fait le déplacement pour dire non au terrorisme, le feront aussi au Nigéria où Boko Haram aurait tué la même semaine, pas 17, mais plus de 2000 personnes. La vie de ces personnes, qui ne demandaient pas le droit de diffamer avec la liberté d’expression, mais juste le droit de vivre, était aussi précieuse que celle des journalistes de Charlie Hebdo.
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