
Barack Obama a choisi de visiter deux îles à forte portée symbolique - Gorée, haut lieu de l'esclavage vers les Amériques, et Robben Island, le bagne où fut longtemps emprisonné Nelson Mandela - lors de son périple d'une semaine en Afrique.
Ce déplacement, du 26 juin au 3 juillet au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie, du premier président afro-américain de l'Histoire s'effectuera avec, en ombre portée, l'icône, apparemment en fin de vie, de la lutte contre l'apartheid.
"L'Afrique est un continent où les Etats-Unis se doivent d'être présents et nous sommes ravis de pouvoir envoyer, en tout début de son second et dernier mandat, un message sur un engagement américain approfondi", souligne Ben Rhodes, conseiller diplomatique de la Maison blanche.
Les Africains sont suspendus aux nouvelles sur la santé de "Madiba" qui, à l'orée de ses 95 ans, se trouve dans un état critique à la suite d'une infection pulmonaire, séquelle d'une tuberculose contractée lors de son séjour dans ce bagne situé au large du Cap.
Barack Obama n'exclut pas de rencontrer à cette occasion la famille de l'ancien président sud-africain hospitalisé dans un hôpital de Prétoria.
Ce déplacement - le second en Afrique pour le président depuis son arrivée à la Maison blanche en 2008 - pourrait aussi être l'occasion de tenter convaincre les Africains que les Etats-Unis y possèdent des intérêts vitaux qu'ils entendent bien protéger et faire fructifier.
"Les dirigeants africains, l'opinion publique de ce continent se demandent parfois où est le président des Etats-Unis", explique Ben Leo, directeur de l'ONG anti-pauvreté ONE. "Ce déplacement a été conçu pour répondre en partie à ces interrogations, à ces inquiétudes, pour pouvoir, on l'espère, réinitialiser la trajectoire d'engagement pour les deux années à venir".
S'agissant de l'Afrique, Barack Obama, dont le père était kényan, ne souffre pas la comparaison avec son prédécesseur démocrate Bill Clinton, dont l'aura est très palpable.
"Les Africains considèrent toujours Bill Clinton comme 'leur' président", assure Mangi Kimeny, directeur de l'Initiative de croissance africaine (AGI) à la prestigieuse Brookings Institution.
"UN DESENGAGEMENT INCOMPREHENSIBLE"
Bill Clinton conserve en effet une place à part dans le coeur des Africains pour avoir été le premier chef de l'exécutif américain à se rendre plus d'une fois sur le continent. Les Africains lui sont gré aussi d'avoir promulgué "la loi sur la croissance en Afrique", qui a levé les barrières commerciales sur plus de 6.000 produits d'exportation de 35 pays d'Afrique à destination des Etats-Unis.
L'ancien président démocrate, qui est proche de Nelson Mandela, n'a jamais ménagé en outre son soutien à l'Afrique du Sud lors de la période critique de la transition vers les premières élections multiraciales de 1994.
Même George W. Bush reste plus populaire chez les Africains que l'actuel occupant de la Maison blanche.
Les détracteurs de la politique africaine de Barack Obama, jugée trop timorée, rappellent ainsi le grand plan lancé en 2003 par George W. Bush pour combattre le sida, avec une promesse de financement initiale de 15 milliards de dollars sur cinq ans.
Grâce à cette initiative, les Etats-Unis sont crédités d'avoir participé au programme d'anti-viraux en faveur de plus de quatre millions de malades du sida en Afrique.
Les Africains se souviennent de la "Millenium Challenge Corporation", un organisme d'aide à l'étranger créé par le même président républicain et qui a fourni une assistance, notamment dans la lutte contre le paludisme et l'effacement de la dette, aux pays dotés de bonne gouvernance.
Barack Obama se voit reprocher de n'avoir lancé aucune grande initiative en matière de santé publique ou de commerce sur le continent, contrairement à ses deux prédécesseurs.
Et pendant que l'administration Obama se tournait prioritairement vers l'Asie-Pacifique, la Chine a accéléré son implantation sur les marchés africains où elle déverse ses produits bon marché en échange des immenses richesses que recèle le sous-sol du continent et de ses matières premières agricoles.
Source: lesechos.fr
Source: lesechos.fr
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