Nous devenons de moins en moins responsables et de plus en plus infantiles et dépendants. Nous devenons de plus en plus perméables à la manipulation et de plus en plus friands de distractions que d’engagements courageux. Par « engagement courageux », j’entends la capacité pour chacun, a fortiori lorsqu’on est investi d’une certaine autorité, à articuler un discours cohérent, argumenté, fondé sur des problématiques essentielles.
En quête du sens
L’on peut être en désaccord avec la politique initiée par le président de la République. L’on peut s’inscrire en faux avec ses stratégies de développement. L’on peut le désavouer sur une foultitude d’actes par lui posés. Mais en aucun cas l’on ne peut proférer des insultes, jeter l’opprobre et déverser des insanités sur sa personne. Là, on n’est plus dans le débat critique ; on est dans des attaques ad hominem qui, soit dit en passant, ne déshonorent que leurs auteurs.
Le débat, c’est plusieurs perspectives qui se confrontent sur un fait ou un événement. Si le fait ou l’événement est suspendu, il ne reste plus que des somnambules qui marchent chacun avec ses délires. Il me semble que la plupart des opposants, mais aussi des membres de la mouvance présidentielle, sont dans cette logique qui, au demeurant, témoigne d’un manque total de culture, d’éducation, et du sens de la responsabilité.
Le député Cheikh Bara Dolly a tenu en direction du chef de l’Etat, Macky Sall, des propos inadmissibles qui méritent une sanction à la hauteur de l’insulte. C’était le mercredi 8 Juin à la Place de la Nation (ex Obélisque), à l’occasion d’un rassemblement de l’opposition. De même que Ousmane Sonko, leader de Pastef, qui a lui aussi clairement appelé à perpétrer, lors de la prochaine manifestation, des actes de nature terroriste contre des citoyens sénégalais. Il part du présupposé selon lequel ce sont des gens du pouvoir qui auraient volé les biens de l’Etat pour les cacher chez eux. A Sonko, candidat potentiel à la magistrature suprême, il n’est pas superfétatoire de rappeler que lorsque l’on s’adresse à une foule, il est absolument nécessaire de soigner sa sémantique et de ne pas se laisser submerger par ses émotions. Parce qu’en l’occurrence, une foule ne pense pas ; elle réagit de façon épidermique. S’adresser ainsi à des milliers de jeunes en colère relève d’une entreprise d’instrumentalisation, d’une mise à jour d’une conspiration du malheur.
La reddition des comptes est un impératif catégorique dans une démocratie. Et les « maîtres de l’instant » ne peuvent pas y échapper. Toutefois, c’est un processus encadré par la loi. Il est par conséquent inutile d’en appeler au pillage et/ou au meurtre.
La tyrannie des réseaux sociaux
L’avènement des réseaux sociaux - qui servent aussi de supports de communication aux leaders politiques - a sans aucun doute accéléré un processus d’empaillement qui met en lumière la face la plus hideuse de nombre d’entre nous. Sur la tête du président de la République comme sur celle du citoyen lambda, des tonnes d’insanités sont quotidiennement déversées. Nous sommes supposés faire de la toile un lieu d’échanges constructifs et féconds ; nous en avons fait un espace d’expression de la haine, du mensonge et de la manipulation. Un cadre où se déploient des esprits clos, conséquence d’une éducation chahutée qui a pulvérisé tous nos référentiels et balayé quasiment tous les référents.
Le Directeur des Domaines, par ailleurs maire de la ville de Kolda, est depuis quelque temps l’objet d’une certaine forme de malveillance. Au mépris du ressenti de sa famille, de ses proches et amis, Mame Boye Diao est, comme d’autres, victime de calomnies répétitives. D’un acharnement inouï de la part de gens tapis, selon des sources, dans les officines des Finances. Pourquoi et à quelles fins ? Allez savoir ! M. Diao fait l’amère expérience des ravages sur la toile, lieu de prédilection de la rumeur sans visage, du bruit colporté qui se diffuse, s’insinue, s’enkyste et finit par détruire moralement. Comme d’autres, il va devoir se retrouver à combattre des fantômes virulents, destructeurs et inconsistants. Ces invisibles, ces bombes nocturnes, ce brouhaha de ragots et ces propos invérifiables corrodent les jugements, détruisent de réputations et préparent les lynchages. La rumeur est un virus et ces gens sont conscients du fait que l’anonymat peut tuer.
En quête du sens
La démocratie est certes le moins contraignant des systèmes politiques. Mais la liberté sans limite produit fatalement le désordre. Tout peut ainsi s’inverser : si vous êtes modéré, vous passez pour un lâche. Si vous êtes dans la démesure, c’est le signe d’une éducation réussie. Et enfin, l’anarchie est perçue comme le summum de la liberté.
Devrions-nous définitivement nous résigner parce que « condamnés » à combattre sans voir ? Assurément non. Replacer le sens de la République et les intérêts de notre Nation au cœur de nos préoccupations, voilà qui nous incombe. Notre tâche est de toujours persister dans la quête du sens et du vrai. Mais cela suppose, a priori, un travail sur nous-mêmes. Un décollage, une prise de distance initiale et un mouvement premier d’arrachement à nos certitudes bornées. Cette quête est un chemin d’interrogations. Vivre sans questionner le sens de notre vie n’est pas vivre.
Enfin, que voulons-nous pour notre cher Sénégal ? Quelles perspectives pour nos enfants ? Questions à mon avis fondamentales et essentielles.
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