Si les violences sont imputables aux deux camps qui s'affrontent depuis décembre 2013, c'est la partie gouvernementale qui porte la plus grande responsabilité, avec notamment une utilisation massive du viol comme instrument de terreur et parfois comme salaire pour les combattants. Dans ce conflit, qui déchire le pays depuis plus de deux ans, l'ONU ne parvient même plus décompter le nombre de victimes. Il s'élèverait à plus de 50 000 morts, malgré la signature d’un accord de paix en 2015.
Cet accord impliquait un partage du pouvoir entre les camps de Riek Machar et de Salva Kiir. Dès l'automne, l’annonce de la création de 18 nouveaux Etats compromet leur application. Au même moment, les soldats gouvernementaux se rendent coupables d’un acte qualifié de « crime de guerre » par Amnesty : 60 hommes et enfants sont enfermés dans un conteneur en plein soleil. Tous sont morts d’asphyxie, les mains attachées. Le seul survivant est un enfant de 12 ans.
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« Le fait que les soldats étaient sur place. Le fait qu'ils savaient que les personnes à l'intérieur du conteneur étaient en détresse et souffraient, le fait qu'ils pouvaient intervenir et ont choisi de ne pas le faire, tout cela constitue une forme de torture, condamne Michelle Kagari, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands Lacs. Les soldats savaient que la détresse de ces hommes allait les mener à la mort. »
Pour elle, aucun doute, « les soldats savaient que les hommes [à l'intérieur du conteneur ndlr] allaient mourir et ils les ont laissés mourir ». Des gestes qui constituent selon elle « des crimes de guerre ». Pour appuyer ses propos, elle assure notamment que l'un des hommes est mort avant les autres. « Les soldats ont donc ouvert le conteneur, retiré le corps, et ils ont ensuite refermé le conteneur alors que tous les autres hommes à l'intérieur étaient vivants et en détresse. »
Viols massifs
Human Rights Watch s'est également exprimé ce vendredi afin de souligner que ce cas n'est pas un cas isolé. D'autres atrocités et d'autres crimes de guerre ont lieu partout dans le pays. L'organisation appelle la communauté internationale à se mobiliser.
Parmi les civils, les femmes sont encore les plus exposées : l’ONU dénonce une utilisation massive du viol comme arme de guerre, et parfois même comme récompense pour les combattants. Les viols sont collectifs et d’une brutalité sans borne : celles qui protestent sont assassinées sur le champ. Des dizaines de milliers d’enfants souffrent de malnutrition, alors que les combats gagnent de nouvelles zones, selon l’Unicef.
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Christophe Boulierac est porte-parole pour l’ONG à Genève. Il évoque un « effondrement du financement de l’aide humanitaire ». « La crise au Sud-Soudan commence à être qualifiée de crise oubliée, ce qui est extrêmement inquiétant », regrette-t-il, alertant sur les menaces de plus en plus grandes qui pèsent sur les enfants dans le pays. « Pour la première fois, les enfants au Sud-Soudan ne sont pas seulement menacés par un manque d'accès humanitaire ou un manque de capacité mais bien par un manque de financement, en tout cas en ce qui nous concerne, nous, l'Unicef », dit-il, pointant un manque de 128 millions de dollars.
L’ONU dénonce également une politique gouvernementale de la terre brûlée qui a déjà poussé toute une région au bord de la Famine. Depuis 2013, aucun cessez-le-feu n'a été respecté et les violences sont de plus en plus le fait de groupes très locaux, sans hiérarchie. Pour l’ONU, une seule solution : il faut immédiatement faire appliquer et respecter l’accord de paix.
Source: Rfi.fr
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