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Regard croisé sur la sécurité routière et l’accidentologie au Sénégal…Par Hamat Seck



Regard croisé sur la sécurité routière et l’accidentologie au Sénégal Elle coûte 163 milliards de FCFA par an au Sénégal (2% du PIB), a causé plus de 3000 morts entre 2017 et 2020. C’est bien de l’insécurité routière, qui est provoquée à 90% par le mauvais comportement des chauffards, dont nous parlons ici. 

Toutefois, nulles mesures politiques prises d’urgence, ni une improvisation circonstancielle ne peuvent faire l’objet de solutions durables à la problématique de la sécurité routière au Sénégal. En dépit de cela, corser la répression n’aura aucun effet sur la tendance haussière des accidents dramatiques de la route sinon n'accentue que les pratiques de corruption des services de contrôle des règlements et du code de la route.

Ils doivent être sous-tendus par des réflexions scientifiques solides impliquant les spécialistes et toutes les parties prenantes des transports, de la mobilité, de la sécurité routière et de l’aménagement du territoire. La sécurité routière constitue un enjeu majeur de notre société. Si des améliorations importantes ont été observées dans le réseau routier, et que le taux des accidents connaît une tendance baissière entre 2015 et 2019 selon l’ANSD dans son rapport sur la situation économique et sociale du Sénégal (Ed. 2019), le taux de décès reste soutenu et augmente graduellement d’année en année. 

Cette hausse est tributaire d’une part à l’amélioration de la qualité du réseau routier qui incite les conducteurs à rouler à grande vitesse, et d’autre part à l’ancienneté et à l’état défectueux des véhicules. Cette réalité apparente interpelle encore une fois la discipline de nos chauffeurs, la réforme et le respect du code de la route, et la prise de mesures stratégiques de la part du ministère de tutelle et ses ramifications. Pour une diminution des accidents de la route, une réaction réflexive, rendant corser la répression contre les fautes, est inefficace en raison de plusieurs réalités sociologiques et sociétales notamment En effet, la corruption exprimée par l'expression "bras long", la souplesse ou le pardon soutenus par le "masla" constituent les contraintes qui empêchent la prise en compte sérieux et le règlement définitif du problème des accidents au Sénégal. 

L’intelligence voudrait : • D’agir sur le rigorisme du processus d’obtention du permis de conduire lequel donne accès au champ professionnel des transports mais ne donne pas forcément les compétences ou les qualités pour exercer le métier de conducteur. Ce diplôme étant un facteur essentiel pour s’engager dans la voie vers la professionnalisation, ne doit pas être le seul billet d’entrée dans cette profession. • De définir au préalable le profil adéquat hors permis de conduire pour intégrer le milieu du transport. L’intérêt réside dans l’exigence du bon comportement. Mais qu’est qu’il faut mettre dans ce contenu ? Quelle organisation faut-il avoir dans un contexte où le transport des personnes et des marchandises est largement géré par le secteur privé ? Quelles stratégies adoptées face à une récurrence d’accidents nocturnes qui se produisent à 83% en interurbain ? L’intégration de ces suggestions ne peut se faire que par une organisation du secteur privé des transports en GIE, comme avec l’AFTU, afin de créer un meilleur cadre de formation et de contrôle sur la discipline. • De continuer le processus de reconquête du secteur longtemps perdu par l’Etat avec la mise en place d’entreprises publiques comme Dakar Dem Dikk • D’intégrer les motos « diakartas » dans le code la route • De renforcer les signalisations horizontales et verticales car au premier rang des causes d’accidents de la route on trouve les piétons qui représentaient, en 2019, 21,6% de l’ensemble des décès. Ils sont suivis par les collisions de véhicules qui causent 15% des morts d’accidents • De renforcer la sensibilisation sur le port du casque, de la ceinture, l’interdiction du téléphone au volant • Mettre de l’éclairage dans les zones urbaines et périurbaines • De créer dans le cadre de la gouvernance, une direction particulière chargée de gérer la coordination de la politique de sécurité routière. Aujourd’hui il n’y a que 1% du budget du Fonds d’Entretien Routier Autonome (FERA) qui est consacré à ce volet. C’est insuffisant au regard de l’ampleur du phénomène. • D’interdire le transport collectif interurbain nocturne en raison de la mauvaise visibilité, et parfois de l’état de fatigue des conducteurs. • Renouveler le parc automobile et prioritairement celui roulant dans l’interurbain Suite à l’accident de la circulation qui s’est produit aux environs de Gniby dans le village de Sikilo, faisant pour le moment plus de 40 décès (résultat provisoire) et plus de 100 blessés, le débat sur la sécurité routière a rejailli. 

Si elle désigne une pratique consistant à réduire les risques d’accidents sur les routes, elle implique les conducteurs, les piétons, les motocyclistes, et les autorités. Nous tous reconnaissons que c’est une question très difficile à résoudre mais qui demande une volonté politique audacieuse et un leadership affirmé pour dépasser la répétition de ces moments malheureux qui traumatisent des familles et des localités toutes entières. Nous nous inclinons devant la mémoire des disparus, présentons nos très sincères condoléances à leurs proches éplorés et à tous les Sénégalais et prions pour le repos miséricordieux de leur âme ainsi qu’un prompt rétablissement des blessés. 

Hamat SECK Doctorant (UGB) affilié au laboratoire LEÏDI Chercheur sur la mobilité durable

Fana Cissé

Mercredi 11 Janvier 2023 - 10:16


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