Les réactions se multiplient au lendemain de l’entretien accordé par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, à une partie de la presse nationale. Thierno Bocoum, ancien député et leader du mouvement AGIR, s’est exprimé sur la volonté affichée du chef de l’État de renforcer les prérogatives du Premier ministre.
Selon lui, l’article 50 de la Constitution permet déjà au président de la République de déléguer certains pouvoirs au chef du gouvernement par décret. Dans un post sur Facebook, il invite ainsi le Président Diomaye à prendre du recul et à se recentrer sur l’essentiel.
Voici l’intégralité de son message.
Au fil du temps, un portrait se dessine de ce président de la République, courtois et soigné, mais qui, en réalité, semble plus soucieux d'éviter la lourde responsabilité de gouverner tout en préservant ses privilèges. Il aspire à partager le pouvoir, mais jamais le palais. Il rêve d’un embouteillage institutionnel, là où le pouvoir se dilue sans éclat, sans friction ni vraie remise en question. Un magistère d’or, où les responsabilités sont légères, les tensions nulles, et où il se protège derrière des garanties et des concessions.
Dans le tourbillon des explications sans fin sur le franc CFA, face à l'indifférence persistante concernant les fonds politiques et à la quête illusoire d'un consensus sur la place du président de la République au sein du Conseil supérieur de la magistrature, le chef de l'État, Bassirou Diomaye Faye, s'accroche fermement à sa vision d'un Premier ministre tout-puissant.
« Je veux un Premier ministre super fort », proclame-t-il.
Sur ce terrain, le Président de la République n’entend ni consensus ni validation, car cette volonté est visiblement placée au sommet de ses priorités. Un engagement qu'il répète inlassablement, à chaque occasion, bien que ce sujet ne figure pas parmi les préoccupations majeures du peuple sénégalais.
Vouloir justifier une telle décision par le fait de ne pas vouloir tout accaparer est un argument bancal et totalement décalé de la réalité de ses possibilités de délégation.
En sa qualité de gardien de la constitution, le Président de la République doit savoir que la Constitution lui confère le pouvoir de « déléguer par décret certains pouvoirs au Premier Ministre ou aux autres membres du Gouvernement »
La balle est donc dans son camp. Il peut renforcer les pouvoirs de ses collaborateurs à travers des décrets sans aucune modification constitutionnelle, sauf si l'objectif est de procéder à un changement de régime politique.
Or le Président de la République affirme lui-même que le but n’est pas de changer de régime politique.
Seules certaines prérogatives, liées à son statut de président, échappent à cette délégation.
Sans ces prérogatives, un changement de régime serait de facto observé car il serait illusoire de garder le même système politique et de confier à son premier ministre, entre autres, la mission de déterminer la politique de la nation, de nommer les ministres, de promulguer des lois, de dissoudre l’Assemblée nationale, de garantir le bon fonctionnement des institutions…
Mieux encore, la Constitution lui permet de faire de son premier ministre un décisionnaire par décret. En effet, le dernier alinéa de l'article 50 de la Constitution sénégalaise stipule que le président peut « autoriser le Premier ministre à prendre des décisions par décret. »
Le président Bassirou Diomaye Faye devrait prendre du recul et se recentrer.
Il est agréable de l’entendre affirmer avec conviction qu'il a été élu par la grâce de DIEU. Qu’il prenne conscience que le poste qu’il occupe, et auquel ALLAH SWT l’a élevé, est celui de Président de la République, et non celui d’un fauteuil partagé dans un duo présidentiel.
Maintenant, il doit assumer pleinement son rôle et éviter un bicephalisme au sommet de l'État, car cela nuirait à l'équilibre des pouvoirs et à leur cohérence. Un risque de dualité et de querelles d’autorité au sein d’un même pouvoir serait fatal pour notre jeune nation.
Thierno Bocoum
Ancien parlementaire
Président AGIR
Selon lui, l’article 50 de la Constitution permet déjà au président de la République de déléguer certains pouvoirs au chef du gouvernement par décret. Dans un post sur Facebook, il invite ainsi le Président Diomaye à prendre du recul et à se recentrer sur l’essentiel.
Voici l’intégralité de son message.
Au fil du temps, un portrait se dessine de ce président de la République, courtois et soigné, mais qui, en réalité, semble plus soucieux d'éviter la lourde responsabilité de gouverner tout en préservant ses privilèges. Il aspire à partager le pouvoir, mais jamais le palais. Il rêve d’un embouteillage institutionnel, là où le pouvoir se dilue sans éclat, sans friction ni vraie remise en question. Un magistère d’or, où les responsabilités sont légères, les tensions nulles, et où il se protège derrière des garanties et des concessions.
Dans le tourbillon des explications sans fin sur le franc CFA, face à l'indifférence persistante concernant les fonds politiques et à la quête illusoire d'un consensus sur la place du président de la République au sein du Conseil supérieur de la magistrature, le chef de l'État, Bassirou Diomaye Faye, s'accroche fermement à sa vision d'un Premier ministre tout-puissant.
« Je veux un Premier ministre super fort », proclame-t-il.
Sur ce terrain, le Président de la République n’entend ni consensus ni validation, car cette volonté est visiblement placée au sommet de ses priorités. Un engagement qu'il répète inlassablement, à chaque occasion, bien que ce sujet ne figure pas parmi les préoccupations majeures du peuple sénégalais.
Vouloir justifier une telle décision par le fait de ne pas vouloir tout accaparer est un argument bancal et totalement décalé de la réalité de ses possibilités de délégation.
En sa qualité de gardien de la constitution, le Président de la République doit savoir que la Constitution lui confère le pouvoir de « déléguer par décret certains pouvoirs au Premier Ministre ou aux autres membres du Gouvernement »
La balle est donc dans son camp. Il peut renforcer les pouvoirs de ses collaborateurs à travers des décrets sans aucune modification constitutionnelle, sauf si l'objectif est de procéder à un changement de régime politique.
Or le Président de la République affirme lui-même que le but n’est pas de changer de régime politique.
Seules certaines prérogatives, liées à son statut de président, échappent à cette délégation.
Sans ces prérogatives, un changement de régime serait de facto observé car il serait illusoire de garder le même système politique et de confier à son premier ministre, entre autres, la mission de déterminer la politique de la nation, de nommer les ministres, de promulguer des lois, de dissoudre l’Assemblée nationale, de garantir le bon fonctionnement des institutions…
Mieux encore, la Constitution lui permet de faire de son premier ministre un décisionnaire par décret. En effet, le dernier alinéa de l'article 50 de la Constitution sénégalaise stipule que le président peut « autoriser le Premier ministre à prendre des décisions par décret. »
Le président Bassirou Diomaye Faye devrait prendre du recul et se recentrer.
Il est agréable de l’entendre affirmer avec conviction qu'il a été élu par la grâce de DIEU. Qu’il prenne conscience que le poste qu’il occupe, et auquel ALLAH SWT l’a élevé, est celui de Président de la République, et non celui d’un fauteuil partagé dans un duo présidentiel.
Maintenant, il doit assumer pleinement son rôle et éviter un bicephalisme au sommet de l'État, car cela nuirait à l'équilibre des pouvoirs et à leur cohérence. Un risque de dualité et de querelles d’autorité au sein d’un même pouvoir serait fatal pour notre jeune nation.
Thierno Bocoum
Ancien parlementaire
Président AGIR
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