L’entrepreneur Ibrahima Ndao a été discrètement arrêté par la Brigade de recherches (Br) de Keur - Massar puis déféré au parquet de Pikine-Guédiawaye. A la suite d'une information judiciaire, il a été inculpé et mis sous bracelet électronique. L'affaire fait suite à au soit-transmis du parquet de Pikine-Guédiawaye numéro 013 en date du 3 janvier 2024 reçu par les gendarmes le 5 janvier 2024. 5 jours plus tard, le mis en cause était en garde à vue, rapporte Libération.
D'après les informations du journal, dans la plainte, en objet, la ville de Guédiawaye soutient que suite à un versement de 79,986 millions de Fcfa effectué «par erreur» par le Trésor public à son profit dans le compte bancaire d'Ibrahima Ndao, ce dernier a refusé de restituer l'argent.
Ce que Ahmed Aïdara a dit aux gendarmes après la plainte de la ville de Guédiawaye
Face aux gendarmes, Ahmed Aidara a fourni des détails :«Cette affaire, objet de votre enquête, n'est pas une affaire personnelle qui m'oppose au sieur Ibrahima Ndao mais plutôt une affaire qui concerne la ville de Guédiawaye et Ibrahima Ndao. L’année dernière, dans le cadre des appuis aux établissements scolaires, la commune a lancé un appel d'offres pour la fourniture de kits scolaires. C'est ainsi que pour cette année 2023/2024, conformément aux procédures réglementaires, nous avons lancé un appel d'offres pour la livraison de fournitures scolaires d'un montant de 79.983.300 Fcfa que devait réaliser l'entreprise Comptoir commercial Dabakh. Etant donné que l'année dernière on avait fait le même marché avec la société Sotrel dont la personne morale est le sieur Ibrahima Ndao, le secrétaire général Babacar Gaye, qui établissait l'acte d'engagement, s'est trompé en laissant le numéro du compte de la société Sotrel, ce qui a fait que le Trésor public a viré l'argent dans son compte par erreur ».
Le maire de Guédiawaye d'ajouter dans sa déposition: «Je précise que c'est lui qui a contacté nos services pour les informer et dire qu'il ne comprenait pas. C'est ainsi que nous lui avons dit que c'était une erreur et étant donné que nous étions dans la période des fêtes de fin d'année, qu'il peut attendre le 2 janvier 2024 pour qu'on puisse savoir de quoi il s'agit réellement. A notre grande surprise, nous avons appris qu'il a émis plusieurs chèques pour retirer l'argent. Après plusieurs tentatives vaines de la joindre, la ville a déposé une plainte objet de votre enquête ».
Ibrahima Ndao évoque des «remises d'espèces» et des travaux au domicile du maire
Une version taillée en pièces par le mis en cause, qui s'est livré à un vrai déballage. «Je suis un opérateur économique et dans le cadre de mes activités, j'ai eu à réaliser des prestations au profit de la ville de Guédiawaye durant la période 2022-2023. Et après ces services exécutés, la ville de Dakar devait me payer un montant de 135.640.000 Fcfa. Donc l'argent versé dans mon compte est mon dû», a-t-il demandé aux enquêteurs.
Interpellé sur la nature de ces prestations, Ibrahima Ndao indique: «Effectivement, j'ai livré à la ville de Guédiawaye 654 lampadaires pour un montant de 71.940.000 Fcfa, 500 poulets pour un montant de 2 millions de Fcfa, 6 tonnes de dattes pour un montant de 14 millions de Fcfa, 9 tonnes de sucre pour un montant 9,9 millions de Fcfa, 7 millions de Fcfa remis en espèces, des réfections dans le bureau du maire pour un montant de 2 millions de Fcfa, des chaises et des tables de bureau pour un montant de 1 million de Fcfa, des travaux de décoration dans la mairie pour un montant de 2,5 millions de Fcfa, des ventilateurs pour un montant de 1 million de Fcfa, des réfections au domicile du maire pour un montant de 9,5 millions de Fcfa, des feux d' artifice pour un montant de 1 million de Fcfa, un montant de 15 millions de Fcfa remis en espèces, des lampadaires solaires installés dans le cimetière de Guédiawaye pour un montant de 800.000 Fcfa soit un total de 135.640.000 Fcfa ».
Le mis en cause de poursuivre: «Toutes ces réalisations sont effectuées au profit de la ville de Guédiawaye sauf les travaux que j’ai effectués au domicile du maire ; et c'est lui qui m'avait demandé de le faire et à l'issu, les rémunérations seront incluses dans le dossier de paiement »(…)
Le maire aux gendarmes: « Il ne m'a jamais rien donné, ni en main propre, ni par intermédiaire ».
Des accusations rejetées par Ahmed Aidara lors de son audition, en tant que partie civile : «Il ne m'a jamais rien donné ni en main propre, ni par intermédiaire. Nous n'avons signé aucun marché avec lui cette année. Je lui demande seulement, en réponse à ses allégations, comment le Trésor public peut payer des marchés qui n'existent pas? S'il pense qu'on lui doit de l'argent, il n'a qu'à nous montrer des preuves ».
Ibrahima Ndao soutient, à propos du marché: «Il n'y avait jamais d'écrits. Ce n'était que des marchés gré à gré, en présence de témoins. C’est après avoir versé le premier acompte que monsieur Oumar Sy m'a envoyé ces documents, donc je viens de savoir que la ville avait monté un dossier fictif ».
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