L’actualité de notre pays est généralement assez fournie de faits et de gestes, de paroles et de déclarations émanant principalement de nos « leaders d’opinion » ; ainsi va le Sénégal, le pays de la parlotte où savoir se taire est synonyme de timidité, de passivité ou d’indifférence. Avant de parler, selon l’adage, il faut tourner sept fois la langue, simple précaution pour éviter de dire des bêtises, de se dédire ou d’invoquer le prétexte trop facile du malentendu, du quiproquo...La sommation interpellative, on connaît aussi au regard des nombreux cas que nous avons suivis dans l’espace public ; le jeune Massaly a, semble-t-il, trop parlé en succombant à la magie des micros à lui tendus et avant lui, le patriarche Wade a laissé déborder le fleuve de son lit de valeurs socioculturelles, et bonjour les inondations et les dégâts collatéraux !
Tout a été dit sur cette énième dérive verbale : de façon unanime, les Sénégalais l’ont regrettée ou condamnée de la façon la plus tranchée ; par contre, l’on n’a pas assez loué la hauteur d’esprit et de cœur du principal concerné, le Président de la République. Et dans ce tournis de volée de bois vert, je brandis ma branche, ma plume pour positiver et tirer des leçons. La tolérance, le pardon, le silence dans la tempête sont des vertus à cultiver, à faire vivre au quotidien dans notre société et quand l’exemple nous vient d’en haut, il est tout à fait légitime de le magnifier tout simplement, sans parti pris, sans être thuriféraire...
Salut, l’Esclave !
Le Sérère que je suis peut se permettre une telle impertinence à l’endroit du Hal poular ; ce taquin de cousin ne rate d’ailleurs jamais l’occasion de me rendre la monnaie de ma pièce ! Et tous les jours, il nous faut rivaliser de plaisantes méchancetés pour remettre l’un à sa place d’esclave pendant que l’autre plastronne, fier comme un coq de sa royauté de basse-cour ! Toucouleur diamou sérère, combien de fois ne l’a-t-on entendu ! N’est-ce pas Madame FAYE Sall ? Voilà qu’on riposte de l’autre côté... En Casamance, la légende d’Aguène et de Diambone ajoute au fait que le sérère jouit de certaines faveurs, d’une certaine considération chez son esclave diola.
Vous êtes esclave ? Mais esclave de votre peuple, celui qui vous a élu maître de son destin; qui vous a fait confiance pour présider à sa destinée, avec une main de maître. Bien sûr, ce n’est pas l’avis de cet autre Maître qui n’accepterait jamais, dit-il, que l’on soit au- dessus de lui. Il ne saurait y avoir quelqu’un au dessus du Pape (du sopi) ! Bien sûr que la connotation est ici vexante, disons-le humiliante, dégradante ; il est aussi vrai que le clan Sall peut être estomaqué par cette nouvelle généalogie. Dans un autre contexte, on aurait applaudi, on aurait célébré cette fulgurante ascension sociale : un esclave iconoclaste, qui brûle toutes les étapes et devient Maître de treize millions de Sénégalais ! Mais acceptez donc, Monsieur le Président, d’être l’esclave de votre peuple ; vous vous êtes tu parce que vous aurez compris et pris en compte la lourdeur de la charge sur vos épaules frêles de serviteur ; méditez avec nous cette parole d’Evangile : qui s’élève sera rabaissé, qui se rabaisse sera élevé.
Finalement, ne sommes-nous pas tous des esclaves de quelqu’un ou de quelque chose ? En examinant l’ossature institutionnelle et sociale de notre pays, on se rend compte de l’interaction et de l’interdépendance de ses composantes ; tous les commis de l’Etat, c'est-à-dire ses employés subalternes, sont soumis à l’intérêt général, à la République, dans le sens profond du terme.
Le ministre tire son nom du service qu’il rend, c’est un serviteur ; le député et l’ambassadeur sont des envoyés, des missionnaires au service du peuple et de la Nation ; dans l’armée, le culte de la discipline et de la hiérarchie nous rappelle la dialectique des rapports entre le maître et l’esclave.
Quand nous appelons Dieu Maître de tout, Maître des hommes, ne sommes-nous pas ses esclaves ? D’ailleurs, c’est du même vocable « diaam » que dérive « diaamou », vénérer, adorer.
Quand nous nous plions en quatre pour donner à manger et à boire, pour vêtir et soigner, pour éduquer nos enfants, esclaves nous sommes, Maître-esclave est l’Etat à qui incombent les conditions optimales d’épanouissement du citoyen. Par ailleurs, les enseignants savent-ils que leur noble métier était une charge confiée à l’esclave, celle de conduire l’enfant grec à l’école ?
Dans les formations politiques, c’est le culte du leader-fondateur, c’est une seule constante adulée, hypertrophiée qui prend seul les grandes décisions du parti, sa propriété privée. (Un clin d’œil approbateur à ce chef de parti qui se fait désigner Premier serviteur !)
La grande leçon à tirer est celle de l’humilité pour tous ceux-là qui nous gouvernent ; depuis le régime socialiste, on les a vus ces hommes et femmes politiques, arrogants, hautains, au complexe de supériorité éhonté. Beaucoup parmi ces enfants terribles de la République ont perdu de leur superbe aujourd’hui, certains rasent les murs, d’autres ruminent silencieusement leurs regrets ou alors savourent discrètement leur butin de guerre politicienne. Hier dans l’anonymat, aujourd’hui en vedette, demain ils retomberont dans l’anonymat ; tel est le destin de tout homme public, tout le contraire chez cet homme qui refuse d’admettre sa chute fatale : de la rue au pouvoir, du pouvoir à la rue, il convoite à présent le pouvoir de la rue ! Par exemple, qui pouvait imaginer le tout puissant « Ministre du ciel et de la terre » en arriver à croupir en prison, en compagnie de tous ceux-là qui ont maille à partir avec la justice ?
Au bout du compte, au vu des réactions suscitées, il reste tout de même une certitude : malgré les agressions répétées de l’uniformisme culturel, le Sénégalais croit encore en ses valeurs fondamentales. La liberté d’expression érigée en loi fondamentale dans certains pays n’a de sens ici que si elle s’adosse à nos valeurs de respect, de tolérance, de pudeur, de discrétion, d’humilité, de dignité, d’honneur...Sur ce plan, les Sénégalais de tous bords ont dit non à ces fossoyeurs de notre substrat culturel ; non à cette logorrhée puante et salissante de certains de nos compatriotes qui ne sont mus que par leur intérêt personnel. Pour avoir incarné ces valeurs, par le silence, salut l’Esclave !
Tout a été dit sur cette énième dérive verbale : de façon unanime, les Sénégalais l’ont regrettée ou condamnée de la façon la plus tranchée ; par contre, l’on n’a pas assez loué la hauteur d’esprit et de cœur du principal concerné, le Président de la République. Et dans ce tournis de volée de bois vert, je brandis ma branche, ma plume pour positiver et tirer des leçons. La tolérance, le pardon, le silence dans la tempête sont des vertus à cultiver, à faire vivre au quotidien dans notre société et quand l’exemple nous vient d’en haut, il est tout à fait légitime de le magnifier tout simplement, sans parti pris, sans être thuriféraire...
Salut, l’Esclave !
Le Sérère que je suis peut se permettre une telle impertinence à l’endroit du Hal poular ; ce taquin de cousin ne rate d’ailleurs jamais l’occasion de me rendre la monnaie de ma pièce ! Et tous les jours, il nous faut rivaliser de plaisantes méchancetés pour remettre l’un à sa place d’esclave pendant que l’autre plastronne, fier comme un coq de sa royauté de basse-cour ! Toucouleur diamou sérère, combien de fois ne l’a-t-on entendu ! N’est-ce pas Madame FAYE Sall ? Voilà qu’on riposte de l’autre côté... En Casamance, la légende d’Aguène et de Diambone ajoute au fait que le sérère jouit de certaines faveurs, d’une certaine considération chez son esclave diola.
Vous êtes esclave ? Mais esclave de votre peuple, celui qui vous a élu maître de son destin; qui vous a fait confiance pour présider à sa destinée, avec une main de maître. Bien sûr, ce n’est pas l’avis de cet autre Maître qui n’accepterait jamais, dit-il, que l’on soit au- dessus de lui. Il ne saurait y avoir quelqu’un au dessus du Pape (du sopi) ! Bien sûr que la connotation est ici vexante, disons-le humiliante, dégradante ; il est aussi vrai que le clan Sall peut être estomaqué par cette nouvelle généalogie. Dans un autre contexte, on aurait applaudi, on aurait célébré cette fulgurante ascension sociale : un esclave iconoclaste, qui brûle toutes les étapes et devient Maître de treize millions de Sénégalais ! Mais acceptez donc, Monsieur le Président, d’être l’esclave de votre peuple ; vous vous êtes tu parce que vous aurez compris et pris en compte la lourdeur de la charge sur vos épaules frêles de serviteur ; méditez avec nous cette parole d’Evangile : qui s’élève sera rabaissé, qui se rabaisse sera élevé.
Finalement, ne sommes-nous pas tous des esclaves de quelqu’un ou de quelque chose ? En examinant l’ossature institutionnelle et sociale de notre pays, on se rend compte de l’interaction et de l’interdépendance de ses composantes ; tous les commis de l’Etat, c'est-à-dire ses employés subalternes, sont soumis à l’intérêt général, à la République, dans le sens profond du terme.
Le ministre tire son nom du service qu’il rend, c’est un serviteur ; le député et l’ambassadeur sont des envoyés, des missionnaires au service du peuple et de la Nation ; dans l’armée, le culte de la discipline et de la hiérarchie nous rappelle la dialectique des rapports entre le maître et l’esclave.
Quand nous appelons Dieu Maître de tout, Maître des hommes, ne sommes-nous pas ses esclaves ? D’ailleurs, c’est du même vocable « diaam » que dérive « diaamou », vénérer, adorer.
Quand nous nous plions en quatre pour donner à manger et à boire, pour vêtir et soigner, pour éduquer nos enfants, esclaves nous sommes, Maître-esclave est l’Etat à qui incombent les conditions optimales d’épanouissement du citoyen. Par ailleurs, les enseignants savent-ils que leur noble métier était une charge confiée à l’esclave, celle de conduire l’enfant grec à l’école ?
Dans les formations politiques, c’est le culte du leader-fondateur, c’est une seule constante adulée, hypertrophiée qui prend seul les grandes décisions du parti, sa propriété privée. (Un clin d’œil approbateur à ce chef de parti qui se fait désigner Premier serviteur !)
La grande leçon à tirer est celle de l’humilité pour tous ceux-là qui nous gouvernent ; depuis le régime socialiste, on les a vus ces hommes et femmes politiques, arrogants, hautains, au complexe de supériorité éhonté. Beaucoup parmi ces enfants terribles de la République ont perdu de leur superbe aujourd’hui, certains rasent les murs, d’autres ruminent silencieusement leurs regrets ou alors savourent discrètement leur butin de guerre politicienne. Hier dans l’anonymat, aujourd’hui en vedette, demain ils retomberont dans l’anonymat ; tel est le destin de tout homme public, tout le contraire chez cet homme qui refuse d’admettre sa chute fatale : de la rue au pouvoir, du pouvoir à la rue, il convoite à présent le pouvoir de la rue ! Par exemple, qui pouvait imaginer le tout puissant « Ministre du ciel et de la terre » en arriver à croupir en prison, en compagnie de tous ceux-là qui ont maille à partir avec la justice ?
Au bout du compte, au vu des réactions suscitées, il reste tout de même une certitude : malgré les agressions répétées de l’uniformisme culturel, le Sénégalais croit encore en ses valeurs fondamentales. La liberté d’expression érigée en loi fondamentale dans certains pays n’a de sens ici que si elle s’adosse à nos valeurs de respect, de tolérance, de pudeur, de discrétion, d’humilité, de dignité, d’honneur...Sur ce plan, les Sénégalais de tous bords ont dit non à ces fossoyeurs de notre substrat culturel ; non à cette logorrhée puante et salissante de certains de nos compatriotes qui ne sont mus que par leur intérêt personnel. Pour avoir incarné ces valeurs, par le silence, salut l’Esclave !
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