En portant ma plume sur une affaire interne à AJ, j'ai agi, tout en appelant les tenants de ce parti gramscien à la refondation et à l'évolution, au vu et au su de sa représentation et de sa représentativité parmi l'élite. La sérénité étant un humanisme.
Certes ma stature intellectuelle me recommandait de parler de la plus grande conspiration politique à laquelle, dangereusement, le Sénégal assisterait. Mais ma posture sociologique me l'en a empêché de peur de jeter du sable dans l'engrenage des acquis démocratiques d'un parti dont les animateurs font partie des rares démocrates à oser faire face à Senghor pour défendre la démocratie, en 1972.
Decroix, la cause de l'acteur (contribution publiée récemment dans la presse et sur Internet) aura, ma foi, fait couler beaucoup d'encre et de salive. Que nenni, je travaille sur des faits pour écrire. Ecrire avec responsabilité. Ecrire avec éthique. Avec une éthique active qui, plus qu'une étiquette, se veut un label de conviction et de responsabilité, éloigné de la frontière des ténèbres mais tout proche du sceau de Cicéron, celui-là dont le traité explique le destin des hommes dans un temps où se côtoient le bien et le mal. Ecrire surtout avec raison et, à juste raison. Avec lucidité. Avec foi. La foi en soi.
L'imagerie populaire a, pendant longtemps, voulu clouer à l'écran l'agent de télévision que je suis et d'étouffer ma plume dans le look accrocheur et séducteur d'une mine rayonnante de verbe, ne regardant que par le petit bout de la lorgnette et de la lucarne. Celle-là, habituellement, sujette aux détails accessoires. Heureusement, ma vision du monde l'interdit. Elle ne saurait préférer le paraître ostentatoire à la qualité du message à transmettre. Un musée. Un coffre-fort.
Ma vision exprime plutôt un goût à l'engagement et brise, par ricochet, le tabou de la suprématie du superficiel. Sans le savoir ni m'en rendre compte, cependant à force de m'appliquer, j'ai appris à sortir peu à peu de l'auberge et de l'hallucination.
Cet exercice, antérieur à la publication de mon premier ouvrage, me soulage et m'inspire davantage. Il est, pour moi, à la fois palliatif et tremplin. Donc tonic et basic. Et peu instinctif…
Il est vrai que, comme disent certains, "la contribution (Decroix, la cause de l'acteur) ne les renvoie pas (Landing et Decroix) dos à dos dans la lutte des palaces qui a pris la place dans leur lutte des classes" et qu'elle aurait plus profité à Decroix qu'à Landing mais il convient de souligner que toute démocratie a besoin d'un lobbying pensant et d'une conscience critique... Car, Pareto le rappelle dans son Traité de sociologie générale : «les aristocraties ne durent pas. Quelles qu'en soient les causes, il est incontestable qu'après un certain temps elles disparaissent. L'histoire est un cimetière d'aristocraties».
Sinon, pourquoi choisir la liquidation et non le renouvellement idéologique ? Pourquoi remplacer un plan politicien par un plan politique ? Pourquoi tout cela dans la mesure où politique n'est pas religion ? Les divinités démocratiques ne sont que le résultat d'elles-mêmes. Elles n'existent point d'ailleurs. Ce sont de fausses additions politiques.
Qui d'autre qu'Antonio Gramsci pouvait dire qu'un parti est un intellectuel collectif ? Qui d'autre que Karl Popper voulait savoir dans un contexte politique très hostile aux intellectuels : « comment confier le pouvoir aux meilleurs sans qu'ils en abusent » ? Si ce n'était leur profil ensoleillé dans la société de l'époque…
C'est un truisme que de le dire : toutes les démocraties ont leur majorité et leur minorité. D'ordinaire, «la responsabilité politique est entre les mains de minorités, explique un éminent politologue. Les autres sont apathiques ou profanes et préfèrent laisser à celles-là les prérogatives. Les partis politiques sont des organisations dirigées par une oligarchie».
Il me semble que dans ce Sénégal d'aujourd'hui, parfois, fait de libéralités et d'apostrophes intimidantes, la réflexion est trop défaitiste et que le pessimisme est outrageusement présent dans l'incapacité des «démocrates» à résoudre cette question.
Je ne cesserai de l'ergoter : la participation des élites à la construction et à l'ancrage démocratiques n'est pas le signe d'une exigence de soi et le symbole de la mise à nu des peuples dans leur vocation à suivre l'homme politique. Une telle conception de l'élitisme est une duperie, une fraude, et dans le meilleur des cas, un mirage.
Non, l'élite ne saurait trahir ou même faillir… Si la sociologie dit qu'il n'y a pas de prophète, il y a des temples c'est dans le seul but d'évoluer. Dans le champ de la raison, toute conviction est appelée à être confrontée à d'autres. Seule la foi ne s'efface pas.
Aujourd'hui, force est de reconnaître que les références se meurent. Et qui suit l'actualité, de quelque version que ce soit, doit clairement voir les problèmes sous-jacents qui se posent effectivement aux intellectuels et aux medias, principaux tenants de l'élitisme.
Qui plus est, la logique irrationnelle voudrait que les tenants du savoir et des faits au service de l'opinion choisissent, sans trop broncher, n'ayant plus le choix... Désormais pour exister, ils ne doivent point analyser ni comprendre. Pour exister, ils doivent plutôt se taire ou se vendre, se fondre dans les carcans politiques ou mourir. Que non, je continuerai à prendre position. Celle qui voudrait qu'on parle de la liquidation de la conscience des places. Celle qui voudrait qu'un auteur soit l'acteur de La cause du peuple.
Car, en bon évolutionnaire, je suis et reste un fervent défenseur des libertés et de la Praxis. Je suis contre tout bâillonnement démocratique, mais en même temps, je dis que la démocratie interne à un parti donné doit s'exercer en toute responsabilité et lorsqu'il est prouvé qu'il y a eu défaillance, la refondation s'applique. AJ doit s'y employer.
Car, je demeure convaincu que dans une démocratie, il faut avoir le courage de fendre l'armure d'un ego corporatiste himalayen. Cela est aujourd'hui le premier acte de vérité et de liberté intellectuelle. Dans mes pensées écrites, je continuerai à regarder les problèmes démocratiques en face. Cela augure déjà d'une thérapie. La fuite en avant n'a que trop duré.
Intellectuel, c'est une posture. Une liberté. Donc un acte intime. Notre liberté n'est pas à demander, c'est à nous de nous donner les moyens d'être libres. L'urgence de la réflexion est réelle. Une réflexion loin des intégrismes et dogmatismes. Il faut rompre, au Sénégal, avec cet essentialisme de la liberté démocratique qui est de l'ordre de l'illusion. Car de la liberté au mirage, il n'est qu'un limbe. Un abysse d'abîmes. L'exigence de vérité avec soi est un autre acte de liberté. A tout le moins ! Jugez-en. Mon principe est aussi profond que l'océan.
Alors, pour tout dire : AJ, agis tel un évolutionnaire ! Il ne s'agit point de rejeter ni d'amoindrir. En politique, seules les additions ont une valeur. Il s'agit plutôt de verser dans la refondation. Le cas échéant, toutes choses seraient compromission.
Issa Thioro GUEYE
Journaliste-Ecrivain
issathioro@gmail.com
Certes ma stature intellectuelle me recommandait de parler de la plus grande conspiration politique à laquelle, dangereusement, le Sénégal assisterait. Mais ma posture sociologique me l'en a empêché de peur de jeter du sable dans l'engrenage des acquis démocratiques d'un parti dont les animateurs font partie des rares démocrates à oser faire face à Senghor pour défendre la démocratie, en 1972.
Decroix, la cause de l'acteur (contribution publiée récemment dans la presse et sur Internet) aura, ma foi, fait couler beaucoup d'encre et de salive. Que nenni, je travaille sur des faits pour écrire. Ecrire avec responsabilité. Ecrire avec éthique. Avec une éthique active qui, plus qu'une étiquette, se veut un label de conviction et de responsabilité, éloigné de la frontière des ténèbres mais tout proche du sceau de Cicéron, celui-là dont le traité explique le destin des hommes dans un temps où se côtoient le bien et le mal. Ecrire surtout avec raison et, à juste raison. Avec lucidité. Avec foi. La foi en soi.
L'imagerie populaire a, pendant longtemps, voulu clouer à l'écran l'agent de télévision que je suis et d'étouffer ma plume dans le look accrocheur et séducteur d'une mine rayonnante de verbe, ne regardant que par le petit bout de la lorgnette et de la lucarne. Celle-là, habituellement, sujette aux détails accessoires. Heureusement, ma vision du monde l'interdit. Elle ne saurait préférer le paraître ostentatoire à la qualité du message à transmettre. Un musée. Un coffre-fort.
Ma vision exprime plutôt un goût à l'engagement et brise, par ricochet, le tabou de la suprématie du superficiel. Sans le savoir ni m'en rendre compte, cependant à force de m'appliquer, j'ai appris à sortir peu à peu de l'auberge et de l'hallucination.
Cet exercice, antérieur à la publication de mon premier ouvrage, me soulage et m'inspire davantage. Il est, pour moi, à la fois palliatif et tremplin. Donc tonic et basic. Et peu instinctif…
Il est vrai que, comme disent certains, "la contribution (Decroix, la cause de l'acteur) ne les renvoie pas (Landing et Decroix) dos à dos dans la lutte des palaces qui a pris la place dans leur lutte des classes" et qu'elle aurait plus profité à Decroix qu'à Landing mais il convient de souligner que toute démocratie a besoin d'un lobbying pensant et d'une conscience critique... Car, Pareto le rappelle dans son Traité de sociologie générale : «les aristocraties ne durent pas. Quelles qu'en soient les causes, il est incontestable qu'après un certain temps elles disparaissent. L'histoire est un cimetière d'aristocraties».
Sinon, pourquoi choisir la liquidation et non le renouvellement idéologique ? Pourquoi remplacer un plan politicien par un plan politique ? Pourquoi tout cela dans la mesure où politique n'est pas religion ? Les divinités démocratiques ne sont que le résultat d'elles-mêmes. Elles n'existent point d'ailleurs. Ce sont de fausses additions politiques.
Qui d'autre qu'Antonio Gramsci pouvait dire qu'un parti est un intellectuel collectif ? Qui d'autre que Karl Popper voulait savoir dans un contexte politique très hostile aux intellectuels : « comment confier le pouvoir aux meilleurs sans qu'ils en abusent » ? Si ce n'était leur profil ensoleillé dans la société de l'époque…
C'est un truisme que de le dire : toutes les démocraties ont leur majorité et leur minorité. D'ordinaire, «la responsabilité politique est entre les mains de minorités, explique un éminent politologue. Les autres sont apathiques ou profanes et préfèrent laisser à celles-là les prérogatives. Les partis politiques sont des organisations dirigées par une oligarchie».
Il me semble que dans ce Sénégal d'aujourd'hui, parfois, fait de libéralités et d'apostrophes intimidantes, la réflexion est trop défaitiste et que le pessimisme est outrageusement présent dans l'incapacité des «démocrates» à résoudre cette question.
Je ne cesserai de l'ergoter : la participation des élites à la construction et à l'ancrage démocratiques n'est pas le signe d'une exigence de soi et le symbole de la mise à nu des peuples dans leur vocation à suivre l'homme politique. Une telle conception de l'élitisme est une duperie, une fraude, et dans le meilleur des cas, un mirage.
Non, l'élite ne saurait trahir ou même faillir… Si la sociologie dit qu'il n'y a pas de prophète, il y a des temples c'est dans le seul but d'évoluer. Dans le champ de la raison, toute conviction est appelée à être confrontée à d'autres. Seule la foi ne s'efface pas.
Aujourd'hui, force est de reconnaître que les références se meurent. Et qui suit l'actualité, de quelque version que ce soit, doit clairement voir les problèmes sous-jacents qui se posent effectivement aux intellectuels et aux medias, principaux tenants de l'élitisme.
Qui plus est, la logique irrationnelle voudrait que les tenants du savoir et des faits au service de l'opinion choisissent, sans trop broncher, n'ayant plus le choix... Désormais pour exister, ils ne doivent point analyser ni comprendre. Pour exister, ils doivent plutôt se taire ou se vendre, se fondre dans les carcans politiques ou mourir. Que non, je continuerai à prendre position. Celle qui voudrait qu'on parle de la liquidation de la conscience des places. Celle qui voudrait qu'un auteur soit l'acteur de La cause du peuple.
Car, en bon évolutionnaire, je suis et reste un fervent défenseur des libertés et de la Praxis. Je suis contre tout bâillonnement démocratique, mais en même temps, je dis que la démocratie interne à un parti donné doit s'exercer en toute responsabilité et lorsqu'il est prouvé qu'il y a eu défaillance, la refondation s'applique. AJ doit s'y employer.
Car, je demeure convaincu que dans une démocratie, il faut avoir le courage de fendre l'armure d'un ego corporatiste himalayen. Cela est aujourd'hui le premier acte de vérité et de liberté intellectuelle. Dans mes pensées écrites, je continuerai à regarder les problèmes démocratiques en face. Cela augure déjà d'une thérapie. La fuite en avant n'a que trop duré.
Intellectuel, c'est une posture. Une liberté. Donc un acte intime. Notre liberté n'est pas à demander, c'est à nous de nous donner les moyens d'être libres. L'urgence de la réflexion est réelle. Une réflexion loin des intégrismes et dogmatismes. Il faut rompre, au Sénégal, avec cet essentialisme de la liberté démocratique qui est de l'ordre de l'illusion. Car de la liberté au mirage, il n'est qu'un limbe. Un abysse d'abîmes. L'exigence de vérité avec soi est un autre acte de liberté. A tout le moins ! Jugez-en. Mon principe est aussi profond que l'océan.
Alors, pour tout dire : AJ, agis tel un évolutionnaire ! Il ne s'agit point de rejeter ni d'amoindrir. En politique, seules les additions ont une valeur. Il s'agit plutôt de verser dans la refondation. Le cas échéant, toutes choses seraient compromission.
Issa Thioro GUEYE
Journaliste-Ecrivain
issathioro@gmail.com
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