Mouhamadou Barro, journaliste et membre de l'Association des Etudiants et Eleves Musulmans du Sénégal (AEEMS)
Les crises profondes et multiformes qui secouent notre pays semblent effacer toute lueur d'espoir dans l'esprit des sénégalais.
L'effritement généralisé des valeurs éthiques, morales et religieuses s'ajoutant au dénuement des populations et à la désacralisation de nos institutions, sont entre autres, les phénomènes qui risquent de mettre le pays dans le chaos si l’on n’y prend garde. De l'indépendance à l'an 2000, le Sénégal a connu beaucoup de dérives, avec de lourdes conséquences sur l’économie nationale, les libertés fondamentales et la démocratie. Cette mauvaise gestion du pays a été sanctionnée par le peuple à travers des élections libres, démocratiques et transparentes.
L'alternance est survenue mais le malheur nous a encore suivi, le changement s'est traduit en cauchemar chez les populations qui aspiraient à de réelles mutations. La transhumance politique, le manque de loyauté, le vol organisé et le mensonge sont devenus les jeux favoris de nos autorités. Les dirigeants ont fini de montrer leurs limites et leur manque de volonté à prendre en charge les préoccupations des citoyens. La course vers l'accessoire, le paraître, l'argent facile et la belle vie, ont malheureusement occupé le quotidien des nouveaux riches qui ont complètement perdu le nord. Le régime de Wade n’a pas su imprimer à la gestion du pays, la rigueur et l’orthodoxie républicaine.
Dans l’euphorie de la victoire, Abdoulaye Wade a très tôt posé les jalons de la désacralisation des fondements de notre jeune république. La banalisation des symboles de la république, l’absence de rigueur dans le choix des ministres, le tripatouillage de la constitution, le refus de dialogue politique et la patrimonialisation de l’état sont autant de dérapages qui ont caractérisé la gouvernance des libéraux. Mais ces comportements condamnables ne sont pas l’apanage des autorités suprêmes de l’Etat. La survivance et même l’accentuation d’actes antirépublicains et répréhensibles sont des pratiques qui gangrènent la gestion des collectivités locales ; les agents de l’administration, n’en parlons pas.
Le laxisme, la dilapidation des deniers publics, la spéculation foncière, et la banalisation de la corruption, sont des maux qui ont résisté à la volonté de changement des sénégalais, exprimée lors des élections de 2000. L’administration et la diplomatie ont perdue toute leur sacralité à cause du manque de vision et de la gestion informelle des politiques. Les électeurs qui ont mis fin au régime du parti socialiste en aspirant à une vie meilleure et à une sphère publique assainie vivent le calvaire à cause de l’incapacité du régime d’Abdoulaye Wade à proposer une véritable alternative dans la gestion du pays.
Les actes odieux et rétrogrades posés quotidiennement par nos autorités se sont accentués dans un pays où finalement les anti- valeurs et la déviance sont devenues les critères de promotion et de sélection pour occuper des postes de responsabilité dans les différents secteurs. La redistribution des richesses, au lieu de profiter à la majorité de la population, ne sert qu’à entretenir les réseaux politiciens et religieux. Pire, certaines autorités qui ont excellé dans la tortuosité font la pluie et le beau temps dans les médias et prennent ainsi en otage les sénégalais avec la complicité de la presse qui semble résumer l’actualité aux guerres de positionnement et aux débats de caniveau. Cette race de dirigeants sans pudeur qui se considère comme des héros nationaux, continue malheureusement de chercher refuge chez certains marabouts qui ne sont pas exempts de reproches.
Le Sénégal des malheurs, c’est aussi le pays de chefs religieux qui sont de connivence avec la classe dirigeante en foulant aux pieds les enseignements des textes sacrés pour satisfaire leurs intérêts bassement matériels. Certains marabouts qui devraient être des défenseurs de la liberté et de toutes les nobles causes des populations vulnérables et meurtries, ont préféré devenir des marionnettes et des thuriféraires des politiciens en quête de légitimité. Au même moment, dans d’autres pays, il n’est pas rare de voire le religieux en ligne de mire pour se soulever, au prix de sa vie, contre l’injustice de l’Etat et les dérives anti-démocratiques. Les dirigeants politiques bénéficiant de ce soutien religieux ont ainsi réussi à annihiler toute tentative de conquête des libertés, en réprimant, les yeux fermés, toutes les revendications des citoyens.
Et le comble est arrivé avec l’inertie des potentiels contres pouvoirs qui semblent perdre toute capacité d’indignation, de contestation et de mobilisation des masses. Les populations sénégalaises ont aussi du chemin à faire pour changer les choses. Les mauvais comportements, l’absence d’actions citoyennes désintéressées et le manque de sacrifice sont des souillures qui doivent être lavées ou combattues au sein de nos familles, de nos organisations et dans tous les espaces publics et privés. Les potentielles forces vives de la société ne portent plus les combats d’intérêt général à cause d’un manque d’organisation et d’engagement citoyen. Le Sénégal des malheurs c’est aussi le pays des syndicats, des journalistes et des organisations de la société civile, qui ne manifestent dans les rues que quand leurs intérêts égoïstes sont menacés. Les rares manifestations de rues notées ces dernières années n’ont jamais directement remis en cause les pouvoirs en place.
L’opposition politique, baptisée « opposition de salon » qui a perdu toute crédibilité, a presque capitulé face au régime libéral presque en lambeau. Notre pays est loin de Mai 1968 : la grève des étudiants avait posé, non pas des revendications intra muros, mais celles qui visaient un ordre établi par les tenants du pouvoir. Ces manifestations, portées par les étudiants avaient provoqué des changements majeurs de nos institutions et des rapports entre les gouvernants et les citoyens. Le Sénégal est aussi loin de la période des grandes grèves générales menées par les centrales syndicales pour croiser le fer avec le régime socialiste. Ces rudes batailles populaires et efficaces ont toujours amené nos autorités d’alors à mieux prendre en compte les complaintes et préoccupations des populations. Ce dynamisme des forces sociales et politiques, qui a valu à notre pays de réelles avancées démocratiques jusqu’en l’an 2000, semble malheureusement disparu face au régime de Wade qui a installé la peur chez les sénégalais.
La fragmentation des mouvements traditionnels de contestation, surtout celle des organisations syndicales, est l’une des prouesses du régime de Wade, au grand dam des populations désarmées et martyrisées par la misère.
L'effritement généralisé des valeurs éthiques, morales et religieuses s'ajoutant au dénuement des populations et à la désacralisation de nos institutions, sont entre autres, les phénomènes qui risquent de mettre le pays dans le chaos si l’on n’y prend garde. De l'indépendance à l'an 2000, le Sénégal a connu beaucoup de dérives, avec de lourdes conséquences sur l’économie nationale, les libertés fondamentales et la démocratie. Cette mauvaise gestion du pays a été sanctionnée par le peuple à travers des élections libres, démocratiques et transparentes.
L'alternance est survenue mais le malheur nous a encore suivi, le changement s'est traduit en cauchemar chez les populations qui aspiraient à de réelles mutations. La transhumance politique, le manque de loyauté, le vol organisé et le mensonge sont devenus les jeux favoris de nos autorités. Les dirigeants ont fini de montrer leurs limites et leur manque de volonté à prendre en charge les préoccupations des citoyens. La course vers l'accessoire, le paraître, l'argent facile et la belle vie, ont malheureusement occupé le quotidien des nouveaux riches qui ont complètement perdu le nord. Le régime de Wade n’a pas su imprimer à la gestion du pays, la rigueur et l’orthodoxie républicaine.
Dans l’euphorie de la victoire, Abdoulaye Wade a très tôt posé les jalons de la désacralisation des fondements de notre jeune république. La banalisation des symboles de la république, l’absence de rigueur dans le choix des ministres, le tripatouillage de la constitution, le refus de dialogue politique et la patrimonialisation de l’état sont autant de dérapages qui ont caractérisé la gouvernance des libéraux. Mais ces comportements condamnables ne sont pas l’apanage des autorités suprêmes de l’Etat. La survivance et même l’accentuation d’actes antirépublicains et répréhensibles sont des pratiques qui gangrènent la gestion des collectivités locales ; les agents de l’administration, n’en parlons pas.
Le laxisme, la dilapidation des deniers publics, la spéculation foncière, et la banalisation de la corruption, sont des maux qui ont résisté à la volonté de changement des sénégalais, exprimée lors des élections de 2000. L’administration et la diplomatie ont perdue toute leur sacralité à cause du manque de vision et de la gestion informelle des politiques. Les électeurs qui ont mis fin au régime du parti socialiste en aspirant à une vie meilleure et à une sphère publique assainie vivent le calvaire à cause de l’incapacité du régime d’Abdoulaye Wade à proposer une véritable alternative dans la gestion du pays.
Les actes odieux et rétrogrades posés quotidiennement par nos autorités se sont accentués dans un pays où finalement les anti- valeurs et la déviance sont devenues les critères de promotion et de sélection pour occuper des postes de responsabilité dans les différents secteurs. La redistribution des richesses, au lieu de profiter à la majorité de la population, ne sert qu’à entretenir les réseaux politiciens et religieux. Pire, certaines autorités qui ont excellé dans la tortuosité font la pluie et le beau temps dans les médias et prennent ainsi en otage les sénégalais avec la complicité de la presse qui semble résumer l’actualité aux guerres de positionnement et aux débats de caniveau. Cette race de dirigeants sans pudeur qui se considère comme des héros nationaux, continue malheureusement de chercher refuge chez certains marabouts qui ne sont pas exempts de reproches.
Le Sénégal des malheurs, c’est aussi le pays de chefs religieux qui sont de connivence avec la classe dirigeante en foulant aux pieds les enseignements des textes sacrés pour satisfaire leurs intérêts bassement matériels. Certains marabouts qui devraient être des défenseurs de la liberté et de toutes les nobles causes des populations vulnérables et meurtries, ont préféré devenir des marionnettes et des thuriféraires des politiciens en quête de légitimité. Au même moment, dans d’autres pays, il n’est pas rare de voire le religieux en ligne de mire pour se soulever, au prix de sa vie, contre l’injustice de l’Etat et les dérives anti-démocratiques. Les dirigeants politiques bénéficiant de ce soutien religieux ont ainsi réussi à annihiler toute tentative de conquête des libertés, en réprimant, les yeux fermés, toutes les revendications des citoyens.
Et le comble est arrivé avec l’inertie des potentiels contres pouvoirs qui semblent perdre toute capacité d’indignation, de contestation et de mobilisation des masses. Les populations sénégalaises ont aussi du chemin à faire pour changer les choses. Les mauvais comportements, l’absence d’actions citoyennes désintéressées et le manque de sacrifice sont des souillures qui doivent être lavées ou combattues au sein de nos familles, de nos organisations et dans tous les espaces publics et privés. Les potentielles forces vives de la société ne portent plus les combats d’intérêt général à cause d’un manque d’organisation et d’engagement citoyen. Le Sénégal des malheurs c’est aussi le pays des syndicats, des journalistes et des organisations de la société civile, qui ne manifestent dans les rues que quand leurs intérêts égoïstes sont menacés. Les rares manifestations de rues notées ces dernières années n’ont jamais directement remis en cause les pouvoirs en place.
L’opposition politique, baptisée « opposition de salon » qui a perdu toute crédibilité, a presque capitulé face au régime libéral presque en lambeau. Notre pays est loin de Mai 1968 : la grève des étudiants avait posé, non pas des revendications intra muros, mais celles qui visaient un ordre établi par les tenants du pouvoir. Ces manifestations, portées par les étudiants avaient provoqué des changements majeurs de nos institutions et des rapports entre les gouvernants et les citoyens. Le Sénégal est aussi loin de la période des grandes grèves générales menées par les centrales syndicales pour croiser le fer avec le régime socialiste. Ces rudes batailles populaires et efficaces ont toujours amené nos autorités d’alors à mieux prendre en compte les complaintes et préoccupations des populations. Ce dynamisme des forces sociales et politiques, qui a valu à notre pays de réelles avancées démocratiques jusqu’en l’an 2000, semble malheureusement disparu face au régime de Wade qui a installé la peur chez les sénégalais.
La fragmentation des mouvements traditionnels de contestation, surtout celle des organisations syndicales, est l’une des prouesses du régime de Wade, au grand dam des populations désarmées et martyrisées par la misère.
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