Le locataire du palais présidentiel en passe de cohabiter avec un vice-président si la loi passe
Avec le président Abdoulaye Wade, on a l’impression de ne jamais toucher le fond. Chaque jour réserve sa dose de surprise. Avec notre chef d’Etat bien éclairé, on n’est pas à un étonnement près. Cela n’est pas, paradoxalement, surprenant pour quelqu’un qui se définit comme un homme nuancé. Mais cela n’autorise pas tout. Les créations suivies de dissolutions du Craes, du Conseil économique et social et du Senat sont les témoins illustres de cette course vers l’insolite.
Talleyrand avait bien raison de dire que tout ce qui est excessif est insignifiant. Sa pensée épouse parfaitement ce que la démocratie sénégalaise vit actuellement notamment avec le dernier avatar de la vice-présidence de la République. Un projet de loi en procédure d’urgence est mis en œuvre cette semaine pour instituer, un poste de vice-président(e) pour renforcer, clame-t-on, la présence des femmes dans les instances de décision. Mon œil !
Quelle urgence y a-t-il à instaurer une vice-présidence dans un contexte économique et social difficile ? Quelle nécessité y a-t-il également à nommer un(e) vice-président(e) alors qu’il y a un Premier ministre et une quinzaine de ministres d’Etat ? Les réponses citoyennes coulent de source !
Le tour de passe-passe consistant à maquiller du fard féminin le projet est une manœuvre cousue de fil blanc. La volonté (apparente) de rétablir une injustice n’est pas critiquable dans le fond mais la démarche sent à mille lieues la combine. L’approche genre n’est que l’arbre qui cache la forêt dense des visées et ambitions politiques. Il n’y a pas intérêt à vouloir opposer les femmes aux hommes. C’est simplement est inopérant. Ils sont complémentaires comme les lames d’une bonne paire de ciseaux ou les deux unités d’une harmonieuse paire de chaussures.
Si la vice-présidence appartient aux femmes, cela voudrait dire que la présidence, elle, appartiendrait exclusivement aux hommes. C’est un cadeau empoisonné.
Cela va sans dire que l’opportunité et l’utilité de la vice-présidence sont problématiques.
Le genre est ici plus l’artifice que l’essence du poste à ériger. Si le souhait ne souffrait d’aucune ambiguïté de promouvoir les femmes, n’aurait-il pas été plus simple et efficace de densifier la participation des valeureuses dames au gouvernement qui vient d’être mis en place. 5 femmes seulement sur 35 ministres (y compris PM et Secrétaire général) ?
Le Sénégal, réputé, pour la qualité de ses ressources humaine, ne manque pas assurément une dizaine voire une quinzaine de femmes compétentes pour prendre place au gouvernement.
Au lieu de cela, on crée un embouteillage au balcon de l’exécutif avec toutes les lourdeurs institutionnelles, budgétaires et politiques.
Dans une récente chronique, nous parlions de gouvernance de quantité, en lieu et place de la légitime gouvernance de qualité, nous sommes loin d’apercevoir le bout du tunnel. Même les constitutionnalistes et les politologues perdent leur latin dans cet embrouillamini juridico-politique. La charte fondamentale en vient à être assimilée ironiquement par certains à un cahier de brouillon qui, à force de ratures devient illisible.
Il nous faut retourner à l’orthodoxie et aux soucis citoyens qui exigent de poser quotidiennement des actes qui n’ont pour finalité absolue que la satisfaction des préoccupations des populations au nom desquelles se fait l’action politique. Seule cette politique est durable et viable.
Créer un écran de fumée « vice-présidentielle » pour brouiller les pistes de la succession est un calcul risqué pour la bonne gouvernance au regard des tensions politiques, sociales et économiques inutiles qui peuvent en découler. Si la création de ce poste aboutit, ce sera l’illustration après le gouvernement élastique, que la leçon du 22 mars a été non sue.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
Talleyrand avait bien raison de dire que tout ce qui est excessif est insignifiant. Sa pensée épouse parfaitement ce que la démocratie sénégalaise vit actuellement notamment avec le dernier avatar de la vice-présidence de la République. Un projet de loi en procédure d’urgence est mis en œuvre cette semaine pour instituer, un poste de vice-président(e) pour renforcer, clame-t-on, la présence des femmes dans les instances de décision. Mon œil !
Quelle urgence y a-t-il à instaurer une vice-présidence dans un contexte économique et social difficile ? Quelle nécessité y a-t-il également à nommer un(e) vice-président(e) alors qu’il y a un Premier ministre et une quinzaine de ministres d’Etat ? Les réponses citoyennes coulent de source !
Le tour de passe-passe consistant à maquiller du fard féminin le projet est une manœuvre cousue de fil blanc. La volonté (apparente) de rétablir une injustice n’est pas critiquable dans le fond mais la démarche sent à mille lieues la combine. L’approche genre n’est que l’arbre qui cache la forêt dense des visées et ambitions politiques. Il n’y a pas intérêt à vouloir opposer les femmes aux hommes. C’est simplement est inopérant. Ils sont complémentaires comme les lames d’une bonne paire de ciseaux ou les deux unités d’une harmonieuse paire de chaussures.
Si la vice-présidence appartient aux femmes, cela voudrait dire que la présidence, elle, appartiendrait exclusivement aux hommes. C’est un cadeau empoisonné.
Cela va sans dire que l’opportunité et l’utilité de la vice-présidence sont problématiques.
Le genre est ici plus l’artifice que l’essence du poste à ériger. Si le souhait ne souffrait d’aucune ambiguïté de promouvoir les femmes, n’aurait-il pas été plus simple et efficace de densifier la participation des valeureuses dames au gouvernement qui vient d’être mis en place. 5 femmes seulement sur 35 ministres (y compris PM et Secrétaire général) ?
Le Sénégal, réputé, pour la qualité de ses ressources humaine, ne manque pas assurément une dizaine voire une quinzaine de femmes compétentes pour prendre place au gouvernement.
Au lieu de cela, on crée un embouteillage au balcon de l’exécutif avec toutes les lourdeurs institutionnelles, budgétaires et politiques.
Dans une récente chronique, nous parlions de gouvernance de quantité, en lieu et place de la légitime gouvernance de qualité, nous sommes loin d’apercevoir le bout du tunnel. Même les constitutionnalistes et les politologues perdent leur latin dans cet embrouillamini juridico-politique. La charte fondamentale en vient à être assimilée ironiquement par certains à un cahier de brouillon qui, à force de ratures devient illisible.
Il nous faut retourner à l’orthodoxie et aux soucis citoyens qui exigent de poser quotidiennement des actes qui n’ont pour finalité absolue que la satisfaction des préoccupations des populations au nom desquelles se fait l’action politique. Seule cette politique est durable et viable.
Créer un écran de fumée « vice-présidentielle » pour brouiller les pistes de la succession est un calcul risqué pour la bonne gouvernance au regard des tensions politiques, sociales et économiques inutiles qui peuvent en découler. Si la création de ce poste aboutit, ce sera l’illustration après le gouvernement élastique, que la leçon du 22 mars a été non sue.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
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