Les protestataires, comme ceux de Y'en a marre, ont pris conscience de leur puissance. © Reuters Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Sénégal : Wade a ouvert la boîte de Pandore | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur
L’heure est grave au Sénégal. La preuve ? L’absence d’Abdoulaye Wade au 17e sommet de l’Union africaine, à Malabo. Le président sénégalais n’a pas pour habitude de snober la grand-messe panafricaine. Mais « quand le navire traverse des eaux troubles, il est préférable que le capitaine reste à la barre », explique un de ses conseillers. La métaphore est faible. La forte houle et les vents violents, c’était il y a quelques semaines, quand les habitants des banlieues de Dakar brûlaient des pneus pour dénoncer les délestages. Aujourd’hui, le navire « Sopi » est à deux doigts du naufrage. L’eau pénètre de toutes parts. Et les bras pour écoper se font de plus en plus rares.
En une semaine, Abdoulaye Wade a perdu gros. Le 23 juin, il a dû reculer face à la colère des Sénégalais, retirant au dernier moment le projet de loi constitutionnelle qui devait assurer sa réélection en février prochain. Cette retraite lui coûtera cher, estime le politologue Babacar Justin Ndiaye : « En période de guerre, il ne faut jamais capituler en rase campagne. Il aurait mieux fait de demander aux députés de voter contre. Cela aurait renforcé l’image démocratique du pays. »
Cocktail explosif
Au contraire, la décision du président a ouvert la boîte de Pandore. « Désormais, les Sénégalais savent qu’ils peuvent changer les choses en descendant dans la rue », clame Fadel Barro, l’un des leaders du mouvement Y’en a marre. Qui s’en inquiète presque : « Les jeunes sont en colère. On a du mal à les maîtriser. C’est un cocktail explosif. » La preuve : le 27 juin au soir, des milliers d’entre eux, rendus fous de rage par un énième délestage, sont descendus dans la rue. Des agences de la Senelec, la société nationale d’électricité, ont été saccagées, des bâtiments publics incendiés. Le lendemain, le gouvernement a fait appel à l’armée…
Le recul présidentiel a donc galvanisé la rue, mais aussi requinqué l’opposition. Le Benno Siggil Sénégal, coalition constituée de 35 partis et associations, était au bord de l’implosion ; il s’est ressoudé. Le 20 juin, Macky Sall et Landing Savané devaient répondre à un ultimatum lancé par les autres partis de l’alliance : soit ils acceptaient le principe d’un candidat unique, soit ils allaient voir ailleurs. La « trouvaille » de Wade les en a dispensés. Mieux : une vingtaine d’autres partis et organisations de la société civile, dont Y’en a marre, se sont joints au Benno pour former le Mouvement du 23 juin, qui exige que le président renonce publiquement à se présenter l’an prochain.
Enfin, la tourmente gagne le camp Wade lui-même. Déjà secoué par les départs de ses « historiques », dont Macky Sall et Idrissa Seck, le Parti démocratique sénégalais (PDS) est mal en point. « De nombreux cadres, y compris des ministres et des députés, n’avaient pas été mis dans la confidence de la nouvelle loi. Ils l’ont très mal pris », indique l’un d’eux. « Beaucoup se sont sentis trahis. » Ceux-là pourraient rejoindre les anciens du parti. Muet depuis des semaines, Seck est d’ailleurs sorti du bois, le 30 juin, en annonçant sa candidature à la présidentielle. Son objectif : attirer les cadres libéraux pour battre « le Vieux ».
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Source: Rémi Carayol (Jeune Afrique)
En une semaine, Abdoulaye Wade a perdu gros. Le 23 juin, il a dû reculer face à la colère des Sénégalais, retirant au dernier moment le projet de loi constitutionnelle qui devait assurer sa réélection en février prochain. Cette retraite lui coûtera cher, estime le politologue Babacar Justin Ndiaye : « En période de guerre, il ne faut jamais capituler en rase campagne. Il aurait mieux fait de demander aux députés de voter contre. Cela aurait renforcé l’image démocratique du pays. »
Cocktail explosif
Au contraire, la décision du président a ouvert la boîte de Pandore. « Désormais, les Sénégalais savent qu’ils peuvent changer les choses en descendant dans la rue », clame Fadel Barro, l’un des leaders du mouvement Y’en a marre. Qui s’en inquiète presque : « Les jeunes sont en colère. On a du mal à les maîtriser. C’est un cocktail explosif. » La preuve : le 27 juin au soir, des milliers d’entre eux, rendus fous de rage par un énième délestage, sont descendus dans la rue. Des agences de la Senelec, la société nationale d’électricité, ont été saccagées, des bâtiments publics incendiés. Le lendemain, le gouvernement a fait appel à l’armée…
Le recul présidentiel a donc galvanisé la rue, mais aussi requinqué l’opposition. Le Benno Siggil Sénégal, coalition constituée de 35 partis et associations, était au bord de l’implosion ; il s’est ressoudé. Le 20 juin, Macky Sall et Landing Savané devaient répondre à un ultimatum lancé par les autres partis de l’alliance : soit ils acceptaient le principe d’un candidat unique, soit ils allaient voir ailleurs. La « trouvaille » de Wade les en a dispensés. Mieux : une vingtaine d’autres partis et organisations de la société civile, dont Y’en a marre, se sont joints au Benno pour former le Mouvement du 23 juin, qui exige que le président renonce publiquement à se présenter l’an prochain.
Enfin, la tourmente gagne le camp Wade lui-même. Déjà secoué par les départs de ses « historiques », dont Macky Sall et Idrissa Seck, le Parti démocratique sénégalais (PDS) est mal en point. « De nombreux cadres, y compris des ministres et des députés, n’avaient pas été mis dans la confidence de la nouvelle loi. Ils l’ont très mal pris », indique l’un d’eux. « Beaucoup se sont sentis trahis. » Ceux-là pourraient rejoindre les anciens du parti. Muet depuis des semaines, Seck est d’ailleurs sorti du bois, le 30 juin, en annonçant sa candidature à la présidentielle. Son objectif : attirer les cadres libéraux pour battre « le Vieux ».
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Source: Rémi Carayol (Jeune Afrique)
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