Dimanche, le chef de la police militaire, Mokhtar Farfana, a annoncé la suspension du Parlement libyen. L’homme est originaire de la ville de Zintan, dans l’ouest, ville dont les puissantes milices ont attaqué le Parlement et soutiennent « l’Opération Dignité » lancée à l’est vendredi.
Cet homme ne commande aucune des milices de Zintan mais il fait partie de l’armée et bénéficie donc d’une certaine légitimité. Selon plusieurs sources, c’est certainement pour cette raison que les groupes de Zintan ont annoncé la suspension du Parlement à travers lui. Les milices de Zintan ont déclaré qu’elles ne comptaient pas rester au pouvoir. Elles auraient demandé à l’Assemblée constituante de prendre la place du Parlement.
Demande rejetée par les constituants qui estiment que ce n’est pas dans leur mandat.
Les milices de Zintan pourraient désormais solliciter la Cour constitutionnelle pour qu’elle dirige le pays en attendant la tenue de nouvelles élections.
Les hommes qui ont attaqué le Parlement ont voulu insister sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’Etat. C’est ce dont les accusent pourtant les autorités de Tripoli.
Autre foyer de tensions : Benghazi, dans l'est
Une attaque à la roquette contre la base militaire aérienne a eu lieu dans la nuit du 18 au 19 mai. Depuis vendredi les habitants de la grande ville de l'Est vivent dans la terreur.
Le général Haftar a lancé vendredi ses miliciens dans des opérations contre des groupes d'islamistes radicaux. Le général est loin d'être un inconnu et son parcours intrigue.
Khalifa Haftar était un proche de Mouammar Kadhafi. Général d'armée, il part faire la guerre contre le Tchad dirigé par Hissène Habré. Mais la campagne tourne mal. A Ouadi Doum, en mars 87, l'officier est capturé avec plusieurs centaines de soldats.
Kadhafi le lâche, et Haftar change de camp pour rejoindre le FNSL, le plus important groupe de contrass, les opposants au guide libyen. Washington, partenaire du Tchad, le repère. Selon des experts, la CIA se met à former Khalifa Haftar et quelques 700 hommes, en vue d'une déstabilisation de Tripoli. Le général prend même la tête de l'Armée nationale libyenne, la branche armée du FNSL.
Mais la chute d'Hissène Habré et l'arrivée au pouvoir d'Idriss Déby change la donne. Washington exfiltre les contrass, d'abord au Nigéria, en RDC, puis au Kenya. En route, la moitié d'entre eux rentre au pays. Haftar lui devient finalement réfugié aux Etats-Unis, plus précisément à Vienna, en Virginie, à quelques kilomètres du siège de la CIA. L'officier y passera plus de 20 ans, avant son grand retour au pays, en mars 2011, dans le camp rebelle.
En mars dernier, il appelle l'armée à prendre le pouvoir. S'ensuit cette campagne contre les islamistes de Benghazi. Autant dire que le général joue un jeu trouble, tantôt vu comme un patriote, tantôt comme un pion des Américains.
Source : Rfi.fr
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