Depuis plusieurs jours, d'épaisses fumées s'échappent des hauteurs du mont Chaambi. C'est la technique du ratissage par le feu : l'armée tunisienne incendie des pans entiers de montagne pour en déloger les groupes armés.
Parallèlement, jeudi, des opérations terrestres ont été menées donnant lieu à des combats. Selon les militaires, plusieurs éléments jihadistes sont actuellement encerclés mais sur un large périmètre. Vendredi, l'armée annonce s'être déployée massivement sans communiquer le nombre exact de troupes mais des pièces d'artillerie ont été acheminées au pied de cette montagne bordant la frontière algérienne et où les autorités tunisiennes assurent pourchasser des éléments d'al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis le mois de décembre.
Renforts aériensParallèlement, des hélicoptères bombardent la zone aidés par des avions de chasse qui appuient des tanks déployés au sol. Malgré un imposant dispositif, les autorités assurent pour l’instant n'avoir arrêté ni tué aucun élément de cette brigade jihadiste. Elle serait composée d'Algériens, de Tunisiens, mais aussi de vétérans revenus du nord du Mali.
Ce renforcement des opérations fait suite à la mort de 8 soldats dont 5 égorgés et mutilés dans une embuscade, quelques jours après l'assassinat du député Mohamed Brahmi dans lequel des salafistes sont incriminés par les autorités. Depuis, 4 bombes artisanales ont explosé en Tunisie dont deux au domicile de deux terroristes présumés, tuant l'un deux et blessant le deuxième.
Soutien opérationnel de l'Algérie
Depuis plusieurs semaines, la lutte anti-terroriste de l’armée tunisienne se fait avec le soutien algérien. Au lendemain du meurtre des huit militaires tunisiens, mercredi 31 juillet, Alger avait fermé sa frontière. Cela n’a certes duré que quelques heures, mais le geste est clair. L’armée algérienne participera à la lutte anti-terroriste tunisienne, et pour cause : parmi les hommes retranchés au mont Chambi, il y a des algériens.
Il y a quelques jours, les forces de sécurité algérienne ont arrêté l’un d’entre eux, près d’El Oued, dans le sud de la zone frontalière avec la Tunisie.
Selon le journal El Watan, il s’agit d’un émir appelé Abou Fida, qui était recherché des deux côtés de la frontière. La presse algérienne affirme que, pendant le Ramadhan, des jihadistes ont tenté de se déplacer de la Tunisie vers l’Algérie.
Les autorités refusent de confirmer, mais le ministre algérien de l’Intérieur a expliqué que les services de renseignements des deux pays coopéraient et que l’armée algérienne a renforcé ses moyens de contrôle aux frontières.
La Tunisie en « phase de transition »
Pour le chercheur Mathieu Guidère, spécialiste du monde arabe et des mouvements terroristes islamistes, « il y a eu une évolution dans cette traque puisque le gouvernement (tunisien, ndlr), dominé par les islamistes, a hésité un moment, ce qui a paralysé l’armée tunisienne et les services de police », les empêchant de prime abord d’agir efficacement. Mais, note le chercheur interrogé par RFI, « aujourd’hui, ce n’est plus le cas. L’ensemble de la classe politique dirigeante est d’accord pour régler ce problème ». Sauf que, estime Mathieu Guidère, la Tunisie « ne dispose pas des moyens humains et matériels pour lutter de manière rapide et efficace contre ces groupes ». Evoquant une « forme de terrorisme militarisé », il juge que la Tunisie est désormais entrée dans « une phase transitoire : après le consensus politique, globalement, on essaye de construire des unités efficaces de lutte contre ces phénomènes ».
Source : Rfi.fr
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