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​La dépigmentation de la peau, une pratique dangereuse qui persiste au Mali

La dépigmentation de la peau est devenue un phénomène de société persistant à Bamako, la capitale malienne où, 70 à 90% de femmes dont la tranche d’âge varie entre "18 et 25 ans s'éclaircissent délibérément la peau", selon un constat du Dr Jean Dembele, dermatologue dans une polyclinique de la ville, qui juge la pratique dangereuse.



La dépigmentation consiste à utiliser des produits cosmétiques à base d’hydroquinone ou de corticoïdes, dans le but d’éclaircir la peau, avec des risques de ne pas obtenir un teint uniforme car il y a des parties du corps qui ne changent pas (ou changent difficilement) de couleur, notamment les doigts, les genoux, coude, contour des yeux…
 
A en croire M. Dembélé, l'utilisation des produits dépigmentants "fait perdre la souplesse de la peau tout en ayant des conséquences fâcheuses dont le vieillissement de (celle-ci) suivi d'un cancer à la longue". Les consommateurs des produits éclaircissants s’exposent "à des complications bactériennes et/ou parasitaires sans le savoir, pouvant occasionner des conséquences fâcheuses pour la peau comme la gale, le cancer etc.", ajoute t-il. Selon ce spécialiste, "les femmes de plus de 25 ans prennent (progressivement) conscience" des inconvénients de l’éclaircissement cutané.
 
La dépigmentation de la peau est devenue véritablement un phénomène de société au Mali. Bien nombreuses sont les bamakoises qui considèrent le teint clair comme un facteur de beauté. Aussi n'hésitent-elles pas à se livrer à cette pratique, surtout dès la fin de la période hivernale. Plusieurs maliens s'accordent à dire que le phénomène a pris une ampleur considérable en raison notamment du fait que de jeunes filles prennent pour modèles des chanteuses locales, qui en sont adeptes. En dépit des nombreuses sensibilisations médiatiques visant à décourager l’utilisation de ces produits, certaines maliennes s’acharnent, dans la lutte contre la couleur d’ébène. Pourtant, dans les pays sahéliens, les utilisateurs s'exposent à des maladies de la peau favorisées par le climat chaud.
 
Salie Diarra, âgée de 27 ans, confie, sourire aux lèvres, que la période de fraîcheur qui suit directement la période hivernale est "propice" à la pratique. "Je me sens encore plus belle quand le teint de ma peau est plus rayonnant", ajoute t-elle. Pour sa part, Fatoumata Kouma, une dame âgée de 42 ans qui s’éclaircit la peau depuis l'adolescence dit être "au courant du danger que l’utilisation de ces produits implique" mais avoue que "ce n’est pas facile du tout de laisser".
 
Madina Koïna, 30 ans, au contraire, ne partage pas ces points de vue. Elle dit se sentir "plus belle que toutes celles qui éclaircissent leur peau"  parce que sa "beauté est naturelle". Selon elle, "une femme est une fleur qui doit briller de mille feux mais ce n’est pas pour autant qu’elle doit carrément changer son teint d’origine". Les avis de la gent masculine sur ce phénomène de société sont également divergents. Ousmane Keïta, 35 ans, trouve qu’une "femme claire est attirante et que c’est beau à voir".
 
Par contre Aboubacar Coulibaly, 48 ans, considère la pratique tant convoitée par des maliennes comme "haram (abomination)". Pour ce chef d’une famille nombreuse, "une femme doit garder la couleur que Dieu lui a donnée et l’homme qui accepte la dépigmentation chez sa femme est un pédé (gai)". L’éclaircissement de la peau est un phénomène qui a commencé à se répandre en Afrique subsaharienne à partir des années 80.

Source : Alerte Info


Mardi 15 Décembre 2015 - 12:01


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