Au Mali, les propos de Jean-Yves le Drian passent mal au sein de la mission des Nations unies (Minusma). « On ne comprend pas trop ce qu’il a voulu dire », lâche un cadre de la force onusienne, visiblement en colère, mais soucieux de ne pas alimenter la polémique. Une autre source, qui s’occupe des affaires politiques au sein de la Minusma, estime que les propos du ministre français cherchent surtout « une consommation domestique » pour justifier, auprès de l’opinion française, l’implication militaire au Mali. « C’est une façon de présenter les choses, mais ce n’est pas très agréable pour nous », confie cette source, qui reconnaît que la montée en puissance de la Minusma a été « très lente au début », mais qui considère que « cela fait un moment que la mission est plus étoffée et plus solide ».
Ce qui froisse la Minusma, c'est en particulier un chiffre. Une source française indiquait récemment que seuls 22% des casques bleus de la force de l'ONU sont déployés au-delà de la boucle du fleuve Niger. Une contre-vérité, répond la force onusienne dans un communiqué, avançant le chiffre de 80%, soit précisément 6 600 casques bleus sur les 8 250 que compte la mission. Mais en réalité, les Nations unies et la France ne parlent pas tout à fait de la même zone. Ce qui est pointé du doigt par Paris, c'est la faible présence onusienne dans l'extrême nord du Mali, au nord d'Almoustarat, où l'armée malienne ne se déploie plus, et en particulier autour d'Aguelock, Tessalit et Kidal.
Dans cette zone, les attaques se sont multipliées ces dernières semaines. On estime qu'entre 2 000 et 2 500 casques bleus sont déployés. Dans son communiqué, la Minusma assure qu'elle se déploie progressivement, conformément à son mandat, et qu'elle va renforcer sa présence dans le nord « dans les semaines qui viennent avec l'arrivée de nouveaux contingents ». Le ministre français des Affaires étrangères a par ailleurs annoncé que les forces françaises vont « prendre le relais de la Minusma, à Tessalit en particulier, et de façon intérimaire ». Rappelons qu'au plus fort de l'opération Serval au Mali, les Français étaient 4 500 dans le pays, contre un millier actuellement. Un désengagement, lui aussi pointé du doigt comme l'une des causes de l'insécurité actuelle dans le nord du Mali.
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