C’est le match phare de cette fin de saison. Celui que toute l’Europe attend depuis le mois de septembre. A San Siro, le Real Madrid et l’Atlético se disputaient la finale de la Ligue des Champions. Cette rencontre apparaissait comme une revanche à la finale de Lisbonne où il y a deux ans, le Real avait arraché la victoire à son voisin grâce notamment à un but égalisateur de Sergio Ramos à deux minutes de la fin du match. Aujourd’hui, les deux équipes ont un peu changé. Le Real visait une 11e victoire dans cette compétition quand l’Atlético tentait de soulever le trophée pour la première fois de son histoire. Débarqué il y a six mois sur le banc de touche de la Casa Blanca, Zidane a remis un vestiaire en confiance. L’entraîneur alignait son équipe type avec la BBC en attaque. En face, Diego Simeone mettait lui un onze classique. Seule petite surprise, il préférait Savic à Gimenez en défense centrale.
Dans ce genre de contexte très tendu, l’expérience et la maîtrise des émotions font souvent la différence. C’est ce que démontrait le Real Madrid dans un début de rencontre à son avantage. Si la première alerte venait d’une volée écrasée de Koke après un centre de Saul (5e), les Merengues répondaient immédiatement avec cette reprise de Benzema repoussée sur sa ligne par Oblak (6e). Mieux en place dans tous les secteurs du jeu, le Real ouvrit logiquement la marque. Après un nouveau coup-franc évitable pour l’Atlético, la déviation de la tête de Bale permettait à un Sergio Ramos, légèrement hors-jeu, de marquer à bout portant (1-0, 15e). Ce but confirmait la domination des protégés de Zidane. Les Colchoneros éprouvaient les pires difficultés à s’approcher des buts de Navas. Griezmann et Torres courraient après de rares longs ballons sans pouvoir les bonifier. De l’autre côté du terrain, il fallait une parade décisive d’Oblak sur un centre-tir de Benzema pour empêcher le but du break à la mi-temps (32e). Simeone devait trouver les mots à la mi-temps pour donner les clés du match à son équipe.
L’entrée de Carrasco combinée à la sortie de Carvajal a changé la donne
Le coach argentin changeait même ses plans en faisant entrer Carrasco à la place de Augusto Fernandez. Les pensionnaires du Calderon affichaient de suite un tout autre visage. Ils se permettaient même de croire en une égalisation lorsque Pepe déséquilibrait Torres dans sa surface. Griezmann s’avançait au point de penalty mais catapultait le cuir sur la barre (48e). Les dieux du football étaient peut-être avec le Real mais l’équipe subissait un nouveau coup dur avec la sortie sur blessure de Carvajal. Danilo le remplaçait (52e) mais il n’offrait clairement pas les mêmes garanties défensives. Le latéral droit prenait l’eau de toute part dans son couloir à cause de chevauchées fantastiques de Carrasco. Ainsi, l’Atlético poussait pour égaliser. Godin puis Savic manquaient une belle opportunité (54e) et la reprise de Saul fuyait le cadre (59e). Le Real faisait le dos rond et se projetait en contre. Modric offrait une balle de but à Benzema mais l’attaquant perdait son duel face à Oblak (70e). Bale voyait ensuite Savic repousser sa frappe sur sa ligne empêchant le but du break (78e).
Après le penalty manqué, c’était cette fois-ci le Real qui subissait un vrai tournant dans cette rencontre. Car quelques secondes plus tard, l’Atlético repartait à l’attaque. Après une combinaison entre Gabi et Juanfran, Carrasco surgissait au second poteau et crucifiait Keylor Navas (1-1, 79e). La pression était désormais sur les épaules du Real. Zidane avait déjà effectué ses trois changements alors que son équipe flanchait physiquement. Ramos devait même se sacrifier sur un dernier contre de Carrasco alors qu’une belle occasion se profilait (90e+3) mais il écopait seulement d’un jaune. Durant les prolongations, la fatigue gagnait les joueurs qui ne parvenaient plus à attaquer de manière coordonnée. Une tête de Ronaldo manquée venait inquiéter un Oblak tout heureux de voir le ballon lui arriver dans les bras (94e), et un tir de Vazquez contré in-extremis par Lucas Hernandez, empêchaient de faire la décision. Les deux équipes s’en remettaient alors aux tirs au but. Seul Juanfran, avant dernier tireur de son équipe, manquait sa tentative en frappant directement sur le poteau. C’est donc Ronaldo qui envoyait le Real Madrid décrocher sa 11e Ligue des Champions.
L’homme du match : Ramos (8) très solide dans l’axe, le capitaine a dominé son sujet de la tête aux pieds. Impérial dans les airs, solide dans les duels, impeccable à la relance, le champion du Monde 2010 n’a jamais tremblé. Cerise sur le gâteau, c’est lui qui ouvre le score en devançant Savic dans son duel même s’il semble légèrement hors-jeu (15e). Un nouveau but en finale de Ligue des Champions après celui inscrit à Lisbonne. Averti pour avoir annihilé une occasion de but en toute fin de rencontre (90e+3).
Real Madrid :
Keylor Navas (5,5) : assez peu sollicité en première mi-temps où seul Koke (6e) et Griezmann (40e) ont cadré leurs tentatives, le portier a tout de même rassuré par ses prises de balle. Davantage mis à contribution en seconde période, il n’a pas non plus été décisif. Il voit sa barre transversale repousser le penalty de Griezmann et ne peut rien faire sur le but de Carrasco (79e).
Carvajal (6,5) : averti très tôt dans le match après un tacle à retardement sur Griezmann (11e), le latéral a néanmoins rempli son rôle. Sans briller, il a fait le job autant en défense qu’en attaque. Parfois mis en retard sur les montées tranchantes de Felipe Luis, il a trouvé les solutions et s’est permis de distribuer quelques centres dangereux. Blessé, il a dû céder sa place en larmes à Danilo (2) (52e). Le Brésilien a affiché ses lacunes au grand jour. Pris de vitesse, pas rassurant, et dépassé, il a même laissé Lucas Vazquez prendre son attaquant sur le but égalisateur de Carrasco. Il a terminé averti après une grosse faute d’antijeu sur le Belge (93e).
Pepe (7) : rassurant même si la vitesse de Griezmann ou le pressing de Torres l’ont parfois gêné, le Portugais a livré une bonne prestation. Il a été bon dans ses sorties sur les attaquants adverses à l’image de ce contre sur Koke (62e) et dans ses interventions défensives. Néanmoins, il a bien failli relancer la rencontre en concédant un penalty après une faute sur Torres (47e). Malgré cet épisode, il n’a pas sombré et a su rester concentré.
Ramos (8) : voir ci-dessus.
Marcelo (6) : pas très rassurant en début de rencontre où Saul a pris le dessus, le défenseur s’est parfaitement repris distillant de bons ballons dans son couloir et se permettant même de magnifiques transversales. Plus en difficultés en seconde période où le replacement de Griezmann à droite lui a compliqué la tâche. Sur le but égalisateur de Carrasco, le centre vient de son côté.
Casemiro (7,5) : encore un gros match de sa part ce soir. Il a énormément travaillé au milieu interceptant et récupérant de nombreux ballons, coupant ainsi les attaques colchoneros. Le Brésilien a contraint ses adversaires à devoir utiliser plus de passes latérales. Sa complémentarité avec sa défense centrale s’est révélée très efficace et il s’est même permis quelques montées.
Modric (5) : moins en vue que ses compères au milieu, il a rendu une copie assez propre, montant en puissance au fur et à mesure de la rencontre. Discret dans un premier temps, il s’est contenté de distribuer le jeu. Plus dans la lumière ensuite, il a contribué à l’équilibre collectif du Real en alternant les changements de régime. Il aurait pu être passeur décisif si Benzema n’avait pas perdu son duel face à Oblak (70e). Il a eu du mal à terminer la rencontre et a perdu quelques ballons.
Kroos (6) : l’Allemand a été précieux ce soir, notamment par la qualité de ses coups de pied arrêtés qui ont toujours amené le danger, preuve en est avec l’ouverture du score de Ramos (15e). Son jeu long a permis à son équipe de jouer vite. Très présent aussi dans le rempli défensif, il a empêché l’Atléti de développer ses offensives. Sorti à la place d’Isco (5) (72e) qui n’a pas montré grand chose, cherchant en vain des décalages. Il s’est tout de même sacrifié défensivement alors que son équipe était à la peine.
Bale (6) : le Gallois a connu un match à deux visages. Excellent durant la première mi-temps, il a été le principal animateur de son équipe. Dès le début, on l’a senti très en jambes prenant de vitesse tous ses adversaires grâce à ses prises de balle déroutantes. Il offrait également un bon travail défensif pour épauler Carvajal. Seulement, il a disparu en seconde période, ne profitant pas des quelques contres. Pour couronner le tour, il voit Savic repousser sa frappe sur sa ligne, ce qui aurait été le but du break (78e).
Benzema (3,5) : après un bon début de match, la prestation du Français s’est étiolée au fil du match. Présent au pressing, il frôle l’ouverture du score dès la 6e minute en reprenant un coup-franc de Bale. Ses quelques fulgurances ont globalement déstabilisé la défense adverse comme sur ce centre-tir (32e) mais c’est trop peu. Remplacé parLucas Vazquez (6) à la 77e qui a de suite dynamité le front de l’attaque. Il manque une belle occasion de suite après son entrée. Dans la minute qui suivait, l’Atlético égalisait. La cruauté du plus haut niveau.
Cristiano Ronaldo (3,5) : un peu comme Benzema, le triple Ballon d’Or n’aura pas vraiment brillé dans cette rencontre. Secoué d’entrée par les joueurs de l’Atlético, il a montré au grand jour qu’il était diminué physiquement. Il a trop rarement pris le dessus et n’a jamais réussi à terminer ses actions. Il doit regretter sa tête ratée durant les prolongations (94e). Il se rattrape en marquant le tir au but décisif.
Atlético Madrid :
Oblak (6,5) : encore une belle performance de l’ancien de Benfica, auteur de plusieurs parades décisives. Dès la 6e minute, il était déjà décisif avec un arrêt sur un tir à bout portant de Benzema, en plus d’une belle main sur un centre du Français (32e). Et le Slovène a dégouté le natif de Bron à plusieurs reprises, comme sur ce face à face qu’il a finalement remporté (70e). On notera cependant une certaine fébrilité dans ses sorties aériennes. Pas décisif dans la séance de tirs au but.
Juanfran (6,5) : le latéral droit de la Roja a réalisé un match correct, sans plus. Il n’a pas réellement été inquiété par Cristiano Ronaldo sur son côté. Il fait cependant la faute un peu stupide qui se conclut par le but de Ramos. Offensivement, on l’a déjà vu plus productif, mais c’est lui qui est l’auteur de la passe décisive sur le but de l’égalisation, avec un joli centre pour Yannick Ferreira-Carrasco. Malheureusement pour lui, il manque le pénalty décisif.
Savic (7) : préféré à Giménez dans l’axe de la défense ce soir. S’il y a hors-jeu sur le but de Ramos, c’est tout de même lui qui était au marquage du défenseur espagnol. Il n’a pas été abattu par ce but et a réalisé plusieurs interventions décisives face aux attaquants merengues. Il sauve aussi le ballon sur sa ligne sur une frappe de Gareth Bale par exemple (78e). Une prestation solide au final
Godín (7) : comme à son habitude, il a été impérial défensivement et il n’a rien à se reprocher, si ce n’est peut-être quelques actions sans conséquences sur lesquelles il a été mis en difficulté, face à Benzema notamment. Très bon dans le jeu aérien, il a aussi été dans les bons coups derrière, comme le prouve son tacle au dernier moment sur Cristiano Ronaldo alors que le Portugais semblait filer seul au but (69e).
Filipe Luis (4) : habituellement costaud défensivement, le Brésilien a eu énormément de mal défensivement face à Gareth Bale, qui a fait la différence à pratiquement chaque ballon touché. Il a aussi été mis en difficulté par Benzema plusieurs fois. Offensivement, il n’a que trop peu apporté, se montrant assez maladroit dans ses montées, ratant beaucoup de passes et de centres à destination de ses coéquipiers. On a tout de même vu du mieux en fin de match. Blessé, il a dû laisser sa place au jeune Lucas Hernandez(non-noté) à la 107e. Le jeune français a peu joué, mais a eu le temps de réaliser une belle intervention sur Lucas Vazquez (119e).
Gabi (6) : le capitaine de l’Atlético a tenu son rang aujourd’hui. Sans briller, il a été très propre balle au pied, trouvant ses coéquipiers entre les lignes à chaque fois. Défensivement, il s’est aussi bien employé, comme d’habitude, et a parfois tenu la baraque à lui seul. Il lance Juanfran avec un super ballon piqué pour que ce dernier adresse le centre sur le but de l’égalisation. Un gros match pour le taulier, qui devra encore attendre pour fêter un titre à son Atleti.
Augusto (4) : très généreux dans l’effort et n’hésitant pas à aller au combat, il a cependant perdu beaucoup de duels au milieu. L’Argentin n’a pas fait les bons choix balle au pied, en plus de n’avoir que trop pesé à la relance et à l’élaboration du jeu. Il a laissé sa place à Yannick Ferreira-Carrasco (7,5) à la pause. Le Belge, un peu brouillon balle au pied, a souvent tenté sa chance dans le un-contre-un, avec une réussite assez moyenne. Il est cependant bien placé pour marquer le but de l’égalisation et a ainsi relancé les siens. Un but qui l’a mis en confiance, puisqu’il a ensuite gagné presque tous ses duels, sa technique et sa vitesse faisant la différence. Il s’est peut-être blessé au genou en toute fin de match.
Koke (7) : l’international espagnol a semblé très à l’aise sur la pelouse ce soir. Très utile sur les séquences défensives grâce à son pressing incessant et son travail de sape sur ses vis-à-vis, il a surtout brillé dans la construction. Il ne cessait de changer de position, et touchait énormément de ballons dans l’entre-jeu, qu’il distribuait ensuite sans erreur. Il a été providentiel en deuxième période, quand l’Atlético a mis le pied sur le ballon. Il était la plaque tournante au milieu, jouant tous les ballons intelligemment. Lui aussi blessé, il est sorti en lieu et place de Thomas (non-noté) à la 117e,
Saúl (5,5) : le jeune milieu colchonero a perdu énormément de ballons et n’a pas semblé dans le rythme de la rencontre pendant la majorité de la première période. Au retour des vestiaires, Diego Simeone l’a replacé dans l’axe, où il est monté en puissance, s’offrant même des occasions à l’image de cette reprise de volée de l’extérieur de la surface, non cadrée (59e). Un match en dents de scie pour la pépite espagnole de l’Atlético.
Griezmann (3,5) : le Français a vécu une première période compliquée. Souvent obligé de décrocher pour toucher des ballons, il s’est la plupart du temps heurté aux défenseurs du Real Madrid, et a donc ensuite souvent tenté sa chance de loin, sans succès. Il a raté un pénalty dès le début de la deuxième période, l’envoyant sur la barre transversale. Il ne s’en est pas remis, et a ensuite raté multitude de passes. Ce pénalty manqué risque de laisser des traces.
Fernando Torres (2) : très discret à la pointe de l’attaque, il était complètement muselé par le duo Ramos-Pepe, qui ne lui laissait pratiquement aucun espace. La stat était édifiante : il n’a réussi aucune passe pendant les premières 45 minutes ! Même son de cloche en deuxième période, où il n’est que très rarement intervenu, toujours aussi bien neutralisé par la défense. Un match à oublier tant sur le plan individuel que sur le plan collectif pour l’enfant de la maison rojiblanca.
Source: Footmercato
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