Dans un communiqué rendu public lundi, Amnesty International Sénégal et la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) se disent « vivement préoccupées par la violence qui prévaut actuellement au Sénégal et qui a déjà fait au moins neuf morts, des dizaines de blessés et causé des dommages considérables aux biens publics et privés ».
Les deux ONG « considèrent que cette violence est la conséquence de l’arrêté scélérat pris par le ministre de l’Intérieur pour interdire les manifestations sur la voie publique dans le quartier du Plateau à Dakar pendant toute la durée de la campagne électorale ».
Elles rappellent au ministre de l’Intérieur et au préfet de Dakar « qu’en vertu de la hiérarchie des normes juridiques, cet arrêté ne peut avoir une valeur supérieure à la loi électorale qui accorde aux candidats à l’élection présidentielle le droit d’organiser des manifestations partout sur le territoire national dans le cadre de leur campagne ».
Pour AI/S et la LSDH, « les droits de rassemblement et de manifestation pacifiques sont en outre garantis par la Constitution et les traités régionaux et internationaux dont le Sénégal est partie et leur limitation ne peut être justifiée que par des circonstances exceptionnelles que ne peut représenter une campagne électorale, moment par excellence d’exercice de ces droits ».
Elles ont également appelé « au retrait immédiat dudit arrêté et au strict respect des droits fondamentaux des candidats et des citoyens à organiser des manifestations pacifiques ».
Par ailleurs, les ONG condamnent « l’usage disproportionné de la force par les services de sécurité, notamment l’usage parfois injustifié de balles réelles, de balles à blanc et de grenades lacrymogènes contre des manifestants ».
Elles ont réaffirmé « leur ferme détermination à œuvrer pour que les auteurs des violations graves des droits humains (meurtres, tortures, blessures intentionnées) et ceux qui leur ont donné des ordres soient traduits en justice devant les juridictions nationales ou internationales ».
Amnesty International Sénégal et la LSDH ont appelé en outre « à la cessation de toute poursuite judiciaire contre les membres du mouvement Y en a marre et tous les manifestants arrêtés alors qu’ils exerçaient leur droit de manifester de façon pacifique ».
Selon les organisations de défense de droits de l’homme, « l’élection présidentielle du 26 février ne pourra être libre, démocratique et transparente si la campagne électorale se déroule dans un climat d’intimidations, d’arrestations et de répression aveugle contre des candidats et des manifestants pacifiques ».
Avec l’Agence de presse sénégalaise (APS)