La prévention a commencé dès l'apparition de l'épidémie en Guinée. C'est d'abord la vente et la consommation de viande de brousse qui ont été interdites. Des postes avancés ont été installés à la frontière avec la Guinée pour prendre la température de ceux qui veulent rentrer en Côte d'Ivoire. Puis, certains postes frontaliers avec le Liberia ont été fermés. Les marchés forains, qui drainaient des populations libériennes, ont aussi été proscrits. Dans cette région rurale, où les villages sont isolés dans la forêt, le respect des consignes d'hygiène repose sur les autorités préfectorales.
Des populations parfois réfractaires aux messages gouvernementaux
« On va dans un village où il y a un passage pour aller au Liberia, un passage clandestin. Les populations sont tellement difficiles qu'il faut vraiment être au contact avec elles. Politiquement parlant c'était une population acquise à la cause de l'ancien régime, donc tout ce que nous faisons très souvent a des connotations », explique Kouassi Koffi, le sous-préfet de Tiobli qui a fait une tournée sur ces chemins accidentés.
Le sous-préfet de Tiobli s’inquiète surtout des traversées clandestines. Les gens sont de la même ethnie de part et d'autre de la frontière et, il y a quelques jours, sept Libériens ont été accueillis non loin de là. A chaque étape, le sous-préfet convoque les habitants, notamment le comité de veille composé des cadres du village, un dispositif mis en place dans chaque hameau de la zone.
Changer les habitudes
Les populations semblent prendre la mesure du danger. « On dit : la précaution avant la guérison. Au Liberia, ils pensaient que c'était amusement », juge Albertine Gbeh Pehinon, l'une des représentantes des femmes du village de Gueiede, lui aussi tout proche du Liberia. Selon elle, de l’autre côté de la frontière, « les gens mentent, ils ont négligé », et de plaider, auprès des autres femmes du village, de se protéger, et de « surveiller, pour ne pas que la maladie arrive chez vous. »Depuis quelques jours, on ne se touche plus pour se saluer, pour éviter tout risque de contagion . Une nouvelle habitude qui contrarie Serge Tian, l'un des notables de Pekan-Houebly. « Nous aimons les contacts directs, mais lorsqu'il faut laisser l'étranger à distance, ça nous laisse sur notre faim, regrette-t-il. Ça fait partie de nos coutumes. Et quand on vient pour la première fois pour nous dire : "Vos frères libériens qui traversent et qui viennent, arrêtez de les recevoir", eh bien c'est difficile! "Arrêtez d'être en contact avec les animaux sauvages", c'est difficile, au départ. Mais avec les informations qui nous parviennent lorsque nous regardons la télé, lorsque nous écoutons la radio, nous avons de réelles raisons de prendre conscience. »
Les équipes médicales se préparent au pire
Et dans ces zones isolées, les équipes sanitaires s’organisent pour être prêtes si un cas se présente. Les agents de l'Institut national d'hygiène publique ont formé tous les personnels sanitaires de la zone frontalière et distribué des kits d'urgence dans chaque centre de santé. Drissa Soro, le jeune infirmier de Tiobli, est seul avec une sage-femme pour une population de 5 000 personnes. Il est assez stressé : « C'est très précieux. Ça, c'est le masque, voici les gants à usage unique, les combinaisons qu'on doit porter en cas de cas suspect, tout le corps est couvert comme ce qu'on voit à la télé. On a du coton, du perfalgan, de l'alcool pour nettoyer les thermomètres qu'on utilise sur le terrain. Ça, c'est les tubes secs pour faire les prélèvements. C'est du matériel qu'on doit utiliser en cas d'urgence. Sincèrement en cas de crise ça va chauffer. »
Pour être préparé au mieux en cas de crise, justement, les autorités ont organisé jeudi dernier une simulation grandeur nature entre Kandopleu et Biankouma, près de la frontière guinéenne : un faux patient, détecté dans un petit centre de santé, puis transféré dans le centre d'isolement d'un hôpital. Raymonde Goudou Coffie, la ministre de la Santé, est globalement satisfaite par l'opération. « Nous avons relevé quelques petites faiblesses. Ce ne sont pas des choses extrêmement notables. Cette simulation, c'est juste pour éprouver nos équipes. La position de la Côte d'Ivoire peut être une porte ouverte à l'entrée du virus Ebola dans notre pays, et c'est la raison pour laquelle nous voulons être prêts si d'aventure un cas se présentait. » Le film de cette simulation sera distribué sous peu dans les centres de santé et les préfectures de la région.
Source : Rfi.fr
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