Un texte consacré à la crise des violences sexuelles sur mineurs dans l’Eglise, signé par le pape émérite Benoît XVI, publié dans la revue chrétienne allemande Klerusblatt et relayé par des sites conservateurs, a provoqué une onde de choc dans les milieux catholiques, jeudi 11 avril. Car s’il se conclut par des remerciements au pape François (que l’ancien pontife dit avoir « contacté » avant la publication), il propose une analyse de la crise qui est aussi un gigantesque retour en arrière.
Il n’y est plus question ni de crimes, ni de causes systémiques, ni d’abus de conscience et de pouvoir, encore moins de cléricalisme, toutes notions que l’Eglise catholique a, avec plus ou moins d’enthousiasme et sous la pression des affaires, interrogées ces trois dernières années.
Depuis sa renonciation, en 2013, Benoît XVI, qui va fêter ses 92 ans dans quelques jours, prend rarement la plume pour écrire des articles directement liés à l’actualité. Il le fait aujourd’hui en se référant explicitement à la réunion de tous les présidents de conférence épiscopale organisée à Rome en février, autour du thème de la pédophilie. Le pape émérite est crédité d’avoir, le premier, pris la mesure de l’ampleur du phénomène et, surtout, d’avoir facilité la répression des coupables. Mais, dans ce texte, il renvoie la cause de la pédocriminalité à « l’absence de Dieu » et au changement dans la morale sexuelle à partir des années 1960.
La « révolution de 68 », affirme-t-il, aurait fait de la pédophilie quelque chose de « permis et d’approprié ». « Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En fin de compte, la raison en est l’absence de Dieu », écrit-il. Car « un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde dépourvu de sens » et donc « sans notion de bien et de mal ». Mais alors, pourquoi autant de prêtres s’en sont-ils rendus coupables ?
Cet affaissement de la moralité dans l’Eglise aurait eu des implications directes dans la formation et la vie des prêtres. L’ancien pontife cite des exemples tirés des séminaires allemands, à l’époque. Dans certains séminaires, « des cliques homosexuelles » se seraient formées, écrit-il, semblant établir un lien entre homosexualité et pédophilie. Ceux qui étaient surpris en train de lire ses propres livres de théologie étaient sanctionnés, affirme Benoît XVI. Et, assure-t-il, un évêque avait décidé de montrer des films pornographiques aux séminaristes « avec l’idée de les rendre plus résistants à des comportements contraires à la foi ». Enfin, la critique de la tradition de l’Eglise aurait été valorisée, y compris chez les nouveaux évêques.
Lire aussi L’Eglise et la pédophilie, les ravages de l’omerta Cette atmosphère aurait favorisé le développement de la pédocriminalité qui, affirme l’ancien pontife, « est devenue brûlante seulement à partir de la seconde moitié des années 1980 ». Cette affirmation est particulièrement contestable, de nombreuses révélations ayant mis au jour des faits remontant au moins à l’immédiat après-guerre, comme en Irlande par exemple. Le fait est que c’est dans les années 1980 que commencent à émerger les premières affaires d’ampleur, aux Etats-Unis, au Canada et en Irlande. Dans les années 1980 et 1990, reconnaît-il, le droit canonique rend la condamnation des coupables « quasiment impossible ». Avant de succéder à Jean Paul II, le cardinal Ratzinger s’est d’ailleurs battu pour modifier ce droit, afin de permettre de mettre les coupables hors d’état de nuire.
Il n’y est plus question ni de crimes, ni de causes systémiques, ni d’abus de conscience et de pouvoir, encore moins de cléricalisme, toutes notions que l’Eglise catholique a, avec plus ou moins d’enthousiasme et sous la pression des affaires, interrogées ces trois dernières années.
Depuis sa renonciation, en 2013, Benoît XVI, qui va fêter ses 92 ans dans quelques jours, prend rarement la plume pour écrire des articles directement liés à l’actualité. Il le fait aujourd’hui en se référant explicitement à la réunion de tous les présidents de conférence épiscopale organisée à Rome en février, autour du thème de la pédophilie. Le pape émérite est crédité d’avoir, le premier, pris la mesure de l’ampleur du phénomène et, surtout, d’avoir facilité la répression des coupables. Mais, dans ce texte, il renvoie la cause de la pédocriminalité à « l’absence de Dieu » et au changement dans la morale sexuelle à partir des années 1960.
La « révolution de 68 », affirme-t-il, aurait fait de la pédophilie quelque chose de « permis et d’approprié ». « Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En fin de compte, la raison en est l’absence de Dieu », écrit-il. Car « un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde dépourvu de sens » et donc « sans notion de bien et de mal ». Mais alors, pourquoi autant de prêtres s’en sont-ils rendus coupables ?
Amalgame entre homosexualité et pédophilie
Le pape émérite allemand accuse un courant de la théologie catholique d’avoir introduit dans l’Eglise une forme de relativisme moral en affirmant qu’il « ne pouvait y avoir quoi que ce soit d’absolument bon, ni quoi que ce soit d’absolument mauvais, mais seulement des appréciations relatives ». Ces théoriciens auraient mis « radicalement en question l’autorité de l’Eglise dans le domaine moral » et provoqué « un effondrement » de son enseignement moral. Il affirme que le pape Jean Paul II avait vertement réagi à cette tendance en 1993 par son encyclique Veritatis Splendor.Cet affaissement de la moralité dans l’Eglise aurait eu des implications directes dans la formation et la vie des prêtres. L’ancien pontife cite des exemples tirés des séminaires allemands, à l’époque. Dans certains séminaires, « des cliques homosexuelles » se seraient formées, écrit-il, semblant établir un lien entre homosexualité et pédophilie. Ceux qui étaient surpris en train de lire ses propres livres de théologie étaient sanctionnés, affirme Benoît XVI. Et, assure-t-il, un évêque avait décidé de montrer des films pornographiques aux séminaristes « avec l’idée de les rendre plus résistants à des comportements contraires à la foi ». Enfin, la critique de la tradition de l’Eglise aurait été valorisée, y compris chez les nouveaux évêques.
Réquisitoire contre la réforme de l’Eglise
Benoît XVI se livre aussi à une défense de l’Eglise telle qu’elle est. Il critique ceux qui prétendent la réformer pour éviter ces abus. Cette crise « pousse à considérer d’emblée l’Eglise comme quelque chose de mal réussi, que nous devons résolument prendre nous-mêmes en main et transformer, affirme-t-il. Mais une Eglise faite par nous ne peut représenter aucune espérance ». « Il est très important d’opposer aux mensonges et aux demi-vérités du diable toute la vérité : oui, dans l’Eglise, il y a le péché et le mal. Mais aujourd’hui aussi, il y a l’Eglise sainte qui est indestructible. »
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