Critiqué par certains pour son inefficacité, le G5 Sahel a-t-il vécu « un tournant décisif », comme l’a déclaré vendredi 20 novembre le président tchadien Idriss Déby Itno, nouveau président en exercice de l’organisation régionale regroupant le Tchad, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Mali ?
Le sommet ordinaire organisé à N’Djamena a en tout cas accouché de plusieurs mesures fortes. Les chefs d’État du G5 ont d’abord décidé de créer une force militaire conjointe dont les contours seront étudiés prochainement par les experts militaires des pays membres.
Autres décisions : la création d’une école régionale de la guerre basée en Mauritanie et qui entrera en fonction dès 2016 ; le lancement d’une compagnie aérienne régionale « pour améliorer les dessertes entre les pays » membres ; la construction d’une ligne de chemin de fer reliant la Mauritanie, le Burkina, le Mali, le Niger et le Tchad ; et enfin la suppression des visas entre les pays membres « sous réserve de la prise de dispositions sécuritaires appropriées » (décision s’appliquant plus particulièrement au Tchad, les autres membres bénéficiant déjà à la circulaire de la Cedeao).
Nous avons le même destin sahélien, sommes confrontés aux mêmes problèmes : nous n’avons pas d’autres choix que d’unir nos efforts, a lancé Déby
Les contours de toutes ces mesures doivent encore être précisés. Mais les chefs d’État, qui ont particulièrement insisté sur la nécessité de mettre le développement au centre des politiques du G5, « veulent aller vite », confie un ministre des Affaires étrangères d’un des pays membres. « Nous avons le même destin sahélien, sommes confrontés aux mêmes problèmes : nous n’avons pas d’autres choix que d’unir nos efforts », a lancé Déby en clôturant le sommet.
Les yeux rivés sur Bamako
Le temps presse, en effet. Après les attentats de Paris, le 13 novembre, et ceux du nord du Nigeria (où ils sont dramatiquement récurrents), c’est au Mali que les dangers sécuritaires auxquels le Sahel fait face se sont rappelés au bon souvenir des dirigeants du G5. Toute la journée, N’Djamena a gardé les yeux rivés sur Bamako.
Quand Ibrahim Boubacar Keïta pénètre, ce vendredi matin, dans l’enceinte bondée du Palais du 15-Janvier, le président malien a la mine sombre. Il est environ 10 heures (9 heures à Bamako) ; l’attaque contre l’hôtel Radison Blu a débuté depuis plus d’une heure et, si les informations n’arrivent qu’au compte goutte, IBK sait déjà que son pays subit une attaque terroriste d’envergure.
Dans l’enceinte, où diplomates africains et occidentaux, entourés de journalistes, attendent que la cérémonie débute, la nouvelle circule depuis environ 30 minutes. « J’essaie d’avoir des informations de Bamako, tout est encore très flou », explique alors le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop.
on peut s’attendre à du sang et des pleurs
Bouleversant légèrement le protocole, le président Déby prend la parole : « Nous vivons en ce moment même une nouvelle attaque terroriste au Mali. Une prise d’otages dans l’hôtel Radisson, que tout le monde connaît. Il y a des hommes et des femmes, des citoyens qui ne font que leur travail et qui sont devenus des cibles. Je condamne de la manière la plus ferme possible cet acte barbare qui n’a rien à voir avec la religion. Je réaffirme notre soutien sans faille à notre frère Ibrahim Boubacar Keïta et au peuple malien tout entier. Rien n’est encore très précis. Mais on peut s’attendre à du sang et des pleurs. »
Les yeux rivés sur leurs téléphones, les membres des délégations suivent effarés l’évolution de la situation. Côté malien, il est très vite décidé qu’IBK doit regagner au plus vite Bamako. Raccompagné personnellement par IDI, il quittera le palais du 15 janvier à la mi-journée après assisté au huis-clos des chefs d’Etat et ministre de tutelle.
Source : Jeune Afrique
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