Accroupie à l’ombre d’un arbre, les mains jointes vers le ciel, les yeux clos, Ade Djolo marmotte des prières. Sa mère est hospitalisée depuis six jours à quelques pas de là, dans le centre de traitement des maladies infectieuses d’Owo. La vieille dame souffre de maux de tête, de fièvre et se vide de son sang. Comme 47 autres patients testés positifs à la fièvre de Lassa, elle a été placée en quarantaine et sous surveillance médicale, dans ce petit pavillon anodin du grand complexe hospitalier de l’État d’Ondo. Les malades sont confinés dans « la zone à haut risque » : un espace inaccessible aux proches, qui patientent de longues heures, souvent plusieurs jours, impuissants, à l’extérieur du bâtiment.
De la même famille qu’Ébola, la fièvre de Lassa est contagieuse, transmissible d’humain à humain par les fluides corporels : la sueur, le sang, les glaires. Un dispositif lourd et contraignant s’impose pour assurer la protection du personnel soignant. Avant chaque entrée dans la « zone rouge », infirmiers et docteurs doivent consacrer 20 à 25 minutes à enfiler une large combinaison blanche, mettre des bottes en plastique préalablement nettoyées à la chlorine, deux paires de gants, un masque et une visière de protection. Cet équipement, le « PPE », est fatigant et pénible, mais nécessaire alors que la prise en charge des patients implique des actes médicaux délicats : perfusions, injections, dialyses. D’autant plus que les malades les plus souffrants, parfois atteints au niveau neurologique, convulsent, gesticulent et arrachent parfois leurs perfusions. « C’est dur de travailler dans ces conditions, reconnait Alabi Josephine Furimilolla l’infirmière en cheffe du centre d’Owo en s’emmaillotant dans son PPE, il fait chaud, on n’entend rien, on ne voit pas bien. Mais c’est nécessaire ». Fin janvier, deux docteurs ont perdu la vie dans l’État de Kano au nord du pays, après avoir pris en charge une femme enceinte. Quelques jours plus tard, un autre médecin a été infecté dans l’état voisin de Jigawa. Parmi les 41 victimes de Lassa cette année, au moins cinq sont issues du corps médical.
Lassa est une maladie endémique au Nigeria, mais aussi au Niger, au Liberia, en Guinée, ou en Sierra Leone. Elle connaît chaque année une crise épidémique, lors d’une période qui court du mois de novembre au mois de mai. Le rat à multi-mamelles, hôte principal du virus tueur, s’approche des habitations et répand ses déjections sur le manioc qui sèche au soleil. « Pendant la saison sèche, les gens préparent leurs champs, et se mettent à brûler leur brousse, donc les rats fuient vers les villages pour être à l'abri des feus de brousse », détaille le docteur Issaley Abdel-Kader, directeur de l’ONG Alima pour le Nigeria. Cette année, l’épidémie place les équipes médicales en difficulté, particulièrement dans l’État d’Ondo, pauvre et rural, qui cumule près de 40 % des 258 cas confirmés. Face à l’afflux de patient, l’infirmière en cheffe admet être débordée : « Nous subissons actuellement un manque de personnels de santé, la main-d’oeuvre est trop faible, par rapport au nombre de patients que nous devons traiter. Nous avons besoin de soutien : des infirmières, des docteurs, des hygiénistes, pour faire face à l’affluence des patients ».
Davantage de cas confirmés
À quelques encablures du centre de contrôle des maladies infectieuses, dans l’un des cinq laboratoires d’analyse du pays capables de détecter le virus de Lassa, Johnson Etafo, chargé du contrôle des échantillons de sang, partage ses inquiétudes : « L’ampleur de l’épidémie est sans précédent, s’alarme-t-il devant son écran relié à la PCR, elle est très grave. Pour chaque analyse, j’ai 10 à 20 cas positifs. J’espère que des mesures seront prises rapidement parce que nous faisons tous parti de la communauté, nous allons au marché, le problème doit être pris au sérieux. »
Fin janvier, Oyewale Tomori, épidémiologiste et expert de Lassa, a d’ailleurs accusé le gouvernement fédéral de négligences dans sa gestion de la riposte à l’épidémie. « Tant que la Fièvre de Lassa n’aura pas pris la vie d’une personnalité importante nigériane, il ne se passera rien de tangible », a-t-il dénoncé dans une tribune du Premium Times.
À Abuja, le directeur du Nigerian center for disease control (NCDC), le docteur Chikwe Iihekweazu, se défend : « Les titres des journaux vont toujours annoncer : "Chaque année, il y a de plus en plus de cas de Lassa au Nigeria", mais je crois qu’il faut plutôt souligner que nous avons mis davantage d’efforts pour diagnostiquer les malades, donc naturellement, les cas augmentent. La bonne nouvelle c’est que nous avons été capables de réduire le taux de mortalité hospitalière qui est passé de 25-26 % à 18-20 % ».
De la même famille qu’Ébola, la fièvre de Lassa est contagieuse, transmissible d’humain à humain par les fluides corporels : la sueur, le sang, les glaires. Un dispositif lourd et contraignant s’impose pour assurer la protection du personnel soignant. Avant chaque entrée dans la « zone rouge », infirmiers et docteurs doivent consacrer 20 à 25 minutes à enfiler une large combinaison blanche, mettre des bottes en plastique préalablement nettoyées à la chlorine, deux paires de gants, un masque et une visière de protection. Cet équipement, le « PPE », est fatigant et pénible, mais nécessaire alors que la prise en charge des patients implique des actes médicaux délicats : perfusions, injections, dialyses. D’autant plus que les malades les plus souffrants, parfois atteints au niveau neurologique, convulsent, gesticulent et arrachent parfois leurs perfusions. « C’est dur de travailler dans ces conditions, reconnait Alabi Josephine Furimilolla l’infirmière en cheffe du centre d’Owo en s’emmaillotant dans son PPE, il fait chaud, on n’entend rien, on ne voit pas bien. Mais c’est nécessaire ». Fin janvier, deux docteurs ont perdu la vie dans l’État de Kano au nord du pays, après avoir pris en charge une femme enceinte. Quelques jours plus tard, un autre médecin a été infecté dans l’état voisin de Jigawa. Parmi les 41 victimes de Lassa cette année, au moins cinq sont issues du corps médical.
Lassa est une maladie endémique au Nigeria, mais aussi au Niger, au Liberia, en Guinée, ou en Sierra Leone. Elle connaît chaque année une crise épidémique, lors d’une période qui court du mois de novembre au mois de mai. Le rat à multi-mamelles, hôte principal du virus tueur, s’approche des habitations et répand ses déjections sur le manioc qui sèche au soleil. « Pendant la saison sèche, les gens préparent leurs champs, et se mettent à brûler leur brousse, donc les rats fuient vers les villages pour être à l'abri des feus de brousse », détaille le docteur Issaley Abdel-Kader, directeur de l’ONG Alima pour le Nigeria. Cette année, l’épidémie place les équipes médicales en difficulté, particulièrement dans l’État d’Ondo, pauvre et rural, qui cumule près de 40 % des 258 cas confirmés. Face à l’afflux de patient, l’infirmière en cheffe admet être débordée : « Nous subissons actuellement un manque de personnels de santé, la main-d’oeuvre est trop faible, par rapport au nombre de patients que nous devons traiter. Nous avons besoin de soutien : des infirmières, des docteurs, des hygiénistes, pour faire face à l’affluence des patients ».
Davantage de cas confirmés
À quelques encablures du centre de contrôle des maladies infectieuses, dans l’un des cinq laboratoires d’analyse du pays capables de détecter le virus de Lassa, Johnson Etafo, chargé du contrôle des échantillons de sang, partage ses inquiétudes : « L’ampleur de l’épidémie est sans précédent, s’alarme-t-il devant son écran relié à la PCR, elle est très grave. Pour chaque analyse, j’ai 10 à 20 cas positifs. J’espère que des mesures seront prises rapidement parce que nous faisons tous parti de la communauté, nous allons au marché, le problème doit être pris au sérieux. »
Fin janvier, Oyewale Tomori, épidémiologiste et expert de Lassa, a d’ailleurs accusé le gouvernement fédéral de négligences dans sa gestion de la riposte à l’épidémie. « Tant que la Fièvre de Lassa n’aura pas pris la vie d’une personnalité importante nigériane, il ne se passera rien de tangible », a-t-il dénoncé dans une tribune du Premium Times.
À Abuja, le directeur du Nigerian center for disease control (NCDC), le docteur Chikwe Iihekweazu, se défend : « Les titres des journaux vont toujours annoncer : "Chaque année, il y a de plus en plus de cas de Lassa au Nigeria", mais je crois qu’il faut plutôt souligner que nous avons mis davantage d’efforts pour diagnostiquer les malades, donc naturellement, les cas augmentent. La bonne nouvelle c’est que nous avons été capables de réduire le taux de mortalité hospitalière qui est passé de 25-26 % à 18-20 % ».
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