On se demande aussi si le président de la République par intérim le Pr. Dioncounda Traoré a réellement une marge de manœuvre dans l’establishment. Cette impression nous est donnée à la lecture du gouvernement dit d’union nationale. Tenez : sur 24 ministres nommés le 24 avril 2012 selon sa convenance, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra ne s’est départi que de 6. Et sur ces six, 2 sont réputés être des ministres Cédéao par l’opinion nationale. Il s’agit bien évidemment de Sadio Lamine Sow et Hamadoun Touré, respectivement ministres des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, et de la Communication, des Postes et des Nouvelles technologies.
Le premier est donné coopté par Blaise Compaoré, président du Burkina Faso et médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, pour avoir été son conseiller depuis des lustres alors que le second serait l’homme d’Alassane Dramane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire et président en exercice de la Cédéao, pour avoir été porte-parole de l’Onuci. C’est dire que CMD n’a sacrifié que 4 copains et a fait un pied de nez à la Cédéao.
Les 18 rescapés sont des ministres choisis par le PM et la junte incarnée par le Comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) auteur du coup d’Etat du 22 mars, qui a renversé le régime du général Amadou Toumani Touré. Sur les 18 rescapés, le CNRDRE compte 5 qui sont : le ministre de la Défense et des Anciens combattants (le colonel-major Yamoussa Camara), le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (le colonel Moussa Sinko Coulibaly), le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile (le général de gendarmerie Tiéfing Konaté), garde des Sceaux ministre de la Justice (Malick Coulibaly) et le ministre de la Jeunesse et des Sports, (Hamèye Founè Mahalmadane) qui fait partie des concepteurs de l’Acte fondamental que le CNRDRE avait élaboré en son temps.
Soupe populaire sous un balanzan
C’est dire qu’au moins 13 rescapés de l’ancienne équipe doivent leur nomination à leurs rapports avec Cheick Modibo Diarra. Sur les 13 rentrants qui sont venus porter l’équipe de CMD II à 31, 1 est issu de la formation politique de Cheick Modibo Diarra le RpDM en l’occurrence Dr. Yaranga Coulibaly, bombardé au ministère de l’Agriculture. Ce qui porte le quota de CMD à 14 ministres.
C’est donc loin de la proportion qui lui avait été attribuée en son temps par une certaine opinion, à savoir 5 ministres pour le Premier ministre. Cette clé de répartition prévoyait 5 aussi pour le président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, 15 pour les partis et associations politiques et 5 pour la junte militaire, soit en tous 30 portefeuilles ministériels. A Dieu donc ce schéma équilibriste et bon vent à la sauce Cheick Modibo Diarra.
Le Front pour la démocratie et la République (FDR) qui regorge de grands partis comme l’Adéma et l’URD et qui a fait le forcing pour obtenir ce gouvernement d’union nationale se voit consolé de 4 ministères dont 2 pour l’Adéma : Abdel Karim Konaté dit Empé au département du Commerce et des Industries et Makan Tounkara à l’Elevage et à la Pêche ; 1 pour l’URD en l’occurrence Me Demba Traoré, ministre délégué auprès du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, chargé de la décentralisation ; 1 pour l’UDD en la personne de son président, Tiéman Hubert Coulibaly, au ministère stratégique des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
La Convergence pour sauver le Mali (CSM) se voit attribuer 2 départements : David Sagara de la Codem hérite du ministère de l’Environnement et de l’Assainissement alors que le secrétaire général du Cnid/Fyt, Dr. Amadou Baba Sy se voit remettre les rênes du ministère des Mines.
La Convergence des organisations patriotiques (Copam), proche de la junte, se voit récompenser par 2 ministères : celui des Postes et des Nouvelles technologies avec Bréhima Tolo et le ministère de la Culture avec Boubacar Hammadoun Kébé.
L’Alliance IBK-Mali 2012 s’en sort avec le ministère de l’Artisanat et du Tourisme confié à Ousmane Ag Rhissa. La junte attache une nouvelle corde à son arc en s’offrant le nouveau département des Transports et des Infrastructures routières avec le lieutenant-colonel Abdoulaye Koumaré. Tandis que le Haut conseil islamique fait son entrée avec le ministère des Affaires religieuses et du Culte, Dr. Yacouba Traoré.
Abdoulaye Diakité, L’Indicateur du Renouveau