Le Soudan du Sud n’est pas très loin d’une guerre ethnique. Des massacres à caractère ethnique sont commis depuis le 15 décembre, date du début des hostilités entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.
A Juba, la capitale, plusieurs témoignages font état de massacres contre des soldats ou des civils d'ethnie nuer, massacres commis la plupart du temps par des soldats dinkas, l'ethnie du président Salva Kiir.
L'Agence France-Presse, dont le correspondant à Juba tente de recueillir des témoignages, évoque l'assassinat d'un groupe de 250 soldats membres de l’ethnie nuer. Plusieurs personnes affirment que, la nuit, les soldats font du porte-à-porte pour interpeller, frapper et parfois exécuter tout ceux - hommes, femmes et enfants - qui ne parlent pas la langue dinka.
La menace de la Cour pénale internationale
Deux charniers ont été répertoriés à Juba, selon le Haut-Commissariat de l’ONU en charge des droits de l’homme, qui parle « d'exécutions de masse et du ciblage d'individus en fonction de leur appartenance ethnique ».
En dehors de la capitale, et notamment dans les zones sous contrôle des insurgés, là aussi des crimes à caractère ethnique ont été commis, comme cela s’est passé par exemple sur la base de l'ONU à Akobo, dans l'Etat de Jonglei où de jeunes miliciens nuers auraient exécuté, la semaine dernière, une vingtaine de Dinkas qui avaient trouvé refuge dans les locaux de l'ONU. Ce sont probablement leurs cadavres qui remplissent le charnier répertorié à Bentiu par le Haut-Commissariat de l’ONU en charge des droits de l’homme.
Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'ONU, a mis en garde les responsables de ces massacres, affirmant qu'ils devraient répondre de ces crimes, ce qui laisse supposer que l'ONU pourrait très rapidement brandir la menace de la Cour pénale internationale si ces massacres se poursuivraient.
L’ONU débordée sur le plan humanitaire
Les Nations unies estiment à 45 000 le nombre de civils réfugiés dans ses bases situées dans la moitié des dix Etats que compte le Soudan du Sud. 20 000 personnes sont réfugiées à Juba, 17 000 à Bor dans l'Etat de Jonglei, et encore 7 000 à Bentiu, dans l'Etat de l'Unité. Mais ce sont, au total, plus de 100 000 personnes qui sont déplacées dans ces Etats et dans ceux du Haut Nil, De l'Equateur oriental et de l'Equateur central, où ont eu lieu des affrontements.
Ces déplacés trouvent souvent refuge en brousse pour fuir les exactions, ce qui fait craindre une catastrophe humanitaire de grande ampleur. Sur ses bases - et notamment à Bor -, l'ONU a du mal à approvisionner les déplacés dans de bonnes conditions. Et il faudra sans doute une mobilisation à grande échelle des Nations unies pour éviter une catastrophe. Pour l'instant, l'ONU semble décidée à renforcer la protection des civils. 5 500 casques bleus supplémentaires devraient être rapidement déployés au Soudan du Sud pour protéger les sites des Nations unies.
Deux fronts distincts
Sur le plan militaire, on assiste depuis une semaine à un éclatement des forces armées sud-soudanaises. Deux fronts distincts sont ouverts, l'un à Bor et l'autre dans l'Etat de l'Unité, autour de la ville de Bentiu.
A Bor, localité située à 200 kilomètres de Juba, les hommes de Peter Gadiet, un général rallié à Riek Machar, ont pris le contrôle des casernes et de la ville dès la semaine dernière. Mais depuis 24 heures, Juba a envoyé des renforts militaires pour reconquérir Bor.
A Bentiu, dans l'Etat de l'Unité - qui recèle les principaux champs pétroliers du pays -, le major général James Koang s'est rallié, avec plusieurs centaines d'éléments de la quatrième division, à Riek Machar après une série de combats entre militaires. Lundi 23 décembre, il a repoussé les assauts d'un ex-chef rebelle rallié à Salva Kiir, Mathew Pul Jang.
Bentiu et sa région risquent fort de devenir, dans les jours qui viennent, un nouvel épicentre d'affrontements. C'est là que se trouvent les champs pétroliers et l'on sait que celui qui réussira à prendre le contrôle du pétrole marquera des points importants.
Une solution pacifique est-elle encore possible ?
Comme souvent dans ce type de conflits, le rapport de force militaire sert le rapport de force diplomatique. Aussi, les combats n'empêchent pas les négociations. Le vice-président Riek Machar a confirmé à RFI, ce mardi matin, qu'il était prêt à négocier. Il s'est entretenu avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry et avec le ministre des Affaires étrangères éthiopien. Une rencontre entre deux délégations pourrait avoir lieu rapidement en Ethiopie.
Riek Machar met en place une délégation de haut niveau et il souhaiterait que certains de ses alliés politiques - actuellement détenus à Juba par les autorités - puissent faire partie de sa délégation. Reste que Riek Machar met la barre très haut puisqu'il réclame toujours le départ de Salva Kiir ainsi que l'organisation d'élections libres et indépendantes. La prochaine présidentielle était en théorie prévue en 2015.
Dans le camp présidentiel, en revanche, on affirme depuis plusieurs jours que tout est négociable sauf le départ anticipé du président. Cette possibilité de dialogue est cependant la seule nouvelle positive enregistrée depuis l'éclatement de la crise, le 15 décembre dernier.
Source : Rfi.fr
-
Tchad : le Président Mahamat Idriss Déby promu maréchal
-
Mali: 26 personnes tuées dans des attaques jihadistes près de Bandiagara
-
Le Burkina Faso adopte une loi d’amnistie pour les auteurs du putsch de 2015
-
Guerre au Soudan: plus de 780 civils tués par des paramilitaires à El-Fasher, selon l'ONU
-
Guinée: la recherche des disparus du stade de N'Zérékoré se poursuit