RFI : Vous préparez actuellement, au Maroc, la CAN-2015. Comment se passe cette préparation au lendemain de votre victoire contre le Gabon en amical (1-0) ?
Alain Giresse : On est dans les lieux que l’on souhaitait pour bien se préparer, dans le calme. Dans un cadre agréable, retirés, tranquilles. Avec des conditions d’hébergement et des conditions de travail, c’est-à-dire des terrains d’entraînement, tout à fait convenables. C’est une bonne chose. Pour l’instant, tout avance normalement.
Pourquoi avoir choisi le Maroc plutôt que le Sénégal, auprès de vos supporteurs ?
Il y a très peu d’équipes africaines qui se préparent chez elles. J’ai fait deux CAN et je les ai préparées à l’extérieur, justement pour trouver le calme, éviter la pression. Ce n’est pas au milieu des supporteurs que l’on trouve les meilleures conditions. Il faut de la sérénité et de la quiétude. Les joueurs ont besoin de travailler, de récupérer. Donc j’ai décidé, comme mes collègues des autres sélections, de délocaliser la préparation pour trouver ces conditions de travail.
Votre victoire en amical contre le Gabon vous a-t-elle apporté des enseignements ?
Non. Ce s’inclut dans la préparation, il n’était pas une finalité. Il fallait retrouver la façon dont on était capables d’aborder le match au niveau de l’état d’esprit. Ce que nous avons réalisé. Ensuite, il fallait mettre nos principes de jeu en place. Sur tous ces éléments, le match que nous avons disputé a été très satisfaisant.
Vous arrivez en Guinée-Equatoriale après des éliminatoires convaincants. Certains vous placent parmi les favoris de la CAN. Quelles sont vos forces et vos faiblesses ?
C’est d’abord la manière dont les joueurs s’introduisent dans ce groupe et apportent leur état d’esprit, leur investissement, qui permet de jeter les bases d’une équipe et d’un jeu. C’est aussi la qualité des joueurs, qui chacun dans leur registre ont de la qualité. On utilise tous ces éléments-là pour faire en sorte d’avoir une équipe performante.
On parle beaucoup du secteur offensif du Sénégal. Votre force se trouve-t-elle là ou dans votre défense ?
C’est paradoxal parce qu’on parle beaucoup des attaquants, mais au cours des qualifications, nous n’avons pris qu’un but, un peu malheureux en plus. Cela démontre que le système défensif a bien fonctionné. On s’appuie sur des joueurs qui évoluent dans de grands clubs. Il faut avoir une base solide et nous avons aussi un secteur offensif bien garni. Cela donne un grand nombre de possibilités dans les mises en place des lignes offensives.
Le Sénégal figure dans le groupe C que beaucoup voient comme le groupe de la mort, quel regard portez-vous sur vos adversaires ?
C’est un groupe fatalement difficile. Vous avez deux mondialistes, le Ghana et l’Algérie. Avec en plus l’Afrique du Sud qui a fait des éliminatoires tout à fait remarquables. On le sait, il faudra que l’on soit prêts. En même temps, ce serait aller vite en besogne de dire que c’est accessible, qu’il y a des groupes « faciles » dans une CAN. On a pu le voir en 2013, où le Burkina est en finale, et en 2012, où la Zambie gagne. On s’aperçoit que la hiérarchie n’est pas forcément celle à laquelle on s’attend avant la compétition.
Vous débuterez contre le Ghana puis jouerez contre l’Afrique du Sud avant d’affronter l’Algérie. Il faudra être qualifié à l’issue du deuxième match ?
Il suffira de l’être à l’issue du troisième. Même le premier match perdu n’éliminera pas forcément une équipe. Ça va être serré jusqu’au bout. La décision ne se fera pas forcément à l’issue des deuxièmes matchs.
Vous autorisez-vous à rêver ? Jusqu’où vous voyez-vous aller dans cette CAN ?
Je reste les pieds sur terre. On a l’ambition de faire quelque chose, il faut réduire la part d’erreurs, des mauvaises appréciations, bref de ce qui appartient au football. Il faut juste qu’on soit présents dans l’engagement et la détermination. Les pronostics sont faits par ceux qui ne sont pas concernés directement. Ma principale préoccupation, c’est de faire en sorte que l’équipe soit la plus performante. Qu’on nous compte parmi les favoris, c’est bien, mais je ne m’appuie pas là-dessus pour faire l’équipe.
Vous serez basés à Mongomo lors de la CAN. Cela peut-il être un handicap en termes d’infrastructures ?
Oui, mais toutes les équipes basées là auront les mêmes problèmes. Ce sera pareil pour celles qui seront à Ebebiyin. Il y aura sûrement des problèmes d’organisation. Un terrain d’entraînement sur place, un autre à une heure de route, comment va-t-on se débrouiller ? Au niveau de l’hébergement, on n’a pas hérité de l’hôtel le plus agréable. Ça peut jouer et perturber moralement les joueurs. On part dans l’inconnu.
Propos recueillis par Annie Gasnier.
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