Au sein de la communauté française de Bamako, après l'attaque de l'hôtel Radisson Blu à Bamako vendredi, on ne cède pas à la psychose, mais on se prépare à faire preuve d'encore plus de prudence.
Annie Janicot est une réalisatrice de documentaire installée à Bamako depuis de longues années. Cette nouvelle attaque l'inquiète mais ne la surprend pas. « On n’est pas surpris mais on est choqués, on est confus, on est juste troublés quoi, souffle-t-elle. Est-ce qu’on peut se préparer à ça ? On vit avec cette crainte tous les jours. Tous nos déplacements on y pense, là où on se rend, à quelle heure… On ne sait pas où ça peut tomber ou quoi que ce soit mais c’est vrai que pour aller au restaurant par exemple, on se pose la question : est-ce que c’est raisonnable ? Ah oui mais là on peut nous attaquer par le fleuve, les consignes sont ceci cela. Depuis deux ans, c’est comme cela. »
« On est dans un contexte où il faut faire attention »
Une situation inconfortable que Baptiste, lui, semble avoir acceptée. « Je ne suis pas très surpris de ce qui vient de se passer là, explique-t-il. Je pense qu’on peut continuer de vivre à Bamako en évitant de prendre des risques et donc assez sereinement. Mais bon, voilà on est dans un contexte où il faut faire attention. Ça veut dire qu’on va reprendre sans doute certaines habitudes qu’on avait prises à la suite de l’attentat d’il y a six mois, mais qui se relâchent au bout de quelques mois. »
Certains expatriés déplorent le peu de mesures prises par les autorités au lendemain del'attentat de La Terrasse en mars dernier. Vendredi, l'ambassade de France avait demandé à tous les Français de rester chez eux. Dans la journée, le lycée français a été évacué et le centre culturel fermé.
« On avait vraiment changé nos habitudes »
Les habitants de Bamako sont également sous le choc. Certains racontent comment ces derniers mois, ils ont modifié leurs habitudes par mesure de sécurité, après notamment les attentats qui avaient touché le restaurant La Terrasse.
« On était vraiment sur le qui-vive, avec des forces de l’ordre partout. On se sentait un peu en sécurité parce que dans tous les coins, dans les restos, dans les boîtes de nuit, dans les lieux de réunion, on avait vraiment changé les habitudes, souligne cet habitant de Bamako. C’était vraiment visible dans les coins sensibles, au niveau des restaurants, des glaciers, qui sont des lieux bondés de monde. J’ai essayé de me faire rare un peu là-bas. On avait vraiment changé les habitudes parce que ce sont des gens qui n’ont pas de visage. Tu ne peux pas te permettre de dire que c’est tel genre de personne. Ils sont habillés en tout genre. Mais on ne s’attendait pas à ça, on ne s’attendait pas à ça. Mais aujourd’hui, dans la ville, tout le monde était bouleversé. »
Source : Rfi.fr
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