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Mauritanie: des «états généraux» sans le camp Abdallahi

Les autorités militaires ont inauguré ce samedi les « états généraux de la démocratie ». Ces débats, qui vont durer dix jours, doivent permettre d’élaborer un calendrier de transition et de réfléchir aux modifications éventuelles à apporter à la Constitution. Le camp du président Abdallahi, renversé au mois d’août, a refusé de se joindre aux discussions.



C’est dans un palais des congrès bondé que le général Mohamed ould Abdel Aziz a donné le coup d’envoi des « états généraux de la démocratie ». Cette réunion, promise de longue date par les militaires qui ont pris le pouvoir le 6 août dernier, a pour mission de susciter un vaste débat national entre Mauritaniens. « Ces états généraux doivent nous aider à définir la durée de la transition et nous permettre de préparer au mieux l’élection présidentielle », a rappelé le général dans sa courte allocution. Sans employer une seule fois l’expression « coup d’Etat », Mohamed ould Abdel Aziz a aussi insisté sur un point précis : la réforme des institutions démocratiques. « Nous devons éviter les erreurs du passé et notamment les dérapages liés à l’exercice de la fonction présidentielle », a-t-il ajouté.

Réunis durant dix jours, les partis politiques favorables au changement, les élus, les membres de la société civile et autres notabilités régionales vont en effet devoir se pencher sur la problématique institutionnelle. Et décider s’il faut, ou non, réviser la Constitution pour donner plus de poids au Parlement. « Nous entamons une phase cruciale de l’histoire de notre pays, a pour sa part estimé le Premier ministre, Moulaye ould Mohamed Laghdaf. Nous allons discuter de tous les sujets sans tabous. Et à l’issue de ces états généraux, j’espère que nous aurons en notre possession une feuille de route claire, qui nous permettra d’organiser un scrutin présidentiel transparent dans les meilleurs délais ».

Désaccords sur la forme et absence du FNDD

Depuis plusieurs semaines, certains partis politiques ont exprimé leur désaccord concernant la formule adoptée pour cette réunion. Ainsi, le RFD d’Ahmed ould Daddah a demandé qu’un forum spécifiquement politique soit organisé, en marge des autres concertations. Pour ce parti, certaines questions doivent être discutées uniquement entre formations politiques, par exemple celles liées à la durée de la transition ou encore à la révision constitutionnelle. « Les chefs religieux, les chefs traditionnels et les ONG sont les bienvenus, mais il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes, s’exclame Kane Amidou Baba, député RFD et vice-président de l’Assemblée nationale. La société civile doit être présente pour discuter de ce qui la concerne directement, comme les questions liées aux droits de l’homme ou à l’unité nationale, mais c’est tout ».

Un avis que ne partage pas le docteur Cheikh ould Zein, secrétaire général du Forum de la pensée islamique. « La société civile et les personnalités religieuses peuvent au contraire jouer un rôle d’arbitre entre des hommes politiques qui ne parviennent pas à s’entendre », estime ce membre de l’association des oulémas de Mauritanie.

Beaucoup de participants ont dit déplorer par ailleurs l’absence du FNDD, le Front national de défense de la démocratie, opposé au coup d’Etat. « Nous ne voulons pas participer car tous les résultats sont connus d’avance ! C’est de la manipulation ! », avait ainsi estimé Boidiel ould Houmeid, le président du Front. « C’est dommage que le FNDD ne soit pas venu, concède Ahmed Hamza, le président de l’Association des maires de Mauritanie. C’est certain que sans eux, il manque un petit quelque chose, même si de nombreux participants ont répondu présents ».
Source: RFI


Dimanche 28 Décembre 2008 - 10:49


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