Hello tout le monde. Merci de vous être inquiétés. À ceux qui se posent la question, non je n'ai perdu aucun proche, j'ai juste perdu mon pays. Je me rends compte qu'on ne réalise pas assez ce qui s'est passé. Il y aurait eu 100 000 morts au stade que ça n'aurait rien changé.
Nous avons tous vu ce qui s'est passé. Quand j'ai quitté chez moi en catastrophe parce qu'ayant vu les images des miens mourir comme dans un charnier, j'espérais secrètement y trouver des compatriotes de diverses origines, levés juste pour aider d’autres milliers de compatriotes qui ont quitté chez eux pour participer à une fête. En partant, j'ai vu des alertes demandant aux gens d'éviter les abords du stade parce qu'il y aurait des agresseurs. Vous imaginez à quel point on en est venus à céder à la peur et à l'égoïsme pour laisser des gens mourir et rester dans notre coin à se contenter d’exprimer une compassion digitale ou à parler d’un combat de lutte annulé ?
Dans le stade, j'ai trouvé les supporters de Mbour épargnés ou légèrement blessés avec quelques rares riverains du stade, s'occupant à gérer des cas tout en réclamant que l’infrastructure (et donc la violence) soit déplacée ailleurs (et donc chez d’autres compatriotes.) Bref… Nous avons été rejoints plus tard par ceux venus en catastrophe de Mbour, soit de plus de 80 km ! J'ai pleuré en constatant que ce qui reste de ce pays devra désormais s'organiser en Groupements d'intérêts communs. Les Mbourois venus de Mbour ne devraient jamais vous devancer sur les lieux. Le moment n'était pas de parler de responsabilités, on y reviendra, mais d'aider des compatriotes en situation catastrophique. Qu'est donc devenu notre commun vouloir de vie commune si les Saint-Louisiens, Lougatois, Casamançais, Dakarois... ne bougent pas quand ceux en souffrance ne sont pas des leurs ? Que sommes-nous devenus si l'on est plus capables de se révolter que quand l'on tue un proche parent ou ami ?
Si cette triste réflexion m'a fait bcp plus mal que l'acte même des supporters de l'Us Ouakam c’est que je me suis aussi senti coupable car peut être bien que je n'aurais pas fait le déplacement si ce n'étaient pas des Mbourois. Nous sommes minables. Nous sommes lâches. N'ayons pas peur des mots. Quand Dortmund avait été touché par une TENTATIVE d'attaque terroriste, il n'y avait AUCUNE VICTIME, mais les citoyens de la ville allemande ont ouvert leurs portes à ceux d'un autre pays avec lequel ils ont eu lourd antécédent historique. Nous n'avons pas pu le faire pour des compatriotes. Aujourd'hui, nous sommes tous apatrides. Ce pays n'existe plus. Son État est en lambeaux et ses hauts fonctionnaires en campagne électorale. Pendant qu'une finale nationale se transformait en drame, le ministre des Sports était à Fatick, le président de la fédération à Diourbel, chacun battant campagne pour l'élection qui l'intéresse.
Au stade, jusqu'à minuit, aucune autorité de l'Etat n'était sur les lieux en dehors de celles qui habitent Mbour ! Celles de la Ligue ont vite fait de quitter les lieux. Pour un drame pareil où des enfants et des femmes étaient au stade, aucune cellule psychologique n'a été mise sur pied ! Pire encore, non contents d'avoir assisté, impuissantes, à l'acte criminel dont les Mbourois ont été victimes, les forces de l'ordre se sont permis d'en rajouter ! Des policiers ont violenté et menacé des joueurs du Stade de Mbour ! Le prétexte ? Ces éléments du GMI voulaient rentrer parce qu'il faisait tard (23h59) et le bus du Stade de Mbour ne vidait toujours pas les lieux. Les joueurs (à qui nous cherchions à donner à manger, eux qui sortaient de 105 minutes de foot et du chaos qui s’en est suivi) refusaient de partir avant qu'il ne soit permis à tous leurs supporters de rentrer à Mbour.
À l'hôpital Principal, des parents/accompagnants de victimes et des dirigeants du club ont été interdits d'accès pendant un long moment, sur un ton insolent, alors qu'on laissait passer des politiciens au pouvoir en tenue de campagne ! Après pour présenter les condoléances devant les caméras, ça se bouscule. Hier, dimanche, une coalition de l'opposition s'est permis de faire le tour des familles de victimes qui n'ont même pas récupéré les corps, au lendemain du drame, pour tenir un discours de propagande électorale et parler de Législatives !
À propos du drame, il n'est point besoin de rappeler que Mbour a été attaqué, agressé et tué. Il n'y a aucun amalgame possible : des Ouakamois ont attaqué et tué en masse. Rien ni personne ne peut nous enlever de l'esprit que ces actes étaient prémédités par des supporters d'un club multi récidiviste à qui on a toujours pardonné les crimes et délits commis dans les stades depuis 1961 ! Ce n'est pas une stigmatisation contre les Lebous car il y en autant sinon plus à Mbour qu'à Ouakam.
À mes amis de Ouakam qui appellent à la retenue, je dis juste que si vous refusez de vous désolidariser et de dénoncer les coupables de ces actes, vous êtes complices car vous les avez vus pousser vos compatriotes à une mort atroce. Ils les ont poussés à la mort et empêché ceux qui essayaient de se sauver de quitter le stade. Ils ont continué d’agresser des gens à terre, incapables de se relever. Pour un match de foot, ils ont attaqué tous les symboles d'une ville avec lequel ils n’ont aucun antécédent. Ils ont voulu la tête du président du Stade de Mbour venu avec sa fille de 2 ans, celui de Mbour PC s'en est tiré avec des blessures, ils ont pourchassé le maire de Mbour... Et sans aucune once de regret, ils se sont mis à jubiler et à revendiquer leurs actes sur les réseaux sociaux comme de vulgaires terroristes. Rien ne peut justifier leurs actes d'une extrême lâcheté. Pas même l'insuffisance coupable de forces de l'ordre.
Ce match aurait dû pouvoir se jouer dans un stade de Ouakam, sans aucun flic et se disputer dans un esprit sportif pour peu que nous gardions encore en nous un soupçon d'humanité.
Rien ne ramènera à la vie Oulymata, jeune aide-soignante pleine de vie, ni Bou Sow, footballeur de 18 ans à peine et qui aurait peut être pu nous régaler un jour avec le maillot national ni les six autres décédés mais nous exigeons que la lumière soit faite sur cette affaire. Par devoir de vérité. Aux dirigeants de tous les clubs de la ville de Mbour, nous disons qu'il n'y a aucun compromis envisageable. Au-delà des plaintes, si les sanctions ne sont pas à la mesure des crimes dont nous avons été victimes, nous exigerons le retrait des clubs mbourois de toutes les instances et compétitions du football sénégalais.
Bnf Undecima
Nous avons tous vu ce qui s'est passé. Quand j'ai quitté chez moi en catastrophe parce qu'ayant vu les images des miens mourir comme dans un charnier, j'espérais secrètement y trouver des compatriotes de diverses origines, levés juste pour aider d’autres milliers de compatriotes qui ont quitté chez eux pour participer à une fête. En partant, j'ai vu des alertes demandant aux gens d'éviter les abords du stade parce qu'il y aurait des agresseurs. Vous imaginez à quel point on en est venus à céder à la peur et à l'égoïsme pour laisser des gens mourir et rester dans notre coin à se contenter d’exprimer une compassion digitale ou à parler d’un combat de lutte annulé ?
Dans le stade, j'ai trouvé les supporters de Mbour épargnés ou légèrement blessés avec quelques rares riverains du stade, s'occupant à gérer des cas tout en réclamant que l’infrastructure (et donc la violence) soit déplacée ailleurs (et donc chez d’autres compatriotes.) Bref… Nous avons été rejoints plus tard par ceux venus en catastrophe de Mbour, soit de plus de 80 km ! J'ai pleuré en constatant que ce qui reste de ce pays devra désormais s'organiser en Groupements d'intérêts communs. Les Mbourois venus de Mbour ne devraient jamais vous devancer sur les lieux. Le moment n'était pas de parler de responsabilités, on y reviendra, mais d'aider des compatriotes en situation catastrophique. Qu'est donc devenu notre commun vouloir de vie commune si les Saint-Louisiens, Lougatois, Casamançais, Dakarois... ne bougent pas quand ceux en souffrance ne sont pas des leurs ? Que sommes-nous devenus si l'on est plus capables de se révolter que quand l'on tue un proche parent ou ami ?
Si cette triste réflexion m'a fait bcp plus mal que l'acte même des supporters de l'Us Ouakam c’est que je me suis aussi senti coupable car peut être bien que je n'aurais pas fait le déplacement si ce n'étaient pas des Mbourois. Nous sommes minables. Nous sommes lâches. N'ayons pas peur des mots. Quand Dortmund avait été touché par une TENTATIVE d'attaque terroriste, il n'y avait AUCUNE VICTIME, mais les citoyens de la ville allemande ont ouvert leurs portes à ceux d'un autre pays avec lequel ils ont eu lourd antécédent historique. Nous n'avons pas pu le faire pour des compatriotes. Aujourd'hui, nous sommes tous apatrides. Ce pays n'existe plus. Son État est en lambeaux et ses hauts fonctionnaires en campagne électorale. Pendant qu'une finale nationale se transformait en drame, le ministre des Sports était à Fatick, le président de la fédération à Diourbel, chacun battant campagne pour l'élection qui l'intéresse.
Au stade, jusqu'à minuit, aucune autorité de l'Etat n'était sur les lieux en dehors de celles qui habitent Mbour ! Celles de la Ligue ont vite fait de quitter les lieux. Pour un drame pareil où des enfants et des femmes étaient au stade, aucune cellule psychologique n'a été mise sur pied ! Pire encore, non contents d'avoir assisté, impuissantes, à l'acte criminel dont les Mbourois ont été victimes, les forces de l'ordre se sont permis d'en rajouter ! Des policiers ont violenté et menacé des joueurs du Stade de Mbour ! Le prétexte ? Ces éléments du GMI voulaient rentrer parce qu'il faisait tard (23h59) et le bus du Stade de Mbour ne vidait toujours pas les lieux. Les joueurs (à qui nous cherchions à donner à manger, eux qui sortaient de 105 minutes de foot et du chaos qui s’en est suivi) refusaient de partir avant qu'il ne soit permis à tous leurs supporters de rentrer à Mbour.
À l'hôpital Principal, des parents/accompagnants de victimes et des dirigeants du club ont été interdits d'accès pendant un long moment, sur un ton insolent, alors qu'on laissait passer des politiciens au pouvoir en tenue de campagne ! Après pour présenter les condoléances devant les caméras, ça se bouscule. Hier, dimanche, une coalition de l'opposition s'est permis de faire le tour des familles de victimes qui n'ont même pas récupéré les corps, au lendemain du drame, pour tenir un discours de propagande électorale et parler de Législatives !
À propos du drame, il n'est point besoin de rappeler que Mbour a été attaqué, agressé et tué. Il n'y a aucun amalgame possible : des Ouakamois ont attaqué et tué en masse. Rien ni personne ne peut nous enlever de l'esprit que ces actes étaient prémédités par des supporters d'un club multi récidiviste à qui on a toujours pardonné les crimes et délits commis dans les stades depuis 1961 ! Ce n'est pas une stigmatisation contre les Lebous car il y en autant sinon plus à Mbour qu'à Ouakam.
À mes amis de Ouakam qui appellent à la retenue, je dis juste que si vous refusez de vous désolidariser et de dénoncer les coupables de ces actes, vous êtes complices car vous les avez vus pousser vos compatriotes à une mort atroce. Ils les ont poussés à la mort et empêché ceux qui essayaient de se sauver de quitter le stade. Ils ont continué d’agresser des gens à terre, incapables de se relever. Pour un match de foot, ils ont attaqué tous les symboles d'une ville avec lequel ils n’ont aucun antécédent. Ils ont voulu la tête du président du Stade de Mbour venu avec sa fille de 2 ans, celui de Mbour PC s'en est tiré avec des blessures, ils ont pourchassé le maire de Mbour... Et sans aucune once de regret, ils se sont mis à jubiler et à revendiquer leurs actes sur les réseaux sociaux comme de vulgaires terroristes. Rien ne peut justifier leurs actes d'une extrême lâcheté. Pas même l'insuffisance coupable de forces de l'ordre.
Ce match aurait dû pouvoir se jouer dans un stade de Ouakam, sans aucun flic et se disputer dans un esprit sportif pour peu que nous gardions encore en nous un soupçon d'humanité.
Rien ne ramènera à la vie Oulymata, jeune aide-soignante pleine de vie, ni Bou Sow, footballeur de 18 ans à peine et qui aurait peut être pu nous régaler un jour avec le maillot national ni les six autres décédés mais nous exigeons que la lumière soit faite sur cette affaire. Par devoir de vérité. Aux dirigeants de tous les clubs de la ville de Mbour, nous disons qu'il n'y a aucun compromis envisageable. Au-delà des plaintes, si les sanctions ne sont pas à la mesure des crimes dont nous avons été victimes, nous exigerons le retrait des clubs mbourois de toutes les instances et compétitions du football sénégalais.
Bnf Undecima
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