Le crash du vol AH5017 il y a un an, dans le désert malien, une demi-heure après son décollage, est le fruit d’une série d’erreurs tragiques. La cause principale de l'accident, c'est la non-activation du système antigivre des moteurs. Un système qui aurait dû être activé par les pilotes au vu de la température extérieure et de la zone humide traversée. Une erreur qui a pu provoquer le décrochage de l'avion, explique le Bureau français d'enquêtes et d'analyses (BEA).
L'expertise judiciaire pointe plusieurs autres dysfonctionnements. Pour tenter de maîtriser l'inclinaison de l'avion, le pilote aurait tiré le manche vers lui, alors qu'il aurait dû le pousser en avant. L'enquête révèle aussi que les deux hommes s’entraînaient sur un simulateur de vol d’un modèle différent de leur avion, le MacDonnel 83. Un autre élément qui trouble les familles des victimes, c'est que le pilote et le copilote, bien qu’expérimentés, étaient des « saisonniers ». Ils volaient seulement six mois dans l’année et connaissaient assez mal cette région du monde. C’était leur deuxième vol en Afrique où les conditions météorologiques sont particulières.
Le personnel au sol est également montré du doigt. Le plan de vol a en effet été modifié juste avant le décollage et les conversations avec la tour de contrôle ont eu lieu en français, une langue que l'équipage espagnol ne maîtrisait pas.
Si l'enquête sur les causes du crash semble bien avancée, les deux juges français se heurtent cependant à des difficultés. Ils attendent toujours le retour d'une commission rogatoire auprès de l'Algérie. Une attente qui fait douter les associations de victimes de la coopération algérienne dans ce dossier. Le rapport final du Bureau d'enquêtes et d'analyses est prévu pour le mois de décembre, soit 17 mois après le crash.
Les familles réclament les restes non identifiés de leurs proches
Ce vendredi, pour le premier anniversaire de la catastrophe, une trentaine de familles sera présente au Burkina Faso. Jeudi, une veillée de prière a eu lieu au Burkina Faso pour commémorer le premier anniversaire de l’accident. Des familles des victimes étaient présentes. Catholiques, musulmans, protestants et coutumiers ont prié pour le repos des âmes des défunts. Mais pour les parents, le plus urgent reste le rapatriement à Ouagadougou des restes non identifiés afin de pouvoir les enterrer sur le site où sera érigéeune stèle en leur mémoire. « Nous pleurons toujours et nous avons toujours des motifs de douleurs, désespère Halidou Ouedraogo, président de l'Association des familles des victimes burkinabè. L’Etat du Mali refuse de nous remettre les restes non identifiables de nos proches sous prétexte qu’ils ne sont pas identifiables. »
Plusieurs démarches ont été entreprises auprès des autorités burkinabè, maliennes et françaises, en vue du rapatriement des restes non identifiés, selon Sandrine Tricot, la responsable de l'Association des victimes françaises. « En France, nous avons interpellé le président de la République François Hollande, explique-t-il. Je sais qu’en ce moment il est en train de préparer une réponse. Sachez que nous resterons déterminés à ce que nos proches reviennent à Ouagadougou. »
Madame Djeneba Koussikana a perdu sept membres de sa famille dans le crash. Pour elle, il est inadmissible que les restes de leurs proches soient encore au Mali. « C'est la majeure partie des restes qui a été ensevelie au Mali et nous n’acceptons pas que ces restes aient été ensevelis à la sauvette, sans même que les familles aient été informées. C’est un manque de respect pour les familles », soutient-elle.
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