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Chronique: La libidocratie rampante



Chronique: La libidocratie rampante
Il ne se passe pas un jour sans que les médias ne rapportent un cas de viol. Il ne serait pas saugrenu d’imaginer « une revue de presse des viols » au regard de l’ampleur de ce fléau. Hier, le tribunal de Dakar jugeait un prévenu de 25 ans accusé de viol sur un enfant de trois ans !

Un « exploit » mais loin du sinistre record de ce maître d’arabe reconnu coupable, la semaine dernière, d’avoir violé à Touba des dizaines de jeunes filles dont il avait la garde. Au lieu de leur apprendre le saint Coran, il assouvissait sur elles sa libido débordante. Chiche !

Il y a un, défrayait la chronique l’affaire de cette bande de jeunes filles mineures qui avait piégé et fait condamner à trois ans de prison, non purgés, de célèbres hommes publics.

Actuellement, en Italie, le président atypique du Conseil se débat dans un scandale sexuel ahurissant qui chancelle son ménage et son pouvoir. L’année dernière, le patron du Fmi avait été éclaboussé par des faveurs accordées à une ex-maîtresse et employée du Fonds.

Un ancien président américain s’était aussi, dans les années’90, signalé par sa braguette…pardon, gâchette facile jusqu’à entraîner un « Monicagate » et une destitution avortée.

Cette comptabilité sordide et peu honorable est loin d’être exhaustive. Mais arrêtons là cette longue liste.

Au Sénégal et ailleurs, les exemples de viol, harcèlement sexuel et autres attouchements illicites sont récurrents et se déroulent dans de nombreuses sphères de la vie sociale, économique et politique.

Cela pousse même à se demander si nous ne sommes pas devant une « libidocratie » en marche. C’est-à-dire la montée en puissance des désirs sexuels effrénés !

Ces attitudes sont en passe de régir les rapports sociaux pour renverser, si l’on y prend garde, l’ordre établi, les lois et le comportement civilisé. Avec cette prise de pouvoir illégitime, ce serait le règne sans entrave du plaisir pour le plaisir. Notre monde civilisé entrerait dans la bestialité, voire dans l’infra-animalité. Cette décadence est préjudiciable à une vie harmonieuse comme l’explique Oscar Wilde, « il n’y a qu’un seul péché : la bêtise ».

L’être humain est doté de désirs et pulsions naturels nécessaires et utiles pour la perpétuation de son espèce. Cependant, à l’opposé de l’animal, il est appelé, pour faire honneur à son rang, à les canaliser pour ne pas porter préjudice à autrui et déstabiliser ainsi l’équilibre social.

Ce combat est aujourd’hui des plus difficiles eu égard à libération sexuelle en vogue avec tous ses avatars (prostitution, homosexualité, transsexualité, bisexualité, pédophile, échangisme, nudisme, zoophilie, nécrophilie, que sais-je encore…).

Aujourd’hui, la liberté a tendance à se confondre avec le libertinage au grand dam de tous. Certains prônent même qu’il doit être interdit d’interdire. On connaît la suite. Le système libéralo-capitaliste qui le défendait dans l’économie en a fait l’amère expérience.

Il est en train de se réajuster en plein tourbillon financier provoqué par le laisser-faire. Ce courant de pensée en appelle maintenant au retour à la régulation salutaire. Tout le monde doit y gagner. Chacun a le devoir de commencer la régulation par soi-même.

Quand on ne veut pas que son enfant ou son conjoint ne soit l’objet de certaines pratiques sexuelles répréhensibles, il faut commencer par en bannir la possibilité d’en être l’auteur.

Le florilège de sexe à la télé, à la radio, au cinéma, dans la presse, sur Internet, dans la rue,à l’école et à l’université, dans les boîtes de nuit, les aires de jeux, au marché, dans les lieux de travail et autres lieux de socialisation, les mariages tardifs et le relâchement moral sont des freins rédhibitoires à la lutte efficace contre les abus et dérapages sexuels.

Le sexe est devenu, à la limite, un produit économique avec tout ce que cela comporte. Qu’on ne s’y trompe pas, sinon les solutions cosmétiques (emprisonnement, honte sociale…) ne produiront aucun effet durable. Les chasseurs de plaisirs, souvent coupables mais des fois victimes de l’atmosphère érotique, seront toujours à l’affût des proies faciles.

Ce combat doit agir sur plusieurs leviers dont le moindre n’est pas l’éducation. Ensuite l’information, la vigilance familiale et sociale, la lutte contre la pauvreté, la répression par l’adoption et l’application de lois drastiques pour dissuader tous les candidats à la perversité ainsi que leur surveillance.

C’est un fléau global qui nécessite une approche systémique pour son éradication, ou à tout le moins son affaiblissement intégral.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com

Abdoulaye SYLLA

Mardi 23 Juin 2009 - 08:01


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