A la mi-journée, la situation à Bangui est toujours très tendue. Des tirs sporadiques raisonnent toujours jusque dans le centre-ville de la capitale centrafricaine, jusque là relativement épargnée par les violences. La ville est figée, les quartiers barricadés. Les soldats français de l’opération Sangaris et ceux africains de la Misca sont à pied d’œuvre pour démanteler ces barricades érigées pendant la nuit, et qui paralysent la ville.
Au bruit des rafales se mêlent depuis une petite demi-heure des coups de tonnerre, un orage vient de s’abattre dans le ciel de Bangui. Il pleut au moment où je vous parle. Des pluies espérées par les militaires de la force internationale car elles pourraient permettre la dispersion des derniers manifestants présents dans les rues, mais aussi sur les barricades et permettre ainsi le rétablissement de l’accès des principaux axes de Bangui, notamment celui de l’aéroport qui est bloqué.
Et en ce qui concerne le bilan, plusieurs sources concordantes font état de deux morts ce matin par balles, ainsi que plusieurs blessés.
Selon nos informations, recueillies auprès de plusieurs sources - dont une source militaire - deux des manifestants de ce vendredi matin ont succombé à des blessures par balle et plusieurs ont été blessés. « Nous maintenons le cap des manifestations. Ce n’est pas fini », confie malgré tout une personne présente dans ce rassemblement. « Un rassemblement pacifiste et spontané », selon ce Banguissois.
→A (RE)LIRE: RCA: à nouveau des tirs et des manifestants dans les rues de Bangui
La manifestation qui réunissait ce matin des milliers de Banguissois s’est cependant un peu dispersée. On ne compte plus qu’une centaine de personnes toujours massées sur l’avenue Boganda, près de la base du contingent burundais dont ils exigent le retrait de la Misca.
« Guérilla urbaine »
Les manifestants estiment que ces soldats n’ont pas agi pour éviter la tuerie dans l’église Notre-Dame de Fatima, mercredi, qui a coûté la vie à une quinzaine de personnes, dont un prêtre. Et les manifestants demandent donc également le départ de la présidente de transition Catherine Samba-Panza.
La violence condamnée
Les réactions et les appels au calme se multiplient. Catherine Samba-Panza s’est exprimée dans une allocution radio-télévisée. Elle a appelé au calme , et qualifié d'« acte terroriste » l'attaque contre l'église Notre-Dame de Fatima. « C'est le fait que les auteurs des crimes à répétition continuent de circuler librement qui explique cette recrudescence périodique des actes terroristes », a encore précisé Mme Samba-Panza qui a dénoncé une situation de « guérilla urbaine. »
De son côté, l'Archevêque de Bangui, Monseigneur Dieudonné Nzapalina a tenu à s'adresser directement aux forces « néfastes » qui continuent d'entretenir la violence:
«On ne peut pas répondre à la violence par la violence, aux représailles par les représailles (...) Ce sont des voies sans issue. Nous avons compté nos morts, nos blessés, nous avons nos orphelins et handicapés(…) Si nous avons un peu d’humanité, que nous puissions nous retenir, que nous puissions aussi donner la chance à la paix, au dialogue, au sursaut patriotique ».
La justice doit passer
Son collègue, Oumar Kobine Layama, président de la communauté islamique centrafricaine, prêche pour l'unité et la justice: « Si nous sommes unis, nous devrons agir comme un seul homme pour la cohésion du pays, pour pouvoir vivre ensemble. Nous connaissons ceux qui ont utilisé les armes. Nous ne devons pas ignorer que la justice est là pour tout le monde. Donc restons unis pour pouvoir mettre ceux qui commettent ces crimes parmi nous devant notre justice».
Du côté de la classe politique, Martin Ziguélé, a réagi aux propos tenus hier sur RFI par le Premier ministre André Nzapayéké, qui a pointé du doigtdes comploteurs dans l'entourage du pouvoir de transition. Le président du MLPC espère le gouvernement saura faire preuve de fermeté vis-à-vis de ces fauteurs de troubles qui agissent dans l'ombre. «La première réponse, selon lui, serait le désarmement intégral de tous ceux qui détiennent des armes dans le pays».
Enfin, même tonalité du coté de l'Union pour le Renouveau centrafricain. Anicet Georges Dologuélé, ancien Premier ministre du président Patassé, espère que les assaillants de la paroisse de Fatima seront arrêtés rapidement :
«Il faut s’occuper de cette question urgente d’arrêter l’impunité. En faisant des enquêtes, on peut mettre la main sur ceux qui ont tué (...) Ce n’est pas le moment d’être dans les querelles de savoir qui fait quoi. Quoique l’efficacité exige qu’on fasse appel à tous ceux qui peuvent être utiles».
Source : Rfi.fr
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