Dans son discours, Catherine Samba-Panza est restée dans le registre qu'elle avait amorcé, la semaine dernière, dans un communiqué où elle accusait une « coalition de forces négatives » de mener un « coup d’Etat institutionnel » en vue d’installer une troisième transition .
Cependant, dans son adresse de ce mercredi, elle dresse surtout un bilan des consultations. Ce qui en ressort, selon elle, c'est un soutien global à l'accord de cessation des hostilités de Brazzaville, ainsi qu’une exaspération générale face aux violences récurrentes.
« L'insécurité est aujourd'hui le problème numéro un en République centrafricaine », a-t-elle clamé. Pour tenter de pallier à ce « problème » aux allures de fléau, la présidente de transition a annoncé la création d'une « unité rapide d'intervention » capable de sécuriser efficacement la population contre les attaques meurtrières récurrentes .
La semaine dernière, un groupe constitué de militaires centrafricains appartenant aux Forces armées centrafricaines (FACA) est intervenu contre des positions anti-balaka dans le sud de Bangui. Une initiative qui, semble-t-il, a inspiré la présidence. Avec cette unité d’intervention, l’exécutif cherche à amorcer une réforme des Forces de défense et de sécurité, voulue depuis longtemps, mais empêchée notamment par l’embargo sur les armes.
Catherine Samba Panza a aussi rappelé l'urgence de la mise en place du programme Désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR), très attendu par les groupes armés.
Justice et élections
« La justice a disparu de notre socle de valeurs depuis bien longtemps », a déclaré la présidente de transition pour qui « l'impunité est le problème numéro deux […] Depuis 20 ans, les crimes politiques ou de droits communs commis massivement restent impunis », a-t-elle dit. Elle exhorte les magistrats à enregistrer toutes les plaintes et à rendre justice rapidement. Elle rappelle qu'elle a saisi la Cour pénale internationale (CPI) qui doit « compléter la justice interne ».
Enfin, concernant le dialogue national, elle reconnaît que le temps presse. Les élections, « allons-y le plus rapidement possible », a-t-elle lancé sans s'avancer sur une date avant d’ajouter que « l'Autorité nationale des élections (ANE) devra sans tarder soumettre un chronogramme ».
Au passage, pour faire taire certaines rumeurs, Catherine Samba Panza rappelle qu'elle ne sera pas candidate lors de la prochaine présidentielle.
Don angolais
L’affaire qui a embrasé la sphère politique banguissoise, ces dernières semaines, a été évoquée en quelques secondes à la fin de son discours.
Au sujet de l’enveloppe de 2,5 millions de dollars versés par l’Angola et qui ne sont pas passés par le Trésor public, « seules les raisons d'Etat ont guidé son utilisation », s’est défendu la présidente qui a évoqué « des polémiques nocives pour l'image du pays ». Catherine Samba Panza reconnaît que les procédures n'ont pas été suivies, mais elle estime que tout a été régularisé. « J'en ai saisi la Cour des comptes qui examinera cette question en toute impartialité », a-t-elle précisé.
La semaine dernière, le Premier ministre, Mahamat Kamoun, avait subi le feu roulant des questions des membres du CNT sur cette affaire et n’avait, semble-t-il, pas convaincu. Il avait été question d'une commission d'enquête parlementaire, annoncée à la tribune par le président du CNT, Alexandre-Ferdinand Nguendet, qui s’était ensuite ravisé. Il devrait en être question, de nouveau, en séance, jeudi 23 octobre. On verra alors si la présidente Samba-Panza aura su se montrer plus convaincante que son chef de gouvernement.
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