Samedi, juste avant 9 heures, un individu drapé dans une burqa essaye de pénétrer au marché central de Ndjamena par la porte sud, l’allée des femmes. Les services de sécurité l'obligent à se dévoiler et découvrent qu'il s'agit d'un homme qui active aussitôt la charge d’explosif qu’il porte autour des reins.
La panique s’empare de la foule présente aux abords du marché. C’est la débandade. « J’ai vu des gens tomber, raconte un homme. Un des débris est même passé au-dessus de ma tête. Un survivant est passé devant moi en courant avec des débris de chairs sur le dos. J’ai dû le rattraper et le calmer. »
« J’ai vu des cadavres qui jonchaient le champ, des femmes, décrit un autre témoin, encore sous le choc. Ça m’a vraiment rendu malade. Je suis indigné qu’en plein carême, on attaque, on tue des innocents. »
Boko Haram a revendiqué l'attentat sur Twitter, a indiqué le centre américain chargé de la surveillance des sites islamistes SITE. Selon le dernier bilan officiel de la police, l’attentat a fait seize morts et quatre-vingts blessés. Parmi eux, un gendarme, un policier municipal et le kamikaze.
Le gouvernement sévit sur l'interdiction de la burqa
A l’issue de la réunion de sécurité convoquée juste après l’attentat, le gouvernement, à travers les services de sécurité, a rappelé à l’opinion que sa décision d’interdire le port du voile intégral ne visait que la sécurité de tous. « Cet attentat vient confirmer une fois de plus que l’interdiction du port de la burqa est une mesure salutaire pour tous et doit être respectée plus que jamais par toute la population », a déclaré Paul Manga, porte-parole de la police.
Si cette explosion a pu avoir lieu, c’est parce qu’il y a encore des citoyens qui continuent à braver l’interdit. Tout ceci est terminé, promet le porte-parole de la police : « Désormais, toute personne qui refuse de se soumettre à la loi sera automatiquement arrêtée et traduite devant la justice, a-t-il prévenu. Les forces de sécurité ont été instruites par le gouvernement pour faire appliquer à la lettre toutes les décisions prises par le comité ad hoc de crise. »
Ces attentats doivent être saisis par le gouvernement pour montrer que l’autorité de l’Etat, souvent défiée, peut encore sévir contre les citoyens récalcitrants.
■ Un autre attentat avorté ?
Quelques heures plus tard, à une trentaine de kilomètres au nord de Ndjamena, deux hommes à moto qui s'étaient apparemment trompés de chemin interceptent un berger pour demander leur route. Un des deux hommes explose avec sa charge, blessant le berger et quelques moutons. De sources policières, le compagnon du kamikaze a été interpellé et ramené à Ndjamena. Son interrogatoire devrait permettre d'en savoir plus sur leur destination et peut-être leur objectif.
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