Libéré de prison, le journaliste El Malick Seck remercie le chef de l'Etat
Dans l'hexagone, Ségolène Royal a demandé pardon, au nom de la France, au Président du gouvernement espagnol suite à des propos attribués à Sarkozy. Le président français aurait traité, lors d’une rencontre avec des parlementaires, José Luis Zapatero de « pas très intelligent ». On dirait que Sarko tient un baromètre de intelligence humaine et civilisationnelle. Mme Royal en a profité pour présenter des excuses à son camarade socialiste espagnol. Une récidive du pardon formulé à Dakar pour les paroles regrettables de son ancien rival tenuess à l’Université Cheikh Anta Diop contre « l'homme africain pas assez entré dans l'histoire ». Cela a suscité un tollé et l'emballement médiatique jusqu'à Madrid. Là-bas, on a reproché à la présidente de la région du Poitou-Charentes d'être dans des prolongations sans fin du match présidentiel perdu de 2007. Et au vainqueur d' «oser tout». Moquerie, raillerie ou querelle avec des paysans et de jeunes gens. C'est le « style présidentiel » mais l'audace a des limites, sinon elle épouse les contours de la témérité impertinente.
Sous nos tropiques, également, le pardon fait débat. Le Président Abdoulaye Wade a accédé à la demande de pardon du journaliste El Malick Seck en lui accordant sa grâce, non sans extrapoler par un « rokki mi rokkam » (troc astucieux). Il a fait libérer, par la même occasion, les 12 casseurs des locaux des journaux 24 Heures Chrono et l'As et éloigné des griffes de la justice leur commanditaire.
Tout cela pourrait relever de la grandeur et du dépassement s’il n’était mû par des visées opportunistes. Cela (re)pose avec acuité les notions de liberté et de responsabilité notamment dans le domaine public.
La démocratie est, par essence et par excellence, un creuset de tolérance, d'indépendance, de libre exercice de ses droits et prérogatives mais aussi de respect strict de ses devoirs et des exigences et normes citoyennes. Occuper tout le périmètre de ses droits sans empiéter illégalement sur celui d'autrui quel qu'il soit. Tous les citoyens doivent être mis sur un pied d’égalité.
La presse, affublée du titre honorifique de quatrième pouvoir, a un rôle crucial dans ce jeu démocratique. Sa responsabilité est donc lourde, en ce sens qu'elle doit jouer le rôle de vigie sur la conduite des affaires publiques. Pour mener à bien sa mission, la presse doit avoir en bandoulière et comme credo la crédibilité. Cette qualité est à la presse, ce que la confiance est à la monnaie. Si elles les perdent, elles deviennent une feuille de chou ou une monnaie de singe. De la simple pacotille symbolique !
Nous aimons tellement la presse qu'on se désole souvent de la voir, devoir présenter ses excuses pour tirer son épingle du jeu. C’est une posture inconfortable. Cela donne évidemment le beau rôle aux politiques qui se drapent ainsi du manteau de miséricordieux.
La dépénalisation -terme impropre- des délits de presse, si elle n'est pas un leurre est une lueur qui tarde encore à pointer au zénith de la démocratie sénégalaise. Le journaliste Abdoulatif Coulibaly a bien raison de dire qu'il est opposé à cet effet d’annonce.
« C’est un piège dans lequel tous les journalistes se sont jetés. Je pars du principe que tout homme qui exerce une responsabilité dans la vie doit répondre devant le juge pénal des actes qu’il pose», a soutenu l’essayiste.
Le journaliste doit pouvoir répondre de ses écrits pour ne pas donner l'impression d'être au-dessus de la loi. Les médias n'ont pas besoin de « permis de diffamation » qui constituent, en dernière analyse, un couteau à double tranchant. Une liberté factice. Il est vrai que la prison n'est pas la solution pour réprimer des délits de presse. Mais le risque d’une exonération totale est d’attirer dans la fonction d’informer juste et vrai des « irresponsables » qui s'attaqueront sans conséquence et impunément à de paisibles citoyens.
S’élever au dessus de ces contingences nécessite également un renforcement des capacités des médias dans le domaine du droit. Il est devenu urgent que les professionnels de l’information s’attachent les services occasionnels ou permanents de conseils juridiques. Leur rôle consistera à éclairer les journalistes en amont sur leurs droits et devoirs au lieu d’attendre qu’il y ait procès pour jouer les sapeurs pompiers.
Au demeurant, une réforme du code la presse est nécessaire pour le rendre moins liberticide donc plus respectable par ses destinataires.
En attendant, ce « beau métier, comme le nomme Hervé Bourges, qui consiste à aider ses contemporains à connaître et à comprendre le monde qui les entoure et à leur permettre de formuler en toute liberté leurs jugements » mérite assurément pour sa dignité plus de retenue.
L'indulgence et la contrition, c'est bien, normal et même naturel mais la rigueur, c'est encore mieux. Pour que la presse ait toujours bonne presse, c’est la seule assurance tous risques !
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
Sous nos tropiques, également, le pardon fait débat. Le Président Abdoulaye Wade a accédé à la demande de pardon du journaliste El Malick Seck en lui accordant sa grâce, non sans extrapoler par un « rokki mi rokkam » (troc astucieux). Il a fait libérer, par la même occasion, les 12 casseurs des locaux des journaux 24 Heures Chrono et l'As et éloigné des griffes de la justice leur commanditaire.
Tout cela pourrait relever de la grandeur et du dépassement s’il n’était mû par des visées opportunistes. Cela (re)pose avec acuité les notions de liberté et de responsabilité notamment dans le domaine public.
La démocratie est, par essence et par excellence, un creuset de tolérance, d'indépendance, de libre exercice de ses droits et prérogatives mais aussi de respect strict de ses devoirs et des exigences et normes citoyennes. Occuper tout le périmètre de ses droits sans empiéter illégalement sur celui d'autrui quel qu'il soit. Tous les citoyens doivent être mis sur un pied d’égalité.
La presse, affublée du titre honorifique de quatrième pouvoir, a un rôle crucial dans ce jeu démocratique. Sa responsabilité est donc lourde, en ce sens qu'elle doit jouer le rôle de vigie sur la conduite des affaires publiques. Pour mener à bien sa mission, la presse doit avoir en bandoulière et comme credo la crédibilité. Cette qualité est à la presse, ce que la confiance est à la monnaie. Si elles les perdent, elles deviennent une feuille de chou ou une monnaie de singe. De la simple pacotille symbolique !
Nous aimons tellement la presse qu'on se désole souvent de la voir, devoir présenter ses excuses pour tirer son épingle du jeu. C’est une posture inconfortable. Cela donne évidemment le beau rôle aux politiques qui se drapent ainsi du manteau de miséricordieux.
La dépénalisation -terme impropre- des délits de presse, si elle n'est pas un leurre est une lueur qui tarde encore à pointer au zénith de la démocratie sénégalaise. Le journaliste Abdoulatif Coulibaly a bien raison de dire qu'il est opposé à cet effet d’annonce.
« C’est un piège dans lequel tous les journalistes se sont jetés. Je pars du principe que tout homme qui exerce une responsabilité dans la vie doit répondre devant le juge pénal des actes qu’il pose», a soutenu l’essayiste.
Le journaliste doit pouvoir répondre de ses écrits pour ne pas donner l'impression d'être au-dessus de la loi. Les médias n'ont pas besoin de « permis de diffamation » qui constituent, en dernière analyse, un couteau à double tranchant. Une liberté factice. Il est vrai que la prison n'est pas la solution pour réprimer des délits de presse. Mais le risque d’une exonération totale est d’attirer dans la fonction d’informer juste et vrai des « irresponsables » qui s'attaqueront sans conséquence et impunément à de paisibles citoyens.
S’élever au dessus de ces contingences nécessite également un renforcement des capacités des médias dans le domaine du droit. Il est devenu urgent que les professionnels de l’information s’attachent les services occasionnels ou permanents de conseils juridiques. Leur rôle consistera à éclairer les journalistes en amont sur leurs droits et devoirs au lieu d’attendre qu’il y ait procès pour jouer les sapeurs pompiers.
Au demeurant, une réforme du code la presse est nécessaire pour le rendre moins liberticide donc plus respectable par ses destinataires.
En attendant, ce « beau métier, comme le nomme Hervé Bourges, qui consiste à aider ses contemporains à connaître et à comprendre le monde qui les entoure et à leur permettre de formuler en toute liberté leurs jugements » mérite assurément pour sa dignité plus de retenue.
L'indulgence et la contrition, c'est bien, normal et même naturel mais la rigueur, c'est encore mieux. Pour que la presse ait toujours bonne presse, c’est la seule assurance tous risques !
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
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