Axelle Kabou avait bien raison de dire qu’il faut bien revenir à la question taboue des « mentalités » car, finalement, le sous-développement n'est pas dû à un manque de capitaux. Il suffirait de se pencher un tant soit peu sur ce qui se passe au Sénégal notamment depuis ces douze dernières années pour essayer de comprendre le lever de bouclier essuyé tour à tour par des projets comme Kawsara, du nom de ce projet d’un montant d’investissement de 135 milliards de FCfa en cours de réalisation sur le site de Rebeuss, mais surtout Senhuile-Senéthanol, un autre projet agro-industriel d’envergure, susceptible d’améliorer la situation sociale des communautés rurales du pays tout en assurant le développement socio-économique de tous les villages concernés. C’est ce dernier projet qui retiendra surtout notre attention car il renvoie plus au problème récurrent du foncier que toutes les civilisations ont toujours connu. Sans trop verser dans l’histoire antique de la question foncière, il apparaît simplement important de souligner que dans ses rapports avec l’évolution actuelle du secteur agricole, l’analyse du problème foncier semble démontrer qu’une des conditions préliminaires à sa solution est la résorption du retard dans la diminution de la population active agricole que le Sénégal a accumulé depuis bien longtemps maintenant.
Or, en matière d’utilisation de la terre à des fins agricoles, toute société doit apporter des solutions à deux problèmes distincts. D’abord un problème d’organisation technique : Comment organiser la production de sorte de combiner de façon satisfaisante l’ensemble des techniques disponibles pour assurer l’approvisionnement de la société en produits agricoles. Ensuite un problème d’organisation sociale, c’est-à-dire trouver un système institutionnel assurant la stabilité et la sécurité de l’organisation productive. A ce stade, voyons un peu ce que renferme le projet Senhuile-Senéthanol, présenté comme un des plus grands projets agro-industriels de l’Afrique de l’Ouest.
Posséder ou produire
Le projet compte produire et exporter des semences de tournesol qui seront utilisées pour produire de l’huile alimentaire pour la consommation intérieure. Prévu sur 20 000 ha de terre, les promoteurs démarrent sur 10 000 pour produire également de la patate douce, en plus de l’huile de soja. En somme, 555,56 tonnes de semences seront produites par jour soit 180.000 tonnes de semences par année avec un chiffre d’affaires de 23.614.452.000 FCfa pour le premier exercice.
Toute cette activité devrait employer quelque 2400 personnes réparties entre les cadres supérieurs, techniciens, entre autres employés, ouvriers et apprentis pour une masse salariale de près de 6 milliards de FCfa, rien que pour le personnel permanent, selon le business plan du projet. Quant à la valeur ajoutée qui, en économie, est l’ensemble de la richesse produite par une entreprise publique ou privée, les administrations, les ménages, elle est évaluée à 7.485.393.237 FCfa toujours pour la première année.
Un projet qui, en plus, intègre l’installation d’une centrale électrique à bagasse de 100 Mw dans la plantation de tournesol et d’une autre de 240 Mw avec l’éthanol dans la plantation de patate douce. Sur 10 000 ha, le projet permettra d’emmener l’eau du fleuve Sénégal vers le Diéri, consacrant ainsi une maîtrise de l’eau qui permettra également de développer le pâturage avec des cultures fourragères, sources de protéines pour le bétail et susceptible de donner plus de lait et de viande dans une dynamique d’intensification de l’élevage dans la zone. Une dynamique qui intègrerait même des zones de pâturage en dehors des périodes hivernales. Si l’on y ajoute les centres de santé et les écoles qui entrent dans le cadre du projet, que veulent donc de plus les populations ?
En réalité, au-delà de la problématique du foncier ainsi effleurée, il y a que le contexte politico-affairiste qui a prévalu ces dernières années avec les histoires de spéculations foncières bien connues sous le régime précédent, expliquent en partie toutes ces réticences de certaines populations par rapport aux projets. Il n’est pas non plus à écarter l’hypothèse de lobbys tapis dans l’ombre de certains groupes qui agitent subjectivement des problèmes de terres.
Toujours est-il que pour un tel projet dont le coût de l’investissement est évalué à 100 milliards de FCfa, dans un pays qui regorge d’étendues à perte de vue encore non exploitées et que l’Etat n’aura jamais les moyens de valoriser et où personne n’a jamais compris qu’il y ait autant d’eau sans que l’agriculture ne se développe, cela vaut bien l’affectation d’une assiette foncière de 10 000 ha aux privés, seuls détenteurs de capitaux aussi importants. Toutes mesures législatives prises ou préconisées pour faciliter l’acquisition de la terre par les paysans, dit M. Artaud (dans le Métier d'agriculteur et l'Agriculture nouvelle), « me paraissent aller à l’encontre du véritable intérêt agricole qui n’est pas de posséder mais de produire. »
Source : Sudonline
Or, en matière d’utilisation de la terre à des fins agricoles, toute société doit apporter des solutions à deux problèmes distincts. D’abord un problème d’organisation technique : Comment organiser la production de sorte de combiner de façon satisfaisante l’ensemble des techniques disponibles pour assurer l’approvisionnement de la société en produits agricoles. Ensuite un problème d’organisation sociale, c’est-à-dire trouver un système institutionnel assurant la stabilité et la sécurité de l’organisation productive. A ce stade, voyons un peu ce que renferme le projet Senhuile-Senéthanol, présenté comme un des plus grands projets agro-industriels de l’Afrique de l’Ouest.
Posséder ou produire
Le projet compte produire et exporter des semences de tournesol qui seront utilisées pour produire de l’huile alimentaire pour la consommation intérieure. Prévu sur 20 000 ha de terre, les promoteurs démarrent sur 10 000 pour produire également de la patate douce, en plus de l’huile de soja. En somme, 555,56 tonnes de semences seront produites par jour soit 180.000 tonnes de semences par année avec un chiffre d’affaires de 23.614.452.000 FCfa pour le premier exercice.
Toute cette activité devrait employer quelque 2400 personnes réparties entre les cadres supérieurs, techniciens, entre autres employés, ouvriers et apprentis pour une masse salariale de près de 6 milliards de FCfa, rien que pour le personnel permanent, selon le business plan du projet. Quant à la valeur ajoutée qui, en économie, est l’ensemble de la richesse produite par une entreprise publique ou privée, les administrations, les ménages, elle est évaluée à 7.485.393.237 FCfa toujours pour la première année.
Un projet qui, en plus, intègre l’installation d’une centrale électrique à bagasse de 100 Mw dans la plantation de tournesol et d’une autre de 240 Mw avec l’éthanol dans la plantation de patate douce. Sur 10 000 ha, le projet permettra d’emmener l’eau du fleuve Sénégal vers le Diéri, consacrant ainsi une maîtrise de l’eau qui permettra également de développer le pâturage avec des cultures fourragères, sources de protéines pour le bétail et susceptible de donner plus de lait et de viande dans une dynamique d’intensification de l’élevage dans la zone. Une dynamique qui intègrerait même des zones de pâturage en dehors des périodes hivernales. Si l’on y ajoute les centres de santé et les écoles qui entrent dans le cadre du projet, que veulent donc de plus les populations ?
En réalité, au-delà de la problématique du foncier ainsi effleurée, il y a que le contexte politico-affairiste qui a prévalu ces dernières années avec les histoires de spéculations foncières bien connues sous le régime précédent, expliquent en partie toutes ces réticences de certaines populations par rapport aux projets. Il n’est pas non plus à écarter l’hypothèse de lobbys tapis dans l’ombre de certains groupes qui agitent subjectivement des problèmes de terres.
Toujours est-il que pour un tel projet dont le coût de l’investissement est évalué à 100 milliards de FCfa, dans un pays qui regorge d’étendues à perte de vue encore non exploitées et que l’Etat n’aura jamais les moyens de valoriser et où personne n’a jamais compris qu’il y ait autant d’eau sans que l’agriculture ne se développe, cela vaut bien l’affectation d’une assiette foncière de 10 000 ha aux privés, seuls détenteurs de capitaux aussi importants. Toutes mesures législatives prises ou préconisées pour faciliter l’acquisition de la terre par les paysans, dit M. Artaud (dans le Métier d'agriculteur et l'Agriculture nouvelle), « me paraissent aller à l’encontre du véritable intérêt agricole qui n’est pas de posséder mais de produire. »
Source : Sudonline
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