Un sommet de crise devrait avoir lieu demain, vendredi, à Conakry entre les chefs d'Etat de la Sierra Leone, du Liberia, de la Guinée et de la Côte d'Ivoire. Le président sierra-léonais annule aussi sa présence au sommet Etats-Unis - Afrique la semaine prochaine.
Ce qui inquiète l'ONG, ce n'est pas seulement l'augmentation du nombre de cas ou de décès. C'est surtout l'apparition de nouveaux foyers d'épidémie. C'est-à-dire des cas d'Ebola dans des villages qui n'étaient pas touchés jusqu'ici. L'épicentre reste le même : la région forestière frontalière entre la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria, mais avec des cas plus nombreux au Liberia et en Sierra Leone, et des districts très touchés comme ceux de Kenema et Kailahun.
Aujourd'hui, la transmission se fait principalement d'humain à humain, lors de contacts avec des malades ou des personnes mortes d'Ebola. Cela peut avoir lieu notamment au sein d'une famille ou lors d'un enterrement traditionnel. Avec une grande difficulté à gérer : les mouvements des populations. Les frontières sont poreuses et les gens circulent.
De nouvelles mesures mises en place
Les Etats concernés ont donc décidé de prendre des mesures drastiques. En Sierra Leone, le président a décrété l'état d'urgence, avec l'instauration de zones de quarantaine et l'interdiction des rassemblements publics. Les autorités ont besoin de 26 millions de dollars pour faire face à l'épidémie. Pour le moment, elles n'ont reçu que 7,6 millions de dollars.
Des mesures de quarantaine seront également prises, et les marchés des zones frontalières sont fermés. Ce vendredi est déclaré chômé pour permettre aux autorités sanitaired de désinfecter les lieux publics. Quant aux fonctionnaires non essentiel, il sont mis en congé obligatoire jusqu'à la fin du mois d'aout.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne recommande pas d’interdiction de déplacement ou de voyage, mais une plus grande coopération entre les Etats. Pour l’organisation internationale, il faut un travail minutieux et très coûteux qui n'a rien de spectaculaire et qui consiste à établir des listes de personnes qui ont été en contact avec des malades et de suivre l'évolution de leur état de santé. Ce recensement doit être couplé à une action de terrain avec l'installation de nouveaux centres de prise en charge et des tests cliniques, ainsi qu'avec des opérations répétées de sensibilisation des populations.
En tout cas, la réponse à Ebola coûte cher. La Sierra Leone comme le Libéria demandent plusieurs dizaines de millions de dollars à la communauté internationale pour faire face. Ils viennent de recevoir un premier et bon signal du côté de l'OMS qui annonce un plan d'urgence à hauteur de 100 millions de dollars.
Conseils aux populations et aux personnels de santé
Les scientifiques ont cru à un moment que le virus qui sévissait à différents endroits du continent n’était pas le même. Mais sa transmission entre individus - ignorant être porteurs du virus - a été très rapide dans certains cas. C’est pourquoi les trois pays Guinée, Libéria et Sierra Leone initialement concernés par l’épidémie ont du partager l’information avec les pays voisins.
Une dimension transfrontalière donc afin que chacun puisse élaborer des stratégies efficaces comme ont réussi à le faire la République démocratique du Congo ou encore l’Ouganga. Enfin et surtout, les conseils prodigués aux populations, mais aussi aux personnels de santé qui sont en contact direct avec les malades. Eviter absolument de toucher aux personnes susceptibles d’être infectées, mais aussi aux défunts. Interdiction de consommer et donc de manipuler les chauves-souris, qui sont des réservoirs du virus Ebola. Même conseil pour tout autre animal trouvé mort.
Troisième conseil, dirigé plus spécifiquement vers les personnels de santé : faire attention aux infections nosocomiales qui peuvent être transmises au niveau de centres de santé et d’hôpitaux. En manipulant par exemple des seringues mal stérilisées ou par un contact avec un malade avec un agent de santé ou un médecin ne portant ni gants ni blouses de protection, particulièrement. Et c’est le cas en ce moment en période d’épidémie
La Guinée, le Liberia, la Sierra Leoneet le Nigeria déconseillés de voyage
L’Afrique de l'Ouest se mobilise mais pas seulement. Face à l'ampleur de l'épidémie, plusieurs pays de l'est du continent ont déclaré l'état d'alerte. Ainsi, le Kenya relève son niveau d'alerte notamment à l'aéroport international de Nairobi où transitent près de vingt mille passagers par jour. Même chose en Tanzanie et en Ethiopie où la compagnie aérienne nationale a pris des précautions exceptionnelles à l'aéroport d'Addis Abeba. L’Ouganda - qui a connu une épidémie d'Ebola en 2012 - a dépêché une équipe médicale en Afrique de l’Ouest.
Berlin et Washington ont recommandé de suspendre, jeudi 31 août, tout projet de voyage vers la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Ils ont été rejoints par Paris, qui a ajouté le Nigeria aux pays déjà déconseillés.
Enfin, Ebola va devenir l'un des gros dossiers du Sommet Etats-Unis/Afrique de Washington la semaine prochaine. L'autorité américaine de contrôle des maladies (CDC) dépêchera dans le mois qui vient une cinquantaine d'experts supplémentaires.
Source : Rfi.fr
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