Bloqué en rade extérieure du port d'Abidjan depuis plusieurs jours, le cargo Zimrida et les 20 000 tonnes d'engrais à base de nitrate d'ammonium qu'il transporte devraient être fixés sur leur sort ce lundi 6 janvier. Une réunion entre les autorités portuaires, les douanes ivoiriennes, le propriétaire de la marchandise et le transporteur est prévue dans la matinée pour décider si les 3 000 tonnes de sa cargaison destinées à la Côte d'Ivoire pourront être déchargées comme prévu ou pas.
Placé sous l'étroite surveillance des autorités ivoiriennes, que sait-on exactement à ce stade du navire et des substances qui se trouvent à bord ? RFI fait le point.
En ce qui concerne le cargo Zimrida, qui bat pavillon de La Barbade, celui-ci est arrivé au large d'Abidjan le 30 décembre dernier en provenance du port britannique de Great Yarmouth, dans le comté de Norfolk, en Angleterre, qu'il avait quitté 14 jours plus tôt, dans la soirée du 16 décembre. C'est là qu'il avait pris possession, au début du mois dernier, des 20 000 tonnes d'engrais à base de nitrate d'ammonium aujourd'hui à son bord.
Le Zimrida était arrivé à vide dans le port anglais quelques semaines plus tôt, le 29 octobre, en provenance d'Algérie, pour prendre en charge la cargaison qui se trouvait jusqu'alors sur le Ruby, un autre navire de la compagnie Serenity Ship Management DMCC basée aux Émirats arabes unis, selon l'ONG écologiste française Robin des Bois. Le transbordement entre les deux navires était devenu nécessaire depuis une avarie subie par le Ruby en mer de Norvège, « dont la nature exacte et la gravité sont floues », toujours selon Robin des Bois.
Une cargaison qui alimente de nombreux fantasmes
Le Ruby était parti le 22 août 2024 du port de Kandalakcha, en Mer Blanche, « dans l'Arctique russe », précise Jacky Bonnemain, le directeur de l'ONG spécialiste du suivi des navires sur les mers du globe, joint par Lucile Gimberg. Avant que le Royaume-Uni ne finisse par accepter de l'accueillir, « celui-ci a essayé de se réfugier en Norvège qui n'en a pas pas voulu, reprend celui-ci, tout comme de très nombreux autres ports d'Europe du Nord », en raison de la nature et du pays d'origine - la Russie - de sa cargaison qui continuent d'alimenter de nombreux fantasmes.
Le nitrate d'ammonium est une substance réputée dangereuse notamment à cause de la catastrophe de Beyrouth.
Le nitrate d'ammonium passé du Ruby au Zimrida a, en effet, une réputation sulfureuse, notamment depuis la terrible explosion du port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts et 6 500 blessés, le 4 août 2020. « Avec des températures autour de 200°C [provoquées par une mauvaise manipulation, un stockage inadéquat ou une température élevée, NDLR], le nitrate d'ammonium entre spontanément en explosion, ce qui produit des gaz très dangereux comme l'oxyde d'azote, très toxique. Il s'agit d'une réaction en chaîne difficilement maitrisable », décrypte ainsi Nahossé Ziao, professeur de chimie à l’Université Nangui Abrogoua d'Abidjan, contacté par notre correspondant sur place, Abdoul Aziz Diallo. Pas de quoi rassurer, donc, d'autant plus que le Zimrida contient actuellement sept fois plus que la quantité qui a explosé dans la capitale libanaise il y a bientôt cinq ans.
« Aucun signe de dégradation thermique »
Reste toutefois une distinction de taille entre les deux cargaisons : le nitrate d'ammonium à l'origine de la catastrophe à Beyrouth était « du nitrate d’ammonium technique destiné à la fabrication d’explosifs, et non des engrais, qui avait été entreposé pendant plusieurs années dans des conditions ignorant totalement les règles de base en matière de sécurité », exposait dès 2021 un rapport sur la gestion des risques liés à la présence d'ammonitrate dans les ports maritimes et fluviaux rédigé par les ministères français de l'Economie et de la Transition écologique.
Une différence que souligne aussi l'ONG Robin des Bois dans un communiqué qu'elle a publié en octobre dernier et dans lequel elle explique, pour sa part, que « les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium quasiment pur abandonnées pendant six ou sept ans à côté de feux d’artifice et de pneus dans le hangar de Beyrouth étaient destinées à la fabrication d’explosifs à usage minier au Mozambique. Le nitrate d’ammonium de Beyrouth n’était pas un engrais », insiste l'association pour qui « il n’y a, à ce jour, aucun signe de dégradation thermique de la cargaison du Ruby [passée au Zimrida], contrairement à ce qui s’est déjà passé à bord de navires en mer du Nord et dans le golfe de Gascogne ».
« Cela étant, je comprends bien les tensions actuelles à Abidjan, une ville traumatisée dans sa tête et dans sa chaire par l'affaire du Probo Koala qui avait déchargé, en août 2006, des résidus pétroliers très toxiques, provoquant une véritable panique et la mort de personnes », conclut Jacky Bonnemain.
Placé sous l'étroite surveillance des autorités ivoiriennes, que sait-on exactement à ce stade du navire et des substances qui se trouvent à bord ? RFI fait le point.
En ce qui concerne le cargo Zimrida, qui bat pavillon de La Barbade, celui-ci est arrivé au large d'Abidjan le 30 décembre dernier en provenance du port britannique de Great Yarmouth, dans le comté de Norfolk, en Angleterre, qu'il avait quitté 14 jours plus tôt, dans la soirée du 16 décembre. C'est là qu'il avait pris possession, au début du mois dernier, des 20 000 tonnes d'engrais à base de nitrate d'ammonium aujourd'hui à son bord.
Le Zimrida était arrivé à vide dans le port anglais quelques semaines plus tôt, le 29 octobre, en provenance d'Algérie, pour prendre en charge la cargaison qui se trouvait jusqu'alors sur le Ruby, un autre navire de la compagnie Serenity Ship Management DMCC basée aux Émirats arabes unis, selon l'ONG écologiste française Robin des Bois. Le transbordement entre les deux navires était devenu nécessaire depuis une avarie subie par le Ruby en mer de Norvège, « dont la nature exacte et la gravité sont floues », toujours selon Robin des Bois.
Une cargaison qui alimente de nombreux fantasmes
Le Ruby était parti le 22 août 2024 du port de Kandalakcha, en Mer Blanche, « dans l'Arctique russe », précise Jacky Bonnemain, le directeur de l'ONG spécialiste du suivi des navires sur les mers du globe, joint par Lucile Gimberg. Avant que le Royaume-Uni ne finisse par accepter de l'accueillir, « celui-ci a essayé de se réfugier en Norvège qui n'en a pas pas voulu, reprend celui-ci, tout comme de très nombreux autres ports d'Europe du Nord », en raison de la nature et du pays d'origine - la Russie - de sa cargaison qui continuent d'alimenter de nombreux fantasmes.
Le nitrate d'ammonium est une substance réputée dangereuse notamment à cause de la catastrophe de Beyrouth.
Le nitrate d'ammonium passé du Ruby au Zimrida a, en effet, une réputation sulfureuse, notamment depuis la terrible explosion du port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts et 6 500 blessés, le 4 août 2020. « Avec des températures autour de 200°C [provoquées par une mauvaise manipulation, un stockage inadéquat ou une température élevée, NDLR], le nitrate d'ammonium entre spontanément en explosion, ce qui produit des gaz très dangereux comme l'oxyde d'azote, très toxique. Il s'agit d'une réaction en chaîne difficilement maitrisable », décrypte ainsi Nahossé Ziao, professeur de chimie à l’Université Nangui Abrogoua d'Abidjan, contacté par notre correspondant sur place, Abdoul Aziz Diallo. Pas de quoi rassurer, donc, d'autant plus que le Zimrida contient actuellement sept fois plus que la quantité qui a explosé dans la capitale libanaise il y a bientôt cinq ans.
« Aucun signe de dégradation thermique »
Reste toutefois une distinction de taille entre les deux cargaisons : le nitrate d'ammonium à l'origine de la catastrophe à Beyrouth était « du nitrate d’ammonium technique destiné à la fabrication d’explosifs, et non des engrais, qui avait été entreposé pendant plusieurs années dans des conditions ignorant totalement les règles de base en matière de sécurité », exposait dès 2021 un rapport sur la gestion des risques liés à la présence d'ammonitrate dans les ports maritimes et fluviaux rédigé par les ministères français de l'Economie et de la Transition écologique.
Une différence que souligne aussi l'ONG Robin des Bois dans un communiqué qu'elle a publié en octobre dernier et dans lequel elle explique, pour sa part, que « les 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium quasiment pur abandonnées pendant six ou sept ans à côté de feux d’artifice et de pneus dans le hangar de Beyrouth étaient destinées à la fabrication d’explosifs à usage minier au Mozambique. Le nitrate d’ammonium de Beyrouth n’était pas un engrais », insiste l'association pour qui « il n’y a, à ce jour, aucun signe de dégradation thermique de la cargaison du Ruby [passée au Zimrida], contrairement à ce qui s’est déjà passé à bord de navires en mer du Nord et dans le golfe de Gascogne ».
« Cela étant, je comprends bien les tensions actuelles à Abidjan, une ville traumatisée dans sa tête et dans sa chaire par l'affaire du Probo Koala qui avait déchargé, en août 2006, des résidus pétroliers très toxiques, provoquant une véritable panique et la mort de personnes », conclut Jacky Bonnemain.
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