Les traditions, des facteurs de propagation
Les raisons de l'expansion du sida en Afrique sont multiples : manque d'information, d'infrastructures et donc de prise en charge, pénurie de médicaments, traitements trop onéreux, mais aussi pérennité de certaines pratiques traditionnelles. Les mariages forcés et/ou précoces, le lévirat (union d’un homme avec la veuve de son frère), ou encore la polygamie sont ainsi autant de pratiques ancestrales qui contribuent à la transmission du virus du sida.
Christine Beynis, infirmière guinéenne, est présidente du GAMS, une association réputée pour ses actions de lutte contre toute forme de violences, et donc de pratiques traditionnelles néfastes pour la femme.
« Un homme qui a déjà le sida va le transmettre à sa première épouse. Si on sait que cet homme est malade, qu'est-ce qu'on va aller lui donner une autre femme qui est supposée saine et à qui il va transmettre le virus, ainsi qu'aux enfants qui vont naître ? C'est l'assurance de la prolifération de toutes les maladies infectieuses. Bien souvent, même si la femme ne veut pas [de cette union], le poids de la famille l'y contraint. On peut l'enlever et l'emmener de force ! Je connais l'histoire d'une jeune fille qui a été emmenée de force à son mariage. A mon avis, il faut aussi une volonté politique et une information par la radio. Il faut parler du sida, parler des méfaits de ces pratiques, pas seulement sur la vie des femmes mais aussi sur celle des enfants qui vont naître de cette pratique-là. »
Grâce au travail d’associations pour informer et éduquer les femmes, certaines pratiques reculent. Un recul malheureusement encore trop lent pour des millions de fillettes à travers le monde.
Jean-François Etard, médecin épidémiologiste, chercheur détaché de l’Institut de recherche pour le développement.
« La première hypothèse est que les hommes observent moins bien leur traitement antirétroviral, en termes de doses manquées, par exemple, de retards aux rendez-vous... Donc l'observance est moins bonne. Après, il y a d'autres raisons qui sont plus délicates à démontrer, en particulier la pharmacodynamique (décrit les effets qu'un principe produit sur l'organisme, ndlr), la pharmacocinétique (étudie le devenir dans l'organisme d'une substance active contenue dans un médicament, ndlr) des médicaments antirétroviraux. Ca veut dire que lorsque les hommes et les femmes prennent les mêmes molécules, les mêmes tritérapies, il n'y a pas les mêmes taux sanguins. Par ailleurs, il y a des différences physiologiques entre les hommes et les femmes, en termes de taux de concentration de ces cellules immunitaires, mais en dehors de toute infection. On a bien montré que les femmes ont des taux de cellules - CD4 en particulier - plus élevés que les hommes à peu près partout dans le monde. Il y a un ensemble de raisons qui expliquent ces différences de reconstitution immunitaire entre les hommes et les femmes ».
Le même constat a été révélé dans une étude en Afrique de l’Ouest, au Sénégal. Une tendance vérifiée également en Asie.
Maïmouna gère un cyber café à la poste centrale. Ici, pour chaque ticket payé, le client a droit à un petit cadeau. « Un ticket acheté, trois préservatifs offerts, juste pour sensibiliser mes clients », explique-t-elle. Les clients s’en donnent à cœur joie. « J'ai été très surpris qu'on en distribue gratuitement à la poste », s'étonne un homme. « C'est difficile de les trouver », dit une femme.
Il n’y a pas beaucoup d'initiatives de ce genre. Les préservatifs ne sont plus disponibles comme dans le passé. « Aujourd'hui, il y a un petit relâchement. Il n'y a plus trop de campagnes comme autrefois », rapporte Maïmouna. Depuis quelques mois, Amissa Briana Bongo Ondimba est à la tête de la Direction générale de la prévention du sida (DGPS). Elle promet une action vigoureuse pour remédier à la situation : « Nous constatons que le préservatif n'est plus aussi disponible. Nous sommes en train d'étudier différents moyens de mettre en place des stratégies de marketing social de préservatifs. »
Selon des statistiques officielles, en 2011, la prévalence du sida au Gabon était de 5,2%. Les nouvelles contaminations sont en baisse, mais le budget de la prise en charge des malades a quasiment doublé en 10 ans.
Dans l'unité des maladies infectieuses d'un hôpital d'Abidjan, un décès est intervenu hier, celui d'un patient qui prenait des antirétroviraux sans respecter le protocole prescrit. Cet autre homme, séropositif depuis onze ans, avoue respecter la prise de ses médicaments. Il sait qui leur doit sa survie. « Beaucoup croient que les médicaments existent et que c'est une activité commerciale qui n'a pas pour objectif de guérir totalement les gens de ce mal. Or, il n'existe pas encore un médicament qui puisse guérir ça totalement. »
Pour Florence Kouakou, conseillère des séropositifs au centre hospitalo-universitaire de Treichville, le 1er décembre est un jour comme les autres. « Moi je pense qu'on doit lutter contre le sida tous les jours, en sensibilisant les gens pour leur faire faire le test de dépistage pour qu'ils puissent recevoir aussi les soins qu'il faut », affirme-t-elle.
Selon une autre conseillère, de plus en plus de personnes à Abidjan font le teste de dépistage spontanément. « Il y en qui viennent même avec leur partenaire. Pour certains, la femme est infectée et pas le monsieur. On les appelle 'couples sérodiscordants' », rapporte-t-elle. Un motif de divorce parfois. Un professeur du CHU de Treichville avoue que dans un couple sérodiscordant, il peut s'avérer difficile de faire venir régulièrement la personne séronégative en consultation.
RFI
Les raisons de l'expansion du sida en Afrique sont multiples : manque d'information, d'infrastructures et donc de prise en charge, pénurie de médicaments, traitements trop onéreux, mais aussi pérennité de certaines pratiques traditionnelles. Les mariages forcés et/ou précoces, le lévirat (union d’un homme avec la veuve de son frère), ou encore la polygamie sont ainsi autant de pratiques ancestrales qui contribuent à la transmission du virus du sida.
Christine Beynis, infirmière guinéenne, est présidente du GAMS, une association réputée pour ses actions de lutte contre toute forme de violences, et donc de pratiques traditionnelles néfastes pour la femme.
« Un homme qui a déjà le sida va le transmettre à sa première épouse. Si on sait que cet homme est malade, qu'est-ce qu'on va aller lui donner une autre femme qui est supposée saine et à qui il va transmettre le virus, ainsi qu'aux enfants qui vont naître ? C'est l'assurance de la prolifération de toutes les maladies infectieuses. Bien souvent, même si la femme ne veut pas [de cette union], le poids de la famille l'y contraint. On peut l'enlever et l'emmener de force ! Je connais l'histoire d'une jeune fille qui a été emmenée de force à son mariage. A mon avis, il faut aussi une volonté politique et une information par la radio. Il faut parler du sida, parler des méfaits de ces pratiques, pas seulement sur la vie des femmes mais aussi sur celle des enfants qui vont naître de cette pratique-là. »
Grâce au travail d’associations pour informer et éduquer les femmes, certaines pratiques reculent. Un recul malheureusement encore trop lent pour des millions de fillettes à travers le monde.
- Les hommes se soignent plus mal que les femmes
Jean-François Etard, médecin épidémiologiste, chercheur détaché de l’Institut de recherche pour le développement.
« La première hypothèse est que les hommes observent moins bien leur traitement antirétroviral, en termes de doses manquées, par exemple, de retards aux rendez-vous... Donc l'observance est moins bonne. Après, il y a d'autres raisons qui sont plus délicates à démontrer, en particulier la pharmacodynamique (décrit les effets qu'un principe produit sur l'organisme, ndlr), la pharmacocinétique (étudie le devenir dans l'organisme d'une substance active contenue dans un médicament, ndlr) des médicaments antirétroviraux. Ca veut dire que lorsque les hommes et les femmes prennent les mêmes molécules, les mêmes tritérapies, il n'y a pas les mêmes taux sanguins. Par ailleurs, il y a des différences physiologiques entre les hommes et les femmes, en termes de taux de concentration de ces cellules immunitaires, mais en dehors de toute infection. On a bien montré que les femmes ont des taux de cellules - CD4 en particulier - plus élevés que les hommes à peu près partout dans le monde. Il y a un ensemble de raisons qui expliquent ces différences de reconstitution immunitaire entre les hommes et les femmes ».
Le même constat a été révélé dans une étude en Afrique de l’Ouest, au Sénégal. Une tendance vérifiée également en Asie.
- Le Gabon face à la pénurie de préservatifs
Maïmouna gère un cyber café à la poste centrale. Ici, pour chaque ticket payé, le client a droit à un petit cadeau. « Un ticket acheté, trois préservatifs offerts, juste pour sensibiliser mes clients », explique-t-elle. Les clients s’en donnent à cœur joie. « J'ai été très surpris qu'on en distribue gratuitement à la poste », s'étonne un homme. « C'est difficile de les trouver », dit une femme.
Il n’y a pas beaucoup d'initiatives de ce genre. Les préservatifs ne sont plus disponibles comme dans le passé. « Aujourd'hui, il y a un petit relâchement. Il n'y a plus trop de campagnes comme autrefois », rapporte Maïmouna. Depuis quelques mois, Amissa Briana Bongo Ondimba est à la tête de la Direction générale de la prévention du sida (DGPS). Elle promet une action vigoureuse pour remédier à la situation : « Nous constatons que le préservatif n'est plus aussi disponible. Nous sommes en train d'étudier différents moyens de mettre en place des stratégies de marketing social de préservatifs. »
Selon des statistiques officielles, en 2011, la prévalence du sida au Gabon était de 5,2%. Les nouvelles contaminations sont en baisse, mais le budget de la prise en charge des malades a quasiment doublé en 10 ans.
- Côte d'Ivoire : objectif « zéro décès » lié au VIH
Dans l'unité des maladies infectieuses d'un hôpital d'Abidjan, un décès est intervenu hier, celui d'un patient qui prenait des antirétroviraux sans respecter le protocole prescrit. Cet autre homme, séropositif depuis onze ans, avoue respecter la prise de ses médicaments. Il sait qui leur doit sa survie. « Beaucoup croient que les médicaments existent et que c'est une activité commerciale qui n'a pas pour objectif de guérir totalement les gens de ce mal. Or, il n'existe pas encore un médicament qui puisse guérir ça totalement. »
Pour Florence Kouakou, conseillère des séropositifs au centre hospitalo-universitaire de Treichville, le 1er décembre est un jour comme les autres. « Moi je pense qu'on doit lutter contre le sida tous les jours, en sensibilisant les gens pour leur faire faire le test de dépistage pour qu'ils puissent recevoir aussi les soins qu'il faut », affirme-t-elle.
Selon une autre conseillère, de plus en plus de personnes à Abidjan font le teste de dépistage spontanément. « Il y en qui viennent même avec leur partenaire. Pour certains, la femme est infectée et pas le monsieur. On les appelle 'couples sérodiscordants' », rapporte-t-elle. Un motif de divorce parfois. Un professeur du CHU de Treichville avoue que dans un couple sérodiscordant, il peut s'avérer difficile de faire venir régulièrement la personne séronégative en consultation.
RFI
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