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Keur Mademba Gueye (Kaffrine) : sept (7) ans de soif et d’attente, des terres fertiles inutilisées en dehors de la saison des pluies



Dans le village de Keur Mademba Gueye, situé au cœur de la région de Kaffrine, l’espoir s’évapore sous un soleil de plomb. Depuis plus de sept ans, aucune goutte d'eau n'a coulé des robinets. Le forage, jadis source de vie pour les habitants, est aujourd'hui sec, laissant place à la désillusion et au désespoir.

Devant le forage abandonné, une vingtaine de jeunes se sont rassemblés, leurs visages marqués par l'inquiétude. « Nous ne savons plus vers qui nous tourner, » confie El Hadji Cissé, le chef du village. Autrefois, ce forage alimentait 21 villages. Aujourd'hui, il n’offre qu'un silence accablant.

La genèse du forage remonte aux années 1980, sous la présidence d'Abdou Diouf, et il a été modernisé en 2006 sous Abdoulaye Wade. Mais au fil des ans, l'eau a commencé à devenir trop salée, la rendant imbuvable, même pour les animaux. Flexeau, une société chargée de la gestion du forage, avait tenté d'apporter une solution en installant des panneaux solaires et une nouvelle pompe, mais les résultats sont restés infructueux.

« Le village de Mbeuleup (ndlr : situé à 6 kilomètres) nous fournit de l'eau, mais il n'y en a pas assez. Parfois, nous devons veiller jusqu'à une heure du matin pour en obtenir, » explique Omar Cissé, porte-parole des villageois. D'autres creusent des puits, mais l'eau y est rare et de mauvaise qualité.

Des vies bouleversées

Ce manque d'eau potable ne touche pas seulement les foyers, il paralyse également l'activité agricole. « Nous ne pouvons plus cultiver en dehors de la saison des pluies. Nos terres fertiles sont inutilisées, » raconte Oumar Cissé. Cette situation affecte aussi la santé des habitants. « On met de l'eau de javel dans l'eau des puits pour tuer les microbes, mais cela provoque des maladies, » confie-t-il.

Face à cette situation désespérante, les villageois lancent un appel pressant au président Bassirou Diomaye Faye et au ministre de l'Hydraulique, Cheikh Tidiane Dieye. « Nous avons voté pour eux et nous gardons espoir qu'ils tiendront leurs promesses. Mais il faut agir vite. Cela fait trop longtemps que nous attendons, » plaide Omar Cissé.

Les tentatives de résolution du problème ont été jusqu'ici infructueuses. L'année dernière, des matériaux avaient été livrés pour creuser un nouveau puits-forage. Cependant, les travaux n'ont jamais commencé. Aujourd'hui, ces matériaux, recouverts de poussière, symbolisent les espoirs trahis.

Une solution attendue d'urgence

Le député de Mbirkilane, Samba Dang, a été informé de la situation et a promis de relayer leurs doléances. Cependant, les villageois attendent toujours des actions concrètes. « Nous avons parlé de ce problème à tous les politiciens, y compris notre député. L'année dernière, le maire est venu avec une équipe pour marquer l'emplacement d'un nouveau forage, mais rien n'a encore été fait. Nous sommes fatigués d'attendre, » déclare Omar Cissé.

Le forage actuel, construit en 1984, a besoin d’être entièrement rénové. « Le mètre cube d'eau nous coûte 250 francs, mais nous payons pour un service que nous n'avons pas, » déplore le chef du village Eh Hadji Cissé. L’absence de mesures concrètes aggrave l'exaspération des habitants.

Pour El Hadji Cissé, il est urgent que les nouvelles autorités interviennent. « Notre village est en souffrance. Le forage est inutilisable depuis trop longtemps. Nous voulons de l'eau. Pas demain, mais aujourd'hui. »

En attendant une réponse concrète, les habitants de Keur Mademba Gueye continuent de veiller près des puits la nuit, espérant trouver de quoi remplir leurs bidons. Mais l’espoir, comme l'eau, devient une ressource de plus en plus rare.

Ndeye Fatou Touré

Vendredi 3 Janvier 2025 - 14:57


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