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L’UA réclame le transfert du dossier d’Uhuru Kenyatta de La Haye vers Nairobi

A l’issue du sommet de l’Union africaine, l’une des décisions les plus marquantes concerne le président kényan Uhuru Kenyatta, poursuivi par la Cour pénale internationale, la CPI, pour son implication présumée dans les violences postélectorales de 2007, qui avaient fait plus de 1 000 morts. Lundi 27 mai, l’institution panafricaine a réclamé le transfert de ce dossier depuis La Haye, siège de la CPI, vers Nairobi, estimant que la justice kényane était désormais capable de le prendre en charge. Cette réclamation traduit l’irritation de nombreux pays africains, face aux nombreuses procédures touchant le continent, même si la majorité des enquêtes ont été ouvertes à la demande des Etats concernés.



Le président du Kenya Uhuru Kenyatta, lors de son discours à la nation en mars 2013. REUTERS/Presidential Press Service/Handout
Le président du Kenya Uhuru Kenyatta, lors de son discours à la nation en mars 2013. REUTERS/Presidential Press Service/Handout
Président en exercice de l’Union africaine, l’Ethiopien Hailemariam Desalegn a évoqué une chasse raciale pour qualifier le travail de la Cour pénale internationale, traduisant la fronde d’un continent qui a l’impression d’être le seul à être dans le collimateur. De fait, depuis 2003, une trentaine de personnes de huit pays ont été poursuivies, voire condamnées, et toutes sont africaines.
Pour concrétiser leur aigreur, les chefs d’Etat ont donc demandé à ce qu’Uhuru Kenyatta ne soit pas jugé par la CPI, mais dans son pays, le Kenya. Seuls le Botswana, qui avait pris une part active à la rédaction du statut de Rome, et la Gambie, pays d'origine de la procureure générale de la CPI, ont émis des réserves à cette décision.
Uhuru Kenyatta doit être jugé à partir du 9 juillet à La Haye. Il est soupçonné d’avoir participé à l’organisation des violences postélectorales de 2007. Mais depuis, il a été élu président, s’alliant même avec William Ruto, qui n’appartenait pourtant pas au même camp à l’époque et qui est lui aussi poursuivi.
Selon l’Union africaine, la justice kényane a été suffisamment réformée, et elle serait donc désormais capable de prendre en charge ces procès. Et même si elle affirme sa volonté de lutter contre l’impunité, elle explique aussi qu’il est nécessaire de respecter la volonté du peuple qui a finalement choisi Kenyatta par la voie des urnes.

 

Autre dossier brûlant lors du sommet de l'Union africaine, la question de la sécurité sur le continent. Les dirigeants africains ne veulent plus vivre sur le « continent SOS ». Au contraire, ils veulent prendre leur destin en main. Le président guinéen Alpha Condé a d'ailleurs parfaitement résumé le sentiment général qui régnait à Addis-Abeba, par cette petite phrase : « Nous sommes reconnaissants à la France pour ce qu’elle a fait au Mali, mais pour nous c’est humiliant. »
Pendant des années, les chefs d’Etat africains ont en effet cru dans le projet d’une force africaine en attente, mais c’est un échec. Alors aujourd’hui, l’affaire malienne crée un déclic et l’Union africaine lance l’idée d’un dispositif à la fois plus souple et plus réactif. D’où cette initiative : mettre sur pied une force d’intervention rapide qui agira en cas d’urgence, comme au Mali. Une force qui sera composée d’unités envoyées par des pays volontaires. Trois pays ont déjà dit oui: l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et l’Ouganda.
Dans combien de temps cette force sera-t-elle opérationnelle ? On y verra plus clair les 6 et 7 décembre prochain, lors du sommet pour la sécurité en Afrique, que la France propose d’organiser à Paris. Samedi dernier, quand François Hollande a annoncé cette conférence lors d’un discours à Addis-Abeba, plus d’un Africain s’est montré surpris : pourquoi à Paris et pas en Afrique ? Mais aux dernières nouvelles,  les dirigeants africains, y compris la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, approuvent l'idée de cette rencontre.


Mardi 28 Mai 2013 - 14:13


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