Ils sont peut-être 300 à crier, chanter et surtout prier pour qu’Ebola disparaisse. Les croyants viennent écouter les sermons du révérend Clarence Paye Junior. Selon le pasteur, le virus a renforcé la ferveur. « Il pensent que seul Dieu peut régler ce problème. Personne n’a encore trouvé de solution. Donc les gens cherchent une intervention divine. Tout cela est très humain, explique le révérend. Quand on affronte une tragédie, on cherche un refuge. C’était pareil au temps de la guerre civile. Les gens venaient ici pour chercher la sécurité. Mais aujourd’hui, l’ennemi est invisible. Il est plus dangereux que les balles. »
Le révérend est ingénieur de formation. Il a donc gardé un peu d’esprit cartésien : « Je suis un scientifique, je crois en la médecine. Si quelqu’un est malade, après la prière je l’emmène à l’hôpital. Dieu nous a donné les connaissances médicales pour survivre. Donc c’est l’homme qui vous traite, mais au final c’est Dieu qui guérit.»
Ezechiel Glasgow est dans le public. Depuis l’arrivée d’Ebola, il va à l’église trois fois par semaine. « Les mouvements ont été réduits. On ne va plus voir nos familles. Moi, je me sens plus en sécurité dans l’église qu’à l’extérieur », dit-il.
Mais quelle sécurité dans une telle foule ? Pour faire face au virus, beaucoup de rassemblements sont interdits. Les églises, elles, ne désemplissent pas.
« Je pensais qu'Ebola n'existait pas »
Notre envoyé spécial poursuit ses reportages au plus grand camp de traitement d’Ebola du monde, le plus sûr de tout le Liberia, à Monrovia.
Cézé Mova enlève ses gants, bottes, masque, pas à pas. En théorie immunisé depuis sa guérison, il continue à utiliser une protection maximale. L’homme revient de la zone rouge, où vivent les malades confirmés. Fin août, il était à leur place, agonisant.
« Un jour j’ai ressenti une violente douleur à la tête », se souvient-il. « J’ai commencé à vomir. On m’a d’abord dit que c’était la malaria. Puis on m’a testé positif pour Ebola. On disait que le virus tuait tout le monde. J’étais certain de mourir. Alors j’ai pleuré. Avant, je pensais qu’Ebola n’existait pas. Je croyais qu’en buvant de la bière Guinness, je serais protégé du virus, que je ne serais jamais malade. C’est ce que je croyais. »
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