Paris ne pouvait rêver mieux. En prenant en otage 41 ressortissants occidentaux sur un site gazier en Algérie, un groupe islamiste lié àal-Qaida et réclamant le retrait des troupes françaises au Mali a malgré lui rendu un fier service à la France, en la sortant de son isolement sur le Mali. Mercredi, le groupe islamiste armé les "Signataires par le sang", nom de la katiba (unité combattante) de l'Algérien Mokhtar Belmokhtar, un ancien chef d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), a revendiqué avoir pris d'assaut le site gazier d'In Amenas, dans le centre-est de l'Algérie, exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l'algérien Sonatrach.
"Il s'agit clairement d'un tournant", estime Mathieu Guidère (1), professeur d'islamologie à l'université de Toulouse Le Mirail. "Alors qu'ils possédaient jusqu'ici un agenda local - instaurer la charia au Mali -, les djihadistes ciblent désormais les intérêts économiques des pays occidentaux dans la région." Pour l'islamologue, "leur calcul est d'attirer dans la région tous les djihadistes du monde entier contre les intérêts des "chrétiens croisés" dans les pays musulmans, comme en Irak, et en Afghanistan".
D'autres attentats à venir
"Il y aura d'autres attentats contre les intérêts occidentaux en Afrique, mais peut-être aussi dans des pays européens", prédit François Géré (2), directeur de l'Institut français d'analyse stratégique (Ifas). "Cela va forcer ce pays à vouloir en éradiquer la cause sur le terrain", ajoute l'expert. Un incident qui va sans conteste peser sur l'exposé que va présenter ce jeudi à Bruxelles Laurent Fabius aux autres ministres européens des Affaires étrangères, dans le but de recevoir davantage de soutien de leur part.
"Cette prise d'otages sert évidemment les intérêts de la France", juge François Géré. "Elle représente un argument supplémentaire pour obliger les autres pays européens à reconsidérer l'ampleur et la rapidité de leur soutien." En effet, les sept premiers jours de l'opération française Serval au Mali ont été marqués par le silence "assourdissant" des partenaires européens de Paris. Comme le rappelait mardi au Parlement de Bruxelles le député vert Daniel Cohn-Bendit à la chef de la diplomatie du Vieux Continent, Catherine Ashton, "c'est un peu comme si on disait aux Français : on vous donne des infirmières, et allez vous faire tuer au Mali".
Soutien très limité de l'Europe
Pourtant, interrogé le même jour lors de son déplacement aux Émirats arabes unis, François Hollande assurait que son action, déjà légitimée par le Conseil de sécurité de l'ONU, bénéficiait de l'appui de l'Europe. "Les pays européens ont tous prodigué leur soutien et ont même apporté une aide matérielle", a-t-il indiqué mardi à Dubaï, lors d'une conférence de presse. "Le Premier ministre britannique David Cameron a été le premier à fournir un ravitailleur, et d'autres pays comme le Danemark et la Belgique ont suivi", a-t-il ajouté.
"Ce soutien logistique existe, admet François Géré, mais il demeure très limité, notamment au vu des forces britanniques présentes en Afrique." Mais la mort d'un otage britannique, confirmée jeudi par le Foreign Office (en plus de celle d'un otage algérien), risque de changer la donne. "Étant obligé de tenir compte de son opinion publique, David Cameron pourrait envisager une participation accrue, ce qui peut aller jusqu'à l'envoi de militaires, d'autant plus que Londres possède des soldats en Afrique", estime le directeur de l'Ifas.
"Pas de guerre française"
Pourtant, d'après Mathieu Guidère, "en attaquant le site gazier algérien, les djihadistes ignoraient la nature des entreprises et employés présents sur place". "Étant donné la nationalité des otages, poursuit l'islamologue, ils ont de fait internationalisé le conflit malien." Un constat indéniable qu'a tenu à rappeler jeudi Christian Rouyer, ambassadeur de France au Mali. "Certains en France ont pu douter de cette dimension, je crois que nous avons la preuve flagrante que ce problème dépasse la situation du simple Nord-Mali", a-t-il déclaré sur France Inter.
En effet, outre des ressortissants britanniques, japonais, algériens, norvégien, irlandais, autrichiens et peut-être français, figurent parmi les otages du site d'In Amenas sept Américains, dont le pays possède une grande base militaire à Djibouti (Corne de l'Afrique). D'ailleurs, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, n'a-t-il pas assuré mercredi soir que les opérations militaires en cours au Maline représentaient pas une guerre française ?
"Il s'agit clairement d'un tournant", estime Mathieu Guidère (1), professeur d'islamologie à l'université de Toulouse Le Mirail. "Alors qu'ils possédaient jusqu'ici un agenda local - instaurer la charia au Mali -, les djihadistes ciblent désormais les intérêts économiques des pays occidentaux dans la région." Pour l'islamologue, "leur calcul est d'attirer dans la région tous les djihadistes du monde entier contre les intérêts des "chrétiens croisés" dans les pays musulmans, comme en Irak, et en Afghanistan".
D'autres attentats à venir
"Il y aura d'autres attentats contre les intérêts occidentaux en Afrique, mais peut-être aussi dans des pays européens", prédit François Géré (2), directeur de l'Institut français d'analyse stratégique (Ifas). "Cela va forcer ce pays à vouloir en éradiquer la cause sur le terrain", ajoute l'expert. Un incident qui va sans conteste peser sur l'exposé que va présenter ce jeudi à Bruxelles Laurent Fabius aux autres ministres européens des Affaires étrangères, dans le but de recevoir davantage de soutien de leur part.
"Cette prise d'otages sert évidemment les intérêts de la France", juge François Géré. "Elle représente un argument supplémentaire pour obliger les autres pays européens à reconsidérer l'ampleur et la rapidité de leur soutien." En effet, les sept premiers jours de l'opération française Serval au Mali ont été marqués par le silence "assourdissant" des partenaires européens de Paris. Comme le rappelait mardi au Parlement de Bruxelles le député vert Daniel Cohn-Bendit à la chef de la diplomatie du Vieux Continent, Catherine Ashton, "c'est un peu comme si on disait aux Français : on vous donne des infirmières, et allez vous faire tuer au Mali".
Soutien très limité de l'Europe
Pourtant, interrogé le même jour lors de son déplacement aux Émirats arabes unis, François Hollande assurait que son action, déjà légitimée par le Conseil de sécurité de l'ONU, bénéficiait de l'appui de l'Europe. "Les pays européens ont tous prodigué leur soutien et ont même apporté une aide matérielle", a-t-il indiqué mardi à Dubaï, lors d'une conférence de presse. "Le Premier ministre britannique David Cameron a été le premier à fournir un ravitailleur, et d'autres pays comme le Danemark et la Belgique ont suivi", a-t-il ajouté.
"Ce soutien logistique existe, admet François Géré, mais il demeure très limité, notamment au vu des forces britanniques présentes en Afrique." Mais la mort d'un otage britannique, confirmée jeudi par le Foreign Office (en plus de celle d'un otage algérien), risque de changer la donne. "Étant obligé de tenir compte de son opinion publique, David Cameron pourrait envisager une participation accrue, ce qui peut aller jusqu'à l'envoi de militaires, d'autant plus que Londres possède des soldats en Afrique", estime le directeur de l'Ifas.
"Pas de guerre française"
Pourtant, d'après Mathieu Guidère, "en attaquant le site gazier algérien, les djihadistes ignoraient la nature des entreprises et employés présents sur place". "Étant donné la nationalité des otages, poursuit l'islamologue, ils ont de fait internationalisé le conflit malien." Un constat indéniable qu'a tenu à rappeler jeudi Christian Rouyer, ambassadeur de France au Mali. "Certains en France ont pu douter de cette dimension, je crois que nous avons la preuve flagrante que ce problème dépasse la situation du simple Nord-Mali", a-t-il déclaré sur France Inter.
En effet, outre des ressortissants britanniques, japonais, algériens, norvégien, irlandais, autrichiens et peut-être français, figurent parmi les otages du site d'In Amenas sept Américains, dont le pays possède une grande base militaire à Djibouti (Corne de l'Afrique). D'ailleurs, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, n'a-t-il pas assuré mercredi soir que les opérations militaires en cours au Maline représentaient pas une guerre française ?
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