Admis en urgence le 8 juin, le père de la jeune démocratie sud-africaine Nelson Mandela doit fêter son 95e anniversaire dans moins de trois semaines. Il est toujours dans un état critique, sous assistance respiratoire, quoiqu’en légère amélioration depuis jeudi.
La présidence sud-africaine, contactée par l’AFP, n’a fait état d’aucun changement lundi matin tandis que le président Obama s’envolait pour la Tanzanie, troisième étape d’une tournée africaine entamée mercredi dernier au Sénégal.
Préoccupé par la poussée chinoise sur un continent à la démographie prometteuse faisant figure de nouvelle frontière pour les industriels, M. Obama a annoncé sa volonté d'«ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre les Etats-Unis et l’Afrique», plaidant pour un partenariat d’égal à égal cher aux dirigeants africains même si l’aide humanitaire reste souvent cruciale.
M. Obama a convié les dirigeants d’Afrique sub-saharienne à un sommet à Washington en 2014 dont le format rappelle fortement le forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) organisé chaque année par Pékin depuis dix ans.
Pour cette première et tardive grande tournée africaine depuis son arrivée à la Maison Blanche en 2008, le président américain, lui-même d’origine kenyane par son père, a fait étape dans les mêmes pays que son homologue chinois, Xi Jinping en mars.
A une différence près mais de taille: le président américain a entamé son périple au Sénégal, un pays montré en exemple pour sa vitalité démocratique, quand M. Xi s’était lui arrêté au Congo-Brazzaville.
Si l’hospitalisation de Nelson Mandela n’a pas bouleversé l’emploi du temps de Barack Obama, elle s’est toutefois imposée comme le principal fil conducteur de ses trois jours de visite en Afrique du Sud, et l’a conduit à rencontrer la famille Mandela.
L’état stationnaire de Nelson Mandela a épargné au déplacement d’Obama une tonalité et une humeur par trop sombres et funèbres.
Au contraire, Barack Obama a pu longuement exalter les valeurs communes de l’engagement de chacun au service de la société, l’unissant à l’ancien premier président noir sud-africain.
En 2009, M. Obama avait humblement souligné qu’il ne se sentait pas comparable à Nelson Mandela ou mère Teresa, lauréats avant lui du prix Nobel de la paix.
Sur le livre d’or de l’ancien bagne devenu musée où Nelson Mandela a passé 18 de ses 27 années de prison, M. Obama a exprimé tout son respect, puisant dans le souvenir des années 70 où jeune étudiant il militait pour la libération du plus célèbre prisonnier de l’apartheid: «Au nom de notre famille, c’est emplis d’une profonde humilité que nous nous nous tenons ici, où des hommes d’un tel courage ont fait face à l’injustice et refusé de plier».
M. Obama a aussi profité rencontré avec un autre héros de la lutte anti-apartheid à l’humour revigorant, l’archevêque noir Desmond Tutu, 81 ans.
«Nous ne sommes pas ici pour nous lamenter ...mais pour nous souvenir de certains de nos moments les plus précieux. Nous sommes ici pour rendre hommage», a déclaré Desmond Tutu.
Desmond Tutu est l’une des voix les plus critiques de la politique de rapprochement avec la Chine de l’actuel chef de l’Etat sud-africain Jacob Zuma, accusé en 2011 de faire «pire que l’apartheid» pour avoir empêché le dalaï lama de venir.
Devant la clinique de Pretoria où Mandela est soigné, la grille d’entrée continuait lundi d’aimanter le commun des Sud-Africains désireux de communier par la pensée avec un Mandela toujours alité et invisible, sauf pour le cercle familial, même s’ils se faisaient moins nombreux que la semaine dernière.
«Il fait partie de nous et nous faisons partie de lui. S’il n’avait pas existé, nous n’aurions pas cette liberté aujourd’hui. Nous sommes donc très touchés par son état de santé et nous savons que notre présence signifie beaucoup pour lui», expliquait Jabu Nkosi, 32 ans, revenu pour la troisième fois en quelques jours.
Aucun bulletin de santé délivré par la présidence ne donne de détail médical concernant Mandela, obligeant les médias à se livrer à une difficile exégèse des rares déclarations de la famille, qui a déclaré la semaine dernière qu’elle le veillerait jusqu’à son dernier souffle.
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